MotoGP : Fabio Quartararo, le "petit prince" devenu roi
Fabio Quartararo est devenu, dimanche, le premier Français à être sacré champion du monde de MotoGP, à l'âge de 22 ans.
Il n’a que 22 ans et est devenu, dimanche 24 octobre, le premier Français champion du monde de MotoGP. Fabio Quartararo marque l’histoire du sport tricolore mais aussi son histoire avec la moto, débutée à seulement quatre ans, à l’âge où d’autres apprennent à faire du vélo. Bien entouré, le jeune Niçois a ensuite connu une ascension fulgurante, jusqu’au titre suprême. Portrait du nouveau champion du monde avec son biographe, le journaliste spécialiste de moto, Michel Turco.
C’est l’histoire d’un jeune surdoué, surnommé "El Diablo" par ses concurrents dans les catégories jeunes, mais qui n’a pourtant rien d’un diable au quotidien : "Fabio n’est pas un intellectuel, mais il est adorable, attentionné avec les gens qui l’entourent. Il sait aussi que c’est important de donner aux autres pour être soutenu. Même s’il a un gros égo, son équipe l’adore parce qu’il est attentionné et bienveillant avec les gens qui travaillent avec lui", raconte Michel Turco à franceinfo: sport. Star montante de sa discipline et récent champion du monde, le jeune Français garde les pieds sur terre : "C’est quelqu’un qui adore ce qu’il fait. Il est conscient de la chance qu’il a d’avoir accompli son rêve de devenir pilote de moto. Après il vit comme quelqu’un de son âge, qui aime les vêtements de rappeurs ou de footballeurs. Il vit sa vie comme un gamin qui fait du sport", confie le biographe.
Un "gamin" simple, mais déjà si impressionnant sur son bolide. Double champion d’Espagne dans les catégories jeunes, Fabio Quartararo atteint très vite le niveau international, en 2015, à quinze ans, en Moto3. Quatre ans plus tard, il découvre l’élite, qu’il domine après trois saisons : "Fabio est un prodige dans le sens où il a un parcours assez unique. Normalement, on gravit les échelons progressivement. Lui, c’est le premier pilote européen champion du monde de MotoGP sans avoir été titré dans les catégories inférieures depuis 1982", rapporte le journaliste spécialisé.
Seulement 4 ans et déjà sur une moto
Comme de nombreux prodiges avant lui, Fabio Quartararo a baigné dans l'univers sportif dès ses premières années. Son père, Étienne, champion de France en 125m3, n’y est pas pour rien dans la vocation de son fils pour la moto : "Son père était un ancien pilote, donc dès que le gamin a su faire du vélo, il lui a acheté une petite moto, pour essayer. Et non seulement le gamin a adoré ça, mais il a montré qu’il avait des aptitudes assez étonnantes en termes d’équilibre. Il a senti que c’était son truc", raconte Michel Turco.
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Très rapidement, Fabio Quartararo montre un talent au dessus du lot. Mais avec un père serrurier et une mère coiffeuse, le jeune pilote ne vient pas d’une famille aisée, ce qui peut représenter un obstacle dans le milieu des sports mécaniques. "Son père voyait qu’il adorait ça, ça l’a convaincu de faire des sacrifices. Il avait aussi une bande d’amis à Nice qui l’ont aidé financièrement pour les pneus, l’essence etc...", explique le biographe. Tous les week-ends, Etienne Quartararo emmène donc son fils en Espagne pour participer au championnat local, puisqu’en France, il n’existe pas de compétition pour les moins de quatorze ans.
Un entourage précieux dans son succès
Brillant sur les circuits ibériques, le Niçois gagne également le surnom de "petit prince" et a la chance de se faire repérer par un mécène, qui finance ses saisons pendant trois ans et l’héberge. "Il est très très famille, mais a été déraciné très tôt de ses proches, à 13 ans. Ça l’a aussi fait murir très vite, et il a appris l’espagnol au lycée. Il le parle presque mieux que le français", s'amuse Michel Turco. Toujours bien entouré, Fabio Quartararo collabore ensuite avec Éric Mahé, son manager et ancien pilote, qui connaît bien le milieu et lui permet d’accéder à la catégorie reine. "Tout de suite, il a été très performant, comme s’il avait été fait pour ça", admire le journaliste.
Dès sa première saison en MotoGP, en 2019, "El Diablo" monte à sept reprises sur le podium et devient aussi le plus jeune pilote à réaliser une pole position. En 2020, dans un calendrier bouleversé par la crise sanitaire et avec une moto moins performante, il signe tout de même son premier succès dans l’élite et fait retentir la Marseillaise en catégorie reine pour la première fois depuis 1999.
La troisième saison est celle de la consécration pour le Niçois, promu dans l’écurie d’usine Yamaha. "Il s’est retrouvé dans une équipe officielle où le matériel est plus performant. Il a aussi travaillé sur lui, il aime avoir des responsabilités et là il sent qu’il est l’étendard de la marque. Il y a des pilotes pour qui c’est une pression supplémentaire, mais Fabio aime être valorisé, il s’épanouit", raconte Michel Turco. Une confiance qui lui permet d’être sacré champion du monde à deux courses de la fin de la saison.
Plus concentré et plus patient, le Français n’a laissé aucune chance à ses concurrents : "Il contrôle mieux ses émotions, mais reste très sensible. À l’arrivée dimanche, il a pleuré une demi-heure. C’est quelqu’un de très émotionnel qui a aussi appris à contrôler ses colères, il se gère mieux sur le plan humain", observe son biographe.
Seule la pluie lui résiste
Très régulier, Fabio Quartararo dispose néanmoins d’une marge d’amélioration, sous la pluie notamment, où il est plus en difficulté. Pour cela, "il essaye toujours de progresser en regardant ce que font les autres, en s’inspirant des plus grands", assure le journaliste spécialisé. Les plus grands de sa discipline certes, mais aussi les stars d’autres sports, dont il est passionné : "Lewis Hamilton est une source d’inspiration pour lui. Il aime le foot aussi, il a eu l’occasion de croiser des stars du Barca, du Real, du PSG. Il est connecté comme tous les gamins sur les réseaux sociaux, et ils parlent avec d’autres sportifs sur Instagram", ajoute-t-il.
Déjà titré à 22 ans, soit tout de même deux ans plus tard que Marc Marquez lors de son premier sacre, Fabio Quartararo pourrait-il dominer le MotoGP de longues années ? "Je pense qu’il a tout ce qu’il faut pour faire la même carrière que Valentino Rossi et Marc Marquez", répond Michel Turco. Selon lui, le Français a plusieurs points communs avec ses glorieux prédécesseurs : "Au-delà du talent, il a l’intelligence et un bon entourage. C’est quelqu’un qui est ancré dans ses racines. Il est dans un cocon en pleine confiance".
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Fan de Valentino Rossi depuis sa tendre enfance, Fabio Quartararo a conquis son premier sacre sur le circuit du pilote italien, à Misano. Un symbole sous forme de passation de pouvoir entre "The Doctor", septuple champion du monde en catégorie reine, et le jeune Français, alors que Rossi tirera sa révérence en fin de saison.
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