Euro d'athlétisme : "confiant" après une première journée rassurante, Kevin Mayer court sur les bases des minima olympiques
"J'essaie de ne pas me tromper d'objectif." Pour un compétiteur né, que les grands rendez-vous transcendent, l'exercice n'a rien de simple. Au cours de sa première journée de décathlon aux championnats d'Europe, Kevin Mayer a dû apprendre à freiner ses jambes et garder en tête l'unique but de sa présence dans la Ville éternelle : valider les minima sur le décathlon (8 460 points). A mi-parcours, le bilan est plus que satisfaisant, lundi 10 juin.
"Je suis plus stressé pour des qualifications que pour un championnat. J’ai dormi deux heures cette nuit. A chaque épreuve, c'était de plus en plus difficile", a réagi le Français au terme de sa première journée de concours. "Mais ça y est, je suis confiant. Je viens de terminer une première journée sans avoir eu de grosses douleurs."
Kevin Mayer pointe, avec 4 230 points, à la 8e position d'un classement général dominé par le Norvégien Sander Skotheim (4 566 points). Mais son ambition ne se niche pas dans un titre européen, médaille qui manque à son palmarès. "C'est la première fois que j'arrive dans un championnat d'Europe en n'ayant, entre guillemets, que la qualification comme enjeu", a tenu à rappeler le double vice-champion olympique, vendredi, en conférence de presse. Une posture qu'il apprécie autant qu'il la maudit.
"C'est un peu mon décathlon plaisir, beaucoup moins dans 'l'extra perf'. Il faut juste effectuer le travail et ça fait du bien d'être dans ce mode-là, où en plus tout se passe bien", confiait Kevin Mayer, lundi, à la mi-journée, tout en laissant poindre de la frustration.
"C'était très dur d'arrêter la longueur alors que je fais un saut à 7,37 mètres en m'arrêtant totalement pour ne pas mordre. Je sens que j'ai les jambes, de l'envie, mais je sens aussi qu'il y a de la retenue."
Kevin Mayeren zone mixte
Avec Téo Bastien (14e) et surtout Makenson Gletty (3e), à ses côtés sur ces championnats, le Tricolore a confié avoir "l'impression d'être dans la casquette de quelqu'un d'autre", forcé de ne pas jouer la gagne et de rester spectateur de ses adversaires. "C'est beaucoup plus plaisant de regarder Mak' que de faire mes épreuves, parce que je n'ai pas beaucoup de sensations."
Limiter les répétitions
Lundi matin, sous un ciel menaçant où le soleil et de fines gouttes ont joué à cache-cache, Kevin Mayer a entamé son décathlon de belle manière. Dans un 100 mètres remporté par son compatriote Makenson Gletty (10"55), le Français de 32 ans a coupé la ligne en 10"72, à deux dixièmes de son record, lâchant un cri de soulagement en s'engouffrant dans le tunnel pour quitter la piste bleue du Stadio Olimpico.
Moins d'une heure plus tard, le Montpelliérain a enfilé ses pointes de longueur pour sa deuxième épreuve de la journée. Et c'est peu dire que son passage sur le sautoir surélevé au-dessus de la piste aura été expéditif. Un petit saut et puis s'en va. Dès son premier essai, le décathlonien s'est envolé à 7,37 m. Une performance à distance de son record personnel (7,80 m, réalisé en 2018) mais suffisante pour que le décathlonien décide de renfiler t-shirt, short et sac à dos sur sa tenue de compétition. Un choix fidèle à la stratégie, annoncée en conférence de presse vendredi, pour protéger son physique fragilisé par les années : "On va essayer de me préserver, peut-être en termes de répétition."
A l'heure du déjeuner, sous le regard de Romain Barras, directeur de la haute performance, Kevin Mayer a commencé à grimacer, visiblement mécontent de ses jets d'essai au poids. "Je suis passé vraiment près de la correctionnelle au poids. Je n'avais aucune sensation. Je faisais 16 mètres à tous les coups il y a un mois et demi et j'ai décidé de travailler d'autres épreuves, et là je suis perdu. Je me suis bien sorti de l'embarras au deuxième essai, parce que ça aurait pu être bien pire", a retracé le décathlète à l'issue de l'épreuve, soulagé d'avoir poussé l'engin jusqu'à 15,31 m.
Limiter les dégâts à la hauteur
Après une pause de cinq heures, où il n'a pas réussi à dormir, Kevin Mayer est retourné au charbon sur l'épreuve qui avait signé son abandon lors de sa dernière tentative pour se qualifier aux JO de Paris, lors d'un décathlon à San Diego (Etats-Unis). Le bas du mollet droit strappé, le Français a débuté son concours à la hauteur sans encombre à 1,90 m. Le visage fermé, il a ensuite effacé au deuxième essai des barres à 1,93 m et 1,96 m, avant de caler à 1,99 m. Résultat moyen sans être rédhibitoire.
Dans un ultime tour de piste, avec "plus rien" dans les jambes, Kevin Mayer a fait jouer l'orgueil, motivé par la présence de Téo Bastien, pour lui souffler la politesse (49"73) pour cinq petits centièmes. De quoi rester "dans les clous" de sa feuille de route pour les minima olympiques, ou à défaut de celle pour rentrer dans les 24 qualifiés du classement mondial.
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