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Des gagnants, des perdants mais un sacré casse-tête : comment la F1 a sauvé son calendrier face à l’interminable crise sanitaire

La saison de Formule 1 reprend à Spa vendredi, 12e course dans un calendrier 2021 une nouvelle fois chamboulé par la pandémie de Covid-19. Mais comme depuis le début de l'année 2020, les organisateurs ont réussi à maintenir un nombre de courses conséquents pour les pilotes et les écuries.

Article rédigé par franceinfo: sport - Elias Lemercier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Max Verstappen (Red Bull Racing) lors des essais pour le Grand Prix de Styrie, le 25 juin 2021. (ANDREA DIODATO / NURPHOTO / AFP)

Loin d'une Coupe du monde ou de Jeux olympiques fixés dans un seul pays, le championnat du monde de Formule 1 a la particularité de s'exporter partout sur le globe, dans quatre continents différents. De quoi craindre le pire quand une crise sanitaire sans précédent frappe la planète et touche à peu près tous les pays où doit se dérouler un Grand Prix prévu au calendrier.

Pourtant, bientôt deux ans après le début de la pandémie, la FOM (Formula One Management) peut se targuer d'avoir maintenu une saison 2020 à 17 courses et malgré les incertitudes, elle est bien partie pour tenir la promesse initiale de 23 Grand Prix pour la saison 2021. La 12e course de la saison se déroule à Spa Francorchamps en Belgique, dimanche 29 août. Mais la FOM et la FIA (Fédération internationale de l'automobile) ont dû faire face à un casse-tête complexe pour sauver leur calendrier.

40 courses programmées depuis 2020

Covid ou pas, la FOM et la FIA n'ont pas chômé. Après le début de la crise sanitaire, les instances de F1 ont concocté un calendrier de 17 courses pour la saison 2020, seulement quatre courses en moins qu'en 2019. "Ils ont fait un travail exceptionnel l'année dernière pour monter un calendrier de 17 courses alors qu'on était quasi les seuls à avoir une activité à l'internationale", salue Frédéric Vasseur, directeur de l'écurie Alfa Romeo.

Éric Boullier, directeur général du Grand Prix de France (annulé en 2020), est tout aussi élogieux : "Il faut saluer la FIA, elle a tenu 17 courses l'année dernière dans des conditions extrêmement compliquées avec un protocole sanitaire sans qu'il y ait de clusters". Malgré quelques cas positifs, y compris parmi les pilotes, le championnat de Formule 1 a réussi à visiter les quatre coins de l'Europe, et le Golfe persique pour finir sa saison.

Rebelote en cette saison 2021, malgré une situation sanitaire toujours difficile. La FOM avait annoncé un calendrier de 23 Grands Prix, du jamais vu dans l'histoire de la Formule 1. Il n'en reste pas moins que la crise a grandement affecté le déroulement de la saison depuis deux ans.

Annulé le 18 août dernier, le Grand Prix du Japon est la 16e course à disparaître ainsi du calendrier depuis 2020. Ces retraits ont principalement touché l'Asie et l'Océanie à l'image des Grands Prix d'Azerbaïdjan (en 2020), de Singapour, du Vietnam, de Chine et d'Australie, qui ont dû renoncer à recevoir la plus prestigieuse des compétitions auto-moto.

"On a confiance en la FOM. Ils ont montré l'année dernière qu'ils étaient contorsionnistes, capables de trouver les meilleures solutions pour tout le monde. L'incertitude n'est pas bonne c'est sûr mais j'ai confiance qu'ils monteront un calendrier solide sur des beaux circuits", affirme Frédéric Vasseur, satisfait de la gestion de la crise sanitaire dans le monde de la F1, comme beaucoup d'acteurs. 

