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F1 : l'interdiction de faire des "déclarations politiques, religieuses et personnelles" provoque une fronde chez les pilotes

Pour cette nouvelle saison de Formule 1, la fédération internationale a décidé d'empêcher les pilotes de faire des "commentaires politiques, religieux et personnels". Elle avance le principe de neutralité, quand les pilotes y voient une atteinte à leur liberté d'expression.
Article rédigé par franceinfo - Nicolas Peronnet
Radio France
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En 2021, lors du Grand prix d'Arabie Saoudite, Lewis Hamilton avait décidé de porter un casque aux couleurs du drapeau de la communauté LGBT. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)

La Formule 1 fait son retour ce week-end. Mais pas question de faire trop de bruit. Avant le premier des 23 grands prix du championnat du monde, un record, dimanche 5 mars à Bahreïn, ce début de saison est (aussi) marqué par une polémique dans les paddocks. La FIA, la Fédération Internationale de l'Automobile, a décidé d'interdire "les déclarations ou commentaires politiques, religieux et personnels" de la part des pilotes, sauf approbation préalable par écrit préalable, au nom du principe de neutralité. 

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Frondes des stars de la Formule 1

En inscrivant noir sur blanc cette interdiction dans son nouveau code sportif, la fédération a ainsi déclenché une véritable levée de bouclier. Et même le double champion du monde en titre, le néerlandais Max Verstappen, pas franchement connu pour ses prises de position extra-sportives, a fait part de son incompréhension : "Chacun devrait être autorisé à s'exprimer. Certaines personnes parlaient plus que d'autres, certes, mais je trouve que cette mesure est un peu inutile."

La FIA se justifie en évoquant le principe de neutralité, mais ces restrictions sont plutôt vécues comme une atteinte à la liberté d'expression. Ce qui n'est pas du goût de Lewis Hamilton, le pilote britannique, qui est un habitué des messages politiques.

À plusieurs reprises, ces dernières années, il a défendu les droits humains avec des messages sur ses vêtements ou son casque, comme en 2020, sur le podium du Grand Prix de Toscane, quand le pilote Mercedes avait, par exemple, revêtu un tee-shirt appelant à arrêter les policiers impliqués dans la mort de Breonna Taylor, une femme noire tuée par la police dans son appartement aux États-Unis. "Rien ne m'empêchera de parler des choses qui me passionnent et des problèmes qui existent depuis toujours", avance le septuple champion du monde de Formule 1.

"Le sport a une responsabilité : celle de s'exprimer sur les sujets importants pour sensibiliser l'opinion, et notamment lorsque nous voyