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Quatre questions sur le meurtre d'une femme à Cagnes-sur-Mer, considéré comme le 100e féminicide conjugal de l'année

Alors que le gouvernement a lancé, mercredi, un Grenelle des violences conjugales, franceinfo fait le point sur cette affaire qui a déclenché deux enquêtes de l'IGPN.

Article rédigé par franceinfo
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Une femme dépose des fleurs à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), le 1er septembre 2019, en hommage à Salomé, 100e femme tuée par son compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l'année en France. (VALERY HACHE / AFP)

Il s'agit du 100e féminicide conjugal depuis le début de l'année, selon le décompte du collectif #NousToutes. Salomé, une jeune femme de 21 ans, a été retrouvée morte et défigurée, samedi 31 août, à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

D'après les témoignages de plusieurs voisins, elle aurait été tuée par son compagnon au cours d'une agression extrêmement violente survenue dans la rue, en pleine nuit. Alors que le gouvernement lance, mardi 3 septembre, un Grenelle des violences conjugales, franceinfo fait le point sur l'enquête. 

1Que s'est-il passé ?

Le corps d'une jeune femme a été découvert, samedi 31 août, en début d'après-midi, à proximité de la gare de Cagnes-sur-Mer. La dépouille avait été ensevelie sous un tas d'ordures, des branchages et une vieille couette, indiquent France Bleu Azur et Nice-Matin (article payant). C'est un riverain qui a alerté la police, après avoir aperçu un pied qui dépassait.

Le corps a été retrouvé tuméfié et couvert d'ecchymoses, rendant d'abord son identification impossible. La victime portait quelques vêtements, mais n'avait ni papiers, ni téléphone, ni signe distinctif sur elle. Elle a finalement été identifiée : elle s'appelait Salomé et avait 21 ans.

Une autopsie doit avoir lieu mercredi, mais, pour la police, l'hypothèse d'une mort violente et non naturelle ne fait aucun doute. Une enquête a été ouverte par le parquet de Grasse et confiée à la Sûreté départementale. Le compagnon de la jeune femme a été interpellé dimanche, en début d'après-midi. Une information judiciaire a été ouverte mardi pour "meurtre par concubin", a appris franceinfo auprès du parquet. L'hypothèse du féminicide conjugal est donc confirmée. La garde à vue du suspect a été levée mardi et il doit être déféré dans la journée devant la juge d'instruction. Le parquet a requis le placement en détention provisoire.

2Comment la victime a-t-elle été tuée ? 

Plusieurs témoins ont raconté avoir assisté au meurtre. La scène s'est déroulée autour de 1 heure du matin dans la nuit de vendredi à samedi. Interrogé par Nice-Matin, un jeune homme de 19 ans raconte avoir "tout vu du massacre". Il décrit d'abord une altercation entre une jeune femme et un homme "grand et torse nu". "Elle vidait son sac et ça lui a pas plu, affirme-t-il. Il s'en est pris à elle, il l'a frappée contre le mur. Il l'a piétinée sur le ventre, sur la tête. Elle était inanimée (…). Il lui a écrasé la tête." 

Le témoin dit avoir tenté de s'interposer. "[L'agresseur] m’a menacé de me planter et m’a même dit qu’il avait un gun [une arme à feu]", relate-t-il dans Nice-Matin. Le jeune homme est alors rentré chez lui et sa mère a appelé la police, selon son récit. 

Une autre habitante de Cagnes-sur-Mer, interrogée par France Bleu Azur, livre un récit glaçant : "Il l'a battue à mort, il sautait sur elle comme sur un trampoline", affirme-t-elle. 

J'étais en contact avec la police, je leur expliquais tout en leur disant 'mais là c'est fini, mais vous êtes où ? Mais enfin, là, je ne la vois plus, elle est morte cette petite, elle est morte, elle est morte'.

Une habitante de Cagnes-sur-Mer

à France Bleu Azur

Quand les policiers sont finalement arrivés sur place, ils ont cherché un couple en train de se disputer sur la voie publique. En vain. D'après Nice-Matin, deux patrouilles de la police municipale et de la brigade anticriminalité se sont déplacées, mais n'ont rien trouvé à signaler. 

3Que sait-on du suspect ? 

Il s'agit du petit ami de la victime. Né en 1993, il a été interpellé au lendemain de la découverte du corps. L'arrestation a eu lieu grâce à différents témoignages et à l'exploitation des images de vidéosurveillance, qui ont permis aux enquêteurs de remonter jusqu'à son domicile. "L'individu interpellé semble correspondre aux images des caméras de vidéosurveillance de la ville sur lesquelles on le voit se disputer avec la victime", a confirmé le parquet de Grasse.

Le suspect a, lors de sa garde à vue, "contesté être l'auteur des violences et a prétendu avoir quitté les lieux après la dispute" avec sa compagne. "L'expertise psychiatrique à laquelle il a été soumis n'a révélé aucune pathologie mentale", ajoute le parquet, précisant que cet homme de 26 ans présente un casier judiciaire vierge.

4Pourquoi l'IGPN a-t-elle été saisie ?

La police des polices a été saisie, lundi, pour déterminer les "conditions d'intervention des effectifs de police" à Cagnes-sur-Mer, le soir où la victime a été tuée, explique un porte-parole de la police. Selon le parquet, des riverains témoins de l'agression avaient alerté la police, mais la patrouille dépêchée sur place "n'avait trouvé aucun élément relatif" à l'agression.

Pourtant, plusieurs témoins affirment avoir appelé la police pendant l'agression et l'avoir alertée sur la gravité des faits. "Je suis restée avec eux au téléphone jusqu'à ce que la jeune se fasse assassiner. Il l'a battue à mort", explique une témoin à France Bleu Azur. Elle dénonce la lenteur et l'inefficacité de la police. 

Elle regrette également qu'une fois sur place, la police n'ait pas suffisamment cherché pour retrouver le corps de la victime. "Tout ça en nous disant à la fin : 'Non non, il n'y a rien, il n'y a rien'. Ils n'ont retrouvé le corps que le lendemain", déplore-t-elle. Mardi, une seconde enquête de l'IGPN a été ouverte pour "non-assistance à personne en danger", a appris franceinfo de source proche de l'enquête.

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