Une organisation chamboulée mais qui tient le coup

Covid oblige, les organisateurs de Grand Prix et les écuries ont dû s'adapter depuis le début de l'année 2020 comme l'explique Frédéric Vasseur. "On a été habitués à être flexibles ces 18 derniers mois. Tant que la décision est prise tôt, ce n'est pas un drame, qu'on fasse une course au Japon ou ailleurs, ça ne change pas grand-chose. C'est plus dommage pour la course en elle-même et le fait que le Japon est un super circuit, que les fans sont hyper enthousiastes et qu'on est bien accueilli là- bas".

Plus que les écuries et les pilotes, les organisateurs de Grand Prix doivent désormais composer avec les directives de la FIA, la FOM et les contraintes sanitaires imposées par le gouvernement. "Il a fallu quelquefois courber le dos, parfois subir certaines décisions, s'arranger, travailler, mais la F1 a fait un travail remarquable", rappelle Éric Boullier, qui a vu son Grand Prix de France être avancé d'une semaine

Une annonce parvenue seulement un mois avant la nouvelle échéance, et donc une effervescence pour les équipes du GP de France. "C'est plusieurs mois de préparation pour le Grand Prix. Tout était calé en fonction d'une date et donc il a fallu tout avancer d'une semaine. C'est tout un tas de choses qui fait que, d'une montée en puissance planifiée depuis des semaines, il a fallu passer de 0 à 100 tout de suite et travailler à fond parce qu' il y a eu beaucoup de notifications et de changements à faire", raconte Éric Boullier.

La nouvelle date a été imposée au Grand Prix de France mais les équipes ont donc relevé le défi avec réussite, comme l'explique le directeur de la course. "On fait partie d'un calendrier, on n'est pas responsable du calendrier. Il a fallu trouver des solutions pour pouvoir accommoder le calendrier de la F1. Il n'y avait pas d'autre choix."

Mais encore une fois, Éric Boullier est plutôt satisfait de la gestion de la crise et du résultat malgré les contraintes. "Il a fallu travailler main dans la main avec la FOM pour que le calendrier existe parce que sinon le championnat aurait disparu donc il n'y avait pas d'ambiguïté là-dessus. Il y a eu un gros travail de logistique mais au final ça s'est plutôt bien passé."

Des changements parfois positifs 

Ces multiples changements ne sont pas toujours négatifs, du moins pour certains circuits qui ont pu accueillir à nouveau le championnat de Formula 1. C'est le cas du mythique circuit italien Autodromo Enzo e Dino Ferrari à Imola, qui n'avait plus accueilli de Grand Prix depuis 2006 et qui grâce à l'annulation de plusieurs courses a pu retrouver ses monoplaces préférées.

"L'année dernière on a fait Imola, Istanbul, Mugello, et Nürburgring, c'est quatre circuits historiques de la F1 qui pour moi font partie des plus beaux circuits. Ça a été une belle occasion pour nous de retourner sur ces tracés historiques. Personnellement j'adore Mugello par exemple, donc j'étais hyper content de retourner là-bas", se réjouit Frédéric Vasseur. 

Enfin, en réponse aux annulations et aux problèmes de calendrier, la F1 a remis à jour l'enchaînement de deux Grand Prix de suite sur le même circuit comme à Silverstone l'an passé et à Spielberg en Autriche aussi bien en 2020 qu'en 2021. Une solution pas viable à long terme selon Frédéric Vasseur, mais qui représente "une bonne solution de repli" et à moindre coût. "D'un point de vue organisation, c'est plus simple et beaucoup moins cher, mais ça ne peut pas être une solution à long terme"

Au milieu des annulations et des reports en tout genre dans le monde du sport, la Formule 1 s'en est donc plutôt bien sortie. Les calendriers chamboulés n'ont pas empêché les Français de briller avec deux victoires en Grand Prix en un an et demi, Pierre Gasly à Monza en 2020, et Esteban Ocon en Hongrie début août. La disette après la victoire d'Olivier Panis en 1996 n'est donc plus qu'un mauvais souvenir.

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