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Surfrider contre les plages fantômes

Le 29 juin dernier, la fondation Surfrider présentait une étude sur le délistage de certaines plages en Europe : des zones de baignade retirées des listes officielles sans justification. Cette méthode illégale serait utilisée pour éviter à certaines communes de voir leurs plages classées en zone de mauvaise qualité.
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Cet été, vous tomberez peut-être sur une plage fantôme. Une plage qui existe bel et bien mais qui ne figure plus au recensement officiel de la Commission européenne. De fait, ces plages délistées ne sont plus contrôlées. Elles échappent ainsi aux réglementations en vigueur et les usagers ne sont plus informés de la qualité de l'eau de baignade. En dix ans, ce sont 1280 plages qui ont disparu en Europe, dont 151 en France.

Surfrider, qui œuvre pour la protection de la mer, compte étudier les raisons de ces délistages et "ce qu'il s'est vraiment passé avant de publier la liste" comme l'explique Olivier Barrière, responsable de l'environnement. Selon lui, il y aurait eu des omissions volontaires pour cacher des plages polluées. Supprimer une plage de la liste officielle permet en effet, selon la fondation, d'obtenir un meilleur classement et d'éviter les contrôles des services de l'État et de l'Europe. "La réglementation n'autorise pas une fermeture définitive pour problème de contamination. Le gestionnaire a pour obligation d'engager un certain nombre de travaux pour améliorer la qualité des eaux littorales" précise Olivier Barrière. Les listages permettraient ainsi de contourner cette réglementation.

A Bidart, dans le Pays Basque, personne ne sait qui a supprimé l'une des plus belles plages de la région, Ouhabia. Étonné, Christian Barrague, adjoint au maire, ne comprend pas une telle décision. Selon lui, Ouhabia est une plage "ouverte" et "surveillée", même si elle est "sujette à la pollution en cas de mauvais temps".

Surfrider espère que la nouvelle directive européenne de 2015 permettra "une démarche plus globale, et permettra d'engager des politiques littorales plutôt que des fermetures de plage". Mais elle crains que d'ici-là, la qualité de nombreuses eaux de baignade en Europe ne soit plus compatible avec ces nouvelles normes qui seront plus sévères que celles actuellement appliquées. De nombreux autres sites de baignades pourraient alors être radiés des listes pour échapper aux sanctions de la Commission européenne.

L'association compte mettre la lumière sur les conditions officielles de suppression des listes et rendra les résultats de son enquête à l'automne.

Marianne Simon

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