Athlétisme : Wilfried Happio accusé de violences conjugales par une ancienne compagne, la Fédération saisit la justice

"Il m'a mis un énorme coup de poing dans la tête." Dans une enquête du journal Le Monde publiée mercredi 17 juillet, une ancienne petite amie de Wilfried Happio, spécialiste français du 400 m haies engagé à Paris 2024, l'accuse de violences conjugales. Elle envisage de porter plainte "sous peu" pour des faits de violences répétés entre 2018 et 2019, alors qu'ils entretenaient une relation depuis déjà un an. Anonyme, cette ex-athlète au niveau régional raconte au quotidien les "traumas" qu'elle a vécus à cette période. Au lendemain de cet entretien, la Fédération française d'athlétisme a annoncé saisir la justice, dans un communiqué transmis à l'AFP.

"Il a fini par me rentrer dans la cuisse à vélo", poursuit l'accusatrice du hurdler, avant de se remémorer d'autres moments : "Il m'a mis une énorme gifle avec ses chevalières parce qu'il ne supportait pas que je fume". Un soir de l'été 2018, cela a dégénéré, selon ses propos, alors que le couple était en Espagne pour des vacances. "Il a littéralement craqué", détaille la jeune femme, qui ne se souvient plus de tous les coups. Seulement du sang qui coulait de son nez et d'avoir feint un malaise "parce que la situation la dépassait".

Autant de faits que Wilfried Happio "conteste fermement sur le fond" par l'intermédiaire de son avocat, Anthony Mottais, contacté par franceinfo: sport, jeudi. Dans l'article du Monde, son ex-compagne explique ne pas avoir souhaité à l'époque les signaler à la Fédération française d'athlétisme (FFA) "par protection", pour éviter de briser la carrière du vice-champion d'Europe 2022.

Déjà visé par deux plaintes classées sans suite

Entre-temps, ce dernier a été visé par des plaintes de deux autres femmes. Une première en octobre 2020 de la triple sauteuse Janet Scott, avec qui il a eu une brève relation. Elle dénonçait alors des coups reçus sur le parking d'un fast-food en août de la même année. Il avait été rapidement été relaxé par la commission de discipline de la FFA, tandis que la plainte avait été classée sans suite un an plus tard, pour "infraction insuffisamment caractérisée". 

Dans le cadre de cette affaire, la jeune femme qui s'exprime dans Le Monde avait rédigé une attestation de témoin pour certifier que Wilfried Happio n'avait jamais été violent avec elle. Une action effectuée sous l'"emprise" de son ex-compagnon d'après elle. "Manifestement, les propos de cette jeune femme sont très contradictoires aujourd'hui", souligne Anthony Mottais, jugeant qu'elle avait établi ce document "librement pour lui envoyer en soutien".

En juin 2022, Wilfried Happio a ensuite été accusé d'agression sexuelle par une autre athlète de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) pour des faits remontant à septembre 2021. La plainte a une nouvelle fois été classée sans suite pour "infraction insuffisamment caractérisée" en février 2023. Le frère de la plaignante a été condamné pour avoir frappé le hurdler au visage lors des championnats de France de juin 2022.

Happio "souhaite se concentrer sur les Jeux"

L'entourage du Français de 25 ans "regrette" la publication de cet article à quelques jours du début des épreuves de Paris 2024. Selon son avocat, "Wilfried Happio souhaite uniquement se concentrer sur les Jeux olympiques. Il essaie de rester concentré et dans sa bulle". Pour l'heure, aucune plainte pour diffamation n'est à l'ordre du jour et l'athlète ne devrait pas faire de déclaration. 

De son côté, la FFA a lancé une procédure disciplinaire interne le visant pour "faire toute la lumière sur cette affaire". "Dans l'attente de la décision de justice, la FFA rappelle que Wilfried Happio est présumé innocent et qu'en conséquence, sa qualité de sélectionné pour les Jeux olympiques de Paris n'est pas remise en cause", précise-t-elle. Les séries du 400 m haies des JO sont programmées le 5 août.