Mondiaux d'athlétisme : achats de matériel, frais de déplacement... La Fédération internationale prolonge son aide financière aux athlètes ukrainiens
Continuer son sport malgré la guerre. Un an et demi après le début de l'invasion russe en Ukraine, le soutien international se poursuit envers les athlètes ukrainiens. Pour la deuxième année consécutive, la Fédération internationale d'athlétisme (World Athletics) a débloqué, jeudi 24 août, jour du 32e anniversaire de l'indépendance du pays, 190 000 dollars (175 993 euros) pour aider les athlètes ukrainiens et leur famille proche affectés par le conflit.
Comme l'an passé, l'objectif de ce fonds est "de veiller à ce que les athlètes ukrainiens puissent continuer à s'entraîner, à se qualifier pour les championnats du monde et à y participer, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie l'année dernière", précise World Athletics dans un communiqué, publié jeudi. Actuellement, 29 athlètes ukrainiens participent aux Mondiaux, soit sept de plus que l'an passé à Eugene, dans l'Oregon (Etats-Unis).
Achats de matériel pour remplacer celui détruit
Cet argent est utilisé pour payer les frais de voyage et d'hébergement des athlètes et des membres des équipes pour se déplacer sur les camps d'entraînement et de compétition. Des achats de matériel ont aussi été effectués à la demande des athlètes, notamment de perches et de tapis, afin de remplacer celui détruit. World Athletics estime qu'une centaine de membres de la communauté des athlètes ukrainiens pourrait avoir besoin d'un soutien financier cette année.
"C'est un soutien très important pour nous, remercie Oleksii Serdiunchenko, entraîneur en chef de l'équipe ukrainienne, qui espère voir cette aide renouvelée l'an prochain. Grâce à cette aide, nous avons pu préparer ces championnats du monde dans un camp d'entraînement à Banska Bystrica (Slovaquie), entre fin juillet et début août. Le Fonds a pris en charge le logement et le déplacement sur cette préparation, ainsi que la venue des entraîneurs et des athlètes à Budapest pour les Mondiaux." Car si les frais liés aux athlètes sélectionnés lors des championnats du monde sont pris en charge par le comité d'organisation local, les dépenses liées aux entraîneurs fédéraux restent en partie à la charge des équipes, d'après une règle établie par World Athetics.
"A Banska Bystrica, nous nous sommes sentis en sécurité. Nous avions un programme normal, avec deux entraînements par jour. C'était si confortable de pouvoir se concentrer sur nos entraînements", se souvient Anna Ryzhykova, athlète ukrainienne, spécialiste du 400 m haies, qui a été éliminée en demi-finales à Budapest.
"Cette aide est essentielle parce que nous perdons des installations sportives presque tous les jours."
Anna Ryzhykova, spécialiste du 400 mètres haiesà franceinfo: sport
"Nos meilleures installations d'entraînement dans l'est de l'Ukraine ont été complètement détruites et dans la plupart des villes, il est compliqué de s'entraîner à cause des alertes à la bombe, explique encore Anna Ryzhykova. Nous devons souvent nous réfugier dans des abris anti-bombes. On ne peut donc pas s'entraîner normalement."
Des déplacements plus longs et à anticiper
Dans ce contexte, Anna Ryzhykova varie les lieux d'entraînements, entre les Etats-Unis, chez elle dans l'est de l'Ukraine ou en Europe dans des camps d'entraînement. Mais aucun déplacement n'est simple. "C'est un long chemin pour aller en Ukraine, car les aéroports sont fermés ou détruits. On doit donc utiliser les bus ou les trains, et parfois il faut un jour pour traverser la frontière, ou pour arriver à l'aéroport le plus proche. Quand c'est la saison des compétitions, nous devons donc rester en Europe pour avoir une chance de voyager d'une compétition à l'autre", remarque la vice-championne d'Europe du 400 m haies en 2018 à Berlin.
"Si avant la guerre, nous multiplions les allers-retours entre les camps d'entraînement et nos maisons, maintenant c'est impossible parce que nous n'avons plus d'avions, ajoute Yuliya Levchenko, vice-championne du monde du saut en hauteur en 2017, qui n'a pas franchi les qualifications à Budapest samedi 25 août. Nous avons besoin de sentir que nous avons comme une deuxième maison, et les camps d'entraînement le sont. Aujourd'hui, je renais. Il y a l'horreur de la guerre, mais c'est une nouvelle vie", veut croire celle qui avait pensé que l'invasion russe signerait la fin de sa carrière sportive.
Plus que le soutien financier, Anna Ryzhykova salue le soutien des athlètes internationaux. "Il ne s'agit pas seulement d'argent, mais aussi de ces soutiens qui nous poussent à continuer à concourir et nous permettent de parler librement de ce qui se passe dans notre pays à travers notre sport."
"L'aide financière est importante, mais l'assistance, l'attention et le soutien psychologique même, sont des choses bien plus importantes que l'argent."
Oleksii Serdiunchenko, entraîneur en chef de l'équipe ukrainienneà franceinfo: sport
Bien que les athlètes ukrainiens confirment tous leurs difficultés pour s'entraîner et conserver leur niveau, tous tiennent le même discours patriotique. "Maintenant, c'est notre vie et nous devons continuer non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour la génération future. Malgré la guerre et les mauvaises nouvelles que nous recevons tous les jours, nous devons montrer qu'il est possible de participer à des compétitions et de réaliser nos rêves", reste convaincue Anna Ryzhykova. Après les Mondiaux, son prochain rêve sera celui de Paris 2024. "J'espère que l'année prochaine, aux JO, nous aurons une plus grande équipe. En tout cas, nous essaierons."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.