Le restaurateur qui avait "plaisanté" à propos du GHB sur une pancarte a été relaxé
Le Collectif féministe contre le viol et la Fondation des femmes ont regretté cette décision, rappelant que 95 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol en France chaque année.
Le restaurateur des Hauts-de-Seine, qui avait "plaisanté" sur la "drogue du violeur" sur une ardoise posée devant son restaurant, a été relaxé mardi 5 novembre par le tribunal correctionnel de Nanterre. L'accusation d'incitation à la commission d'un crime n'a pas été retenue, conformément à ce qu'avait requis le ministère public. "Tout ça pour ça...", a réagi le commerçant auprès de l'AFP. "J'ai toujours eu ma conscience pour moi. J'ai fait une erreur, j'ai assumé", a-t-il poursuivi. "J'ai fait mon maximum pour retourner la vapeur, mais non, ça n'a pas suffi. Des deux côtés, on a perdu plusieurs mois de notre vie."
Le 24 janvier, ce propriétaire d'une brasserie de Rueil-Malmaison avait affiché sur Facebook : "Mon secret séduction tient en trois mots : gentillesse, humour, bagou. Si ça ne marche pas ? Je me contente des trois premières lettres." Une jeune habitante de Rueil, "choquée" en découvrant l'affiche et elle-même victime de cette drogue un an plus tôt, s'était insurgée sur Twitter, estimant que cette pancarte était une incitation à l'utilisation du GHB. Elle avait également demandé au maire de faire retirer l'ardoise – ce qu'il avait fait. Le restaurateur avait imméditement supprimé son message des réseaux sociaux.
"La culture du viol peine encore à être condamnée"
Le Collectif féministe contre le viol (CFCV) avait porté plainte dans la foulée pour "provocation non suivie d'effet au crime ou délit par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique". Sophie Soubiran, l'avocate du collectif, a jugé que cette décision était "regrettable". "Les juges ont considéré qu'il n'y avait pas d'éléments suffisants pour démontrer que Monsieur avait pour intention de créer un état d'esprit propre à favoriser la commission de l'infraction", a-t-elle précisé après avoir pris connaissance des motivations du tribunal.
"La culture du viol peine encore à être condamnée par la justice française", ont commenté le Collectif féministe contre le viol et la Fondation des femmes dans un communiqué commun. Les deux associations "regrettent" ce jugement qui "va à rebours des précédentes jurisprudences françaises en matière de reconnaissance des violences sexistes et sexuelles", alors que "95 000 femmes sont victimes de viol ou de tentatives de viol en France chaque année".
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