Un entraînement plus vrai que nature au centre militaire de Sissonne
Au coeur des 6.000 hectares de la base militaire de Sissonne est érigée une petite ville équivalente à une cité de 5.000 habitants. On y trouve des immeubles, une église, un supermarché, des entrepôts, une gare, un quartier pavillonnaire. Le pont au-dessus de la rivière fait penser à celui de Mostar et, clin d'oeil à Sarajevo, les anneaux olympiques ornent même le centre sportif.
C'est dans ce gros village que les militaires font leurs entraînements, grandeur nature. Ils luttent contre un ennemi qui veut s'emparer de la zone. Pour l'exercice, le Sergent Fabrice, vêtu de noir, fait partie des troupes ennemies : "On se cache à l'intérieur des bâtiments comme si on était une autre armée. Des fois on piège les bâtiments, portes, fenêtres etc ... "
Et comme si le combat était réel, les militaires jouent l'exercice. Il faut protéger la population de la ville. Les tirs sont nourris. Même s'il s'agit de cartouches à blanc et non de balles réelles, on s'y croirait.
Par toutes ces simulations, les hommes des différentes armées apprennent à travailler ensemble, les fantassins, les cavaliers, les artilleurs... D'importants moyens sont mobilisés : hélicoptères, chars Leclerc, drones... Les forces spéciales interviennent également. En ville, le danger est partout.
"Du moment que vous entrez dans une zone urbaine, tout est cloisonné : par des rues, par des façades, par des sous-sols, par des niveaux différents. Le danger, il est partout. Tout ce que nous faisons, nous le faisons en inter-armées, c'est à dire que le fantassin n'évolue jamais seul. Il évolue avec le char du cavalier, avec l'appui de l'artilleur. Le but est d'améliorer la performance en favorisant la polyvalence." (capitaine Laurent, instructeur au Cenzub)
Entraînement avant le Mali ou la République centrafricaine
Les militaires qui combattent actuellement en République centrafricaine ou au Mali sont venus s'entrainer à Sissonne avant de partir. A priori, cela peut paraître paradoxal d'imaginer un lien entre les montagnes du Mali et des immeubles HLM. Mais selon le lieutenant-colonel Forestier, qui commande le Cenzub, l'assaut d'une grotte présente de fortes similitudes avec l'assaut d'un bâtiment urbain.
"Nos camarades qui ont combattu au Mali ont restitué des savoirs-faire qu'ils avaient appris ici, des savoirs-faire de combat en zone confiné e", explique le lieutenant-colonel.
"On engage l'adversaire à très courte distance, donc la portée des armes est réduite, l'observation est tronquée, déceler l'ennemi est très compliqué. Donc cela nécessite un enseignement particulier comme celui qui est enseigné ici au Cenzub" (lieutenant-colonel Forestier, commandant du Cenzub)
Au total, 17.000 à 20.000 soldats viennent se former chaque année au centre de Sissonne, un chiffre qui a diminué de moitié en 2015 à cause de l'opération Sentinelle. Depuis les attentats de janvier, 7.000 soldats de l'armée de terre sont mobilisés en permanence pour assurer la sécurité sur le territoire français. D'où l'opération de recrutement de 11.000 hommes qui est actuellement en cours... 5.000 doivent être embauchés d'ici la fin de l'année et 6.000 l'an prochain.
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