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Rassemblement au bois de Boulogne en hommage à Vanesa Campos, prostituée transgenre, tuée il y a un an

Une cinquantaine de personnes ont défilé au bois de Boulogne pour honorer la mémoire de Vanesa Campos, prostituée transgenre, tuée il y a un an alors qu'elle cherchait à protéger un client de voleurs.

 

Article rédigé par Ariane Griessel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une cinquantaine de personnes marchent pour rendre hommage à Vanesa Campos, prostituée transgenre, tuée il y a un an au Bois de Boulogne. (ARIANE GRIESSEL / RADIO FRANCE)

Une marche a été organisée samedi 17 août après-midi pour rendre hommage à Vanesa Campos, prostituée transgenre, tuée il y a un an, au bois de Boulogne, à Paris. Une cinquantaine de personnes se sont réunies, principalement des travailleurs du sexe, à l’initiative du Strass (Syndicat du travail sexuel) et l’association Acceptess-T. Les organisations d'aide aux prostituées dénoncent la loi de 2016 qui pénalise les clients : pour elles, c'est la cause de l'insécurité qui menace aujourd'hui les travailleuses du sexe.

En tête de cortège, les personnes présentes à cette marche portaient une banderole : "Un an que Vanesa Campos a été assassinée. Gouvernement complice". D’autres brandissent des pancartes dénonçant le "silence complice de Marlène Schiappa", la secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes. Vanesa Campos, 36 ans, était originaire du Pérou. Arrivée en France en 2016, elle avait reçu une balle en plein thorax, dans la nuit du 16 au 17 août, alors qu'elle tentait de protéger un client.

La clandestinité fait courir des risques aux prostituées

L'homme soupçonné d'avoir tué Vanessa Campos est en prison, mais pour les manifestants, les responsables sont aussi à chercher du côté du gouvernement, et de la loi sur la prostitution de 2016. Depuis que les clients encourent une amende pour avoir recours à la prostitution, beaucoup d'entre eux jugent que, puisqu'ils prennent des risques, ils ont désormais tous les droits, et les prostituées doivent répondre à toutes leurs exigences. "On négocie beaucoup plus le préservatif, notre rémunération, témoigne Amar, secrétaire générale du Strass et escort girl. 

Récemment, j’ai été agressée sexuellement par un de mes clients. Il refusait de porter le préservatif. Ce sont des conditions difficiles. On a de moins en moins de pouvoir, d’ascendant.

Amar

Mais beaucoup de travailleurs du sexe tiennent à préciser que le plus souvent, les agresseurs ne sont pas des clients mais des personnes qui profitent du fait que l'activité s'exerce désormais dans la clandestinité. "Avec cette loi de pénalisation, les filles sont obligées de se cacher, de s’isoler, pour éviter que les clients se fassent interpeller par la police, ce qui fait que là, les agresseurs peuvent venir plus facilement, affirme Diane Leriche, coordinatrice de l'association Acceptess-T. Là où a été assassinée Vanesa l’année dernière, il y a trois ans, personne n’aurait été faire du travail du sexe à cet endroit-là, parce que c’est hyper dangereux." 

Une dizaine d'agressions cet été au bois de Boulogne

La marche se termine là où Vanesa Campos a été tuée, un lieu effectivement à l'écart des routes principales, sans éclairage ni passage. Ravané a travaillé trois ans dans le bois de Boulogne, et elle a noté un changement après la loi pénalisant les clients. "Il y a plus d’agressions, la police s’occupe de faire des amendes, pas de la sécurité. Ici au bois de Boulogne, on est complètement exposés aux violences," assure-t-elle.  

Cet été, en un mois et demi, le Strass a recensé une dizaine d'agressions extrêmement violentes de prostituées dans le bois de Boulogne et ses alentours. Quatre femmes transgenres ont été frappées à la mâchoire à coups de barres de fer pour avoir exigé d’être payées, et une jeune femme roumaine a été poignardée car son agresseur voulait lui voler l’argent qu’elle avait gagné. 

Le reportage d'Ariane Griessel

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