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Euro d'athlétisme en salle 2023 : "C'est un bilan correct mais la projection sur le niveau mondial sera plus compliquée", expose Stéphane Diagana

Le clan tricolore repart d'Istanbul, dimanche, avec six médailles mais un seul titre, celui de Kevin Mayer.
Article rédigé par Louise Le Borgne, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Kevin Mayer a remporté le seul titre européen du clan tricolore, dimanche 5 mars 2023, à Istanbul. (OZAN KOSE / AFP)

L'Equipe de France s'est mise en ordre de bataille à Istanbul. Dernière compétition continentale avant les Jeux de Paris 2024, les championnats d'Europe d'athlétisme offraient l'occasion de prendre la température, avant les échéances mondiales de Budapest et Glasgow. Les temps de passage sont bons - l'équipe de France pointe en neuvième position au classement des médailles avec une médaille d'or, deux d'argent, trois en bronze - sans être excellents.

Difficile d'en être autrement, la fédération doit combler un trou générationnel et ses plus jeunes athlètes, menés par Just Kwaou-Mathey, Ethan Cormont, Margot Chevrier ou Laetitia Bapté, manquent encore d'expérience pour envisager le haut du podium. Seul le "vétéran" Kevin Mayer, qui n'a plus rien à prouver, est parvenu à rentrer à Paris avec le titre convoité. Ce n'est pas beaucoup, mais il faut s'en contenter, avant de se projeter sur la scène mondiale. Car le chrono tourne. A Istanbul, chacun avait déjà le regard tourné vers Paris, comme le souligne le consultant de Franceinfo: sport et ancien champion du monde du 400m haies, Stéphane Diagana.

Franceinfo: sport : Quel bilan tirer de ces championnats européens pour l'équipe de France ?

Stéphane  Diagana : Avec six médailles, c'est un bon bilan pour l'équipe de France sur un championnat européen en salle, même si ça manque de titres supplémentaires. C'est autant que l'Italie ou la Grande-Bretagne tandis que les meilleures nations récoltent sept médailles. La Norvège, leader au classement, n'en a eu "que" cinq, mais repart avec quatre titres. Sur certaines épreuves, la France n'arrive pas à tirer son épingle du jeu. A la hauteur féminine par exemple, il y avait des opportunités de médaille mais, malheureusement, les deux Françaises n'ont pas réussi à reproduire leurs très bonnes performances du championnat de France et n'ont pas atteint la finale. Ça reste un bilan plutôt correct pour les Français.

Au niveau des performances, la projection sur le niveau mondial sera plus compliquée. La médaille d'Agnès Raharolary est une très bonne nouvelle mais quand on fait entrer les Etats-Unis ou le Kenya dans la compétition, on sait que le niveau de performance attendu est encore plus haut. Mais ces résultats donnent une bonne dynamique à l'équipe de France.

Plusieurs jeunes athlètes figurent dans le top 5 de leur discipline. Ce sont autant d'espoirs de médailles sur les prochaines échéances et dans la perspective des Jeux de Paris ?

Erwan Konaté (longueur) a 19 ans, Sasha Zhoya (haies) a 20 ans, Ethan Cormont (perche) a 22 ans, ces athlètes devraient pouvoir être plus en retrait, mais ils se retrouvent avec des attentes supérieures du fait de ce trou générationnel. Il va leur falloir grandir vite.

Il y a une bonne jeune génération mais le problème est que, si l'on regarde statistiquement les médaillés dans les grands championnats, la tranche d'âge la plus contributive se situe entre 26 et 29 ans. Or, on va se retrouver aux Jeux olympiques avec très peu d'athlètes dans cette tranche d'âge.

Stéphane Diagana, consultant France télévisions

à franceinfo: sport

Il faut donc réussir à effectuer rapidement la transition des performances junior vers des performances senior. On sait le faire. Ladji Doucouré l'a fait en devenant champion du monde à 22 ans, Alexandra Tavernier aussi. Il va falloir faire en sorte qu'ils prennent de l'expérience à l'échelle mondiale, notamment à Budapest, pour leur faire passer un cap. Margot Chevrier, cinquième à Istanbul, peut faire partie de ces profils par exemple. Mais il faut espérer qu'elle soit capable de passer un cap comme l'a fait la Finlandaise Wilma Murto l'an dernier. 

Le timing est serré ?

Il faut une croissance rapide. A la fois pour faire émerger les jeunes talents et pour faire durer les plus anciens. Pascal Martinot Lagarde aura 33 ans à Paris, Kevin Mayer en aura 32 ans. Bien sûr, le Canadien Damian Warner a été champion olympique à 32 ans en décathlon, ce n'est pas impossible, mais on sait que les risques augmentent. 

Les jeunes ont pris de l'expérience à l'échelle européenne, et c'est toujours bien, pour Benjamin Robert par exemple. Mais ils vont se retrouver face à des athlètes plus expérimentés sur la scène mondiale et ils vont devoir gérer une pression inhabituelle à Paris, en 2024. On en saura peut être un peu plus aux championnats du monde cet été.

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