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Bagarreur, impulsif, surdoué incompris… Qui est vraiment Mahiedine Mekhissi ?

L'athlète français a été disqualifié à Zurich pour avoir enlevé son maillot avant la ligne d'arrivée du 3 000 m steeple.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mahiedine Mekhissi après sa victoire et avant sa disqualification sur le 3 000 m steeple à Zurich (Suisse) lors des championnats d'Europe, le 14 août 2014. (PHILIPPE MILLEREAU / DPPI MEDIA / AFP)

"Il n'y avait aucune arrogance envers mes adversaires et le public", écrit Mahiedine Mekhissi-Benabbad sur sa page Facebook, après l'annonce de sa disqualification malgré sa première place en finale des championnats d'Europe d'athlétisme, jeudi 14 août. Sur une réclamation des Espagnols, le coureur a été sanctionné pour avoir retiré son dossard dans la dernière ligne droite de la course, une attitude contraire au règlement et "anti-sportive", selon les mots d'un juge au micro de France 2.

Délesté d'une médaille d'or, le champion déchu n'a pas caché sa déception, jeudi soir : "Je ne sais pas si je vais prendre le départ du 1 500 m demain matin, je n'ai pas le moral". Mais finalement, il a bien couru, et s'est qualifié pour la finale, quoi doit avoir lieu vendredi soir. 

Sur les réseaux sociaux, ses soutiens, indignés par la décision des juges, affrontent ses détracteurs. Il faut dire que depuis six ans, Mahiedine Mekhissi accumule les polémiques. Francetv info revient sur ce parcours qui alterne coups d'éclat et coups de poing.

La "cicatrice" de Pékin

Aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008, Mahiedine Mekhissi est encore un inconnu. Pourtant, sous le regard médusé des spécialistes, il parvient à décrocher la médaille d'argent du 3 000 m steeple entre deux Kenyans, les traditionnels experts de ce genre de distance. Une progression fulgurante qui laisse perplexes les commentateurs, y compris dans la délégation tricolore.

Sans preuves, des accusations de dopage sont formulées à demi-mot, comme le relate L'Express. La froideur avec laquelle le clan français a accueilli cette performance et les déclarations de cadres techniques de la Fédération française d'athlétisme sèment le doute sur la performance de Mekhissi. Injuste, car le sportif n'a jamais été contrôlé positif lors d'un contrôle antidopage. 

Mekhissi gardera un souvenir amer de cet épisode, comme il le confie en 2012 au Monde : "Quand tu ramènes des médailles pour ton pays et que tu apprends qu'on te taille un costard par derrière, ça fait mal au cœur. (...) Ces accusations de dopage m'ont fait mal, c'était de la pure méchanceté et de la jalousie." En 2011, son entraîneur de l'époque, Farouk Madaci, explique d'ailleurs au Figaro que les gestes de mauvaise humeur de son poulain sont liés à cette douleur : "Son aigreur est née de la médiatisation houleuse de sa médaille olympique. (...) Il a commencé sa carrière par une cicatrice."

Le coup de gueule de Berlin

Mahiedine Mekhissi a le sang chaud et perd parfois son calme, comme en 2009 lors des Mondiaux de Berlin. Frustré par son abandon dans la finale du 3 000 m steeple, il montre sa mauvaise humeur aux journalistes en zone mixte, comme le raconte le site du magazine spécialisé VO2. Il entre dans la salle les yeux rougis, le visage fermé, et s'écrie subitement : "Parlez pas avec moi !" Il lâche avec fureur quelques secondes après : "Dites-le que je fais semblant d'être blessé !" 

L'épisode marque les esprits, même s'il est clos par les explications de l'entraîneur sur la pubalgie douloureuse de son athlète et surtout par les excuses de Mekhissi, redevenu en quelques minutes doux comme un agneau, affirme Libération.

La bagarre de Monaco

A quelques semaines des Mondiaux en Corée du Sud, Mahiedine Mekhissi dérape lors d'un meeting à Monaco en 2011. A l'arrivée d'un 1 500 m raté, il en vient aux mains avec Mehdi Baala. Les images sont violentes et montrent que Mekhissi a parfois du mal à se contrôler. Après l'altercation, Mehdi Baala parle de quiproquo et lâche des mots sévères envers son compatriote : "Avec ce genre d'individus, malheureusement, on a parfois des réactions qui ne nous ressemblent pas." Les deux hommes s'en sortent bien puisque la fédération ne les prive pas des Mondiaux.

La plainte de Reims

Monaco aurait pu rester un épisode isolé si, en 2012, une nouvelle histoire n'était pas venue perturber à nouveau la carrière de l'athlète. Un responsable du Centre régional d'éducation populaire et de sport (Creps) de Reims, ville natale de Mekhissi, où il s'entraîne, porte plainte pour violences volontaires, détaille RFI. Selon le plaignant, "Monsieur Mekhissi discutait avec un collègue puis [il] s’est jeté sur moi, m’a saisi au cou (...)". Le sportif reconnaît l'altercation, mais nie avoir porté des coups.

La mascotte chahutée d'Helsinki

Mahiedine Mekhissi a parfois du mal à retenir sa joie après une victoire, comme il l'a montré jeudi à Zurich. En 2012, aux championnats d'Europe d'Helsinki, il s'illustre en poussant violemment la mascotte Appy après sa victoire sur le 3 000 m steeple. Le geste choque le public. L'athlète présente une nouvelle fois ses excuses, mais ne comprend pas ce qui pose problème, comme il le confie au Monde : "Ce n'était absolument pas méchant. Dans un championnat, tu as la pression de la course, et une fois que tu passes la ligne d'arrivée victorieux, tu es dans l'euphorie."

Mais le champion est un récidiviste du bousculage de mascotte. Avant Appy, c'est Barni qui avait subi l'ivresse débordante de Mekhissi après sa victoire sur 3 000 m steeple aux championnats d'Europe de Barcelone, en 2010, comme le rappelle Le Huffington Post. C'est en tout cas ce genre de gestes qui font dire à ses détracteurs que l'athlète est "arrogant", "impulsif", voire "incontrôlable". Mais Mekhissi garde ses fans, qui voient en lui un surdoué incompris de l'athlétisme français.

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