Trois questions sur l'exclusion des athlètes russes des JO de Rio
La Fédération internationale d'athlétisme a décidé de maintenir la suspension de la Fédération russe, qui est au centre d'un vaste scandale de dopage depuis plusieurs mois.
Le ministère russe des Sports l'a confirmé vendredi 17 juin : les athlètes russes seront privés des Jeux olympiques de Rio cet été. La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a en effet décidé de maintenir sa décision de suspendre la Fédération russe, au centre d'un vaste scandale de dopage depuis fin 2014.
Avec cette décision, c'est un géant de l'athlétisme, la deuxième nation de ce sport aux JO de Londres 2012, qui sera donc absent du tartan du stade olympique de Rio en août. Retour sur cette affaire autour de trois questions.
Pourquoi la Russie est-elle suspendue ?
L'affaire éclate en décembre 2014. La télévision allemande ARD diffuse un documentaire intitulé Dossier secret sur le dopage : comment la Russie produit ses vainqueurs. Il révèle un dopage systématique couvert par les autorités nationales russes dans l'athlétisme. Sont également mis en cause des membres de la Fédération internationale d'athlétisme, soupçonnés d'avoir fermé les yeux par corruption. Le président de l'IAAF (jusqu'en août 2015) Lamine Diack est d'ailleurs mis en examen en France en novembre 2015.
Le Comité international olympique (CIO) réclame l'ouverture d'une enquête, l'Agence mondiale antidopage (AMA) met sur pied une commission ad hoc. Elle rend le 9 novembre 2015 un rapport accablant. Pour l'AMA, les Russes ont la culture du dopage. "L'enquête montre que l'acceptation de la triche à tous les niveaux était étendue et de longue date", écrivent les auteurs du document.
Ils accusent à la fois les entraîneurs, l'agence antidopage russe, jugée corrompue et incompétente, et le ministère russe des Sports, également complice selon eux. "Les Jeux olympiques de Londres ont été, dans un sens, sabotés par la participation d'athlètes qui n'auraient pas dû concourir", assène l'AMA. A l'issue de ses investigations, l'agence réclame que la Russie soit suspendue de toutes les compétitions en raison de multiples infractions.
Comment la Russie a-t-elle réagi ?
Le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a évoqué une décision "attendue" face à laquelle la Russie allait "réagir". Il n'en a pas dit davantage sur la nature de cette réaction. Mais il a fait allusion à la prochaine réunion du CIO, mardi, en espérant que ce dernier "pourra corriger cette situation de manière quelconque".
De son côté, la double championne olympique de saut à la perche, Yelena Isinbayeva, qui espérait finir sa carrière en beauté à Rio, a annoncé qu'elle porterait plainte. "C'est une violation des droits de l'homme. Je ne peux pas me taire, (...) je vais prendre des mesures. Je vais m'adresser à une cour des droits de l'homme", a-t-elle déclaré à l'Agence de presse russe Tass, sans préciser auprès de quel tribunal elle souhaitait porter l'affaire.
Y a-t-il un recours pour les athlètes?
Une porte a tout de même été laissée ouverte. Mardi prochain, le CIO pourrait décider de constituer une équipe où les athlètes russes non impliqués dans des cas de dopage seraient autorisés à concourir aux Jeux sous la bannière olympique.
Cette piste a été suggérée par le Conseil de l'IAAF qui a décidé d'exclure la Russie. Une façon de manier à la fois la carotte et le bâton avec une solution de repli. C'est l'IAAF qui désignera ceux qui pourront participer aux JO de Rio, a précisé son président, Sebastian Coe.
Concrètement, "il sera possible à des athlètes qui ne sont pas impliqués dans le système russe mais qui font partie d'un programme extérieur à la Russie et efficace contre le dopage de faire une demande spéciale. L'IAAF étudiera ces cas et fera ses recommandations. La Fédération russe reste suspendue mais un changement de règlement au sein de l'IAAF permettra à ces athlètes de redevenir potentiellement éligibles aux compétitions internationales", a-t-il développé.
La mesure devrait en premier lieu permettre la présence à Rio de Yulia Stepanova, coureuse de 800 m et lanceuse d'alerte à l'origine de la suspension de son pays.
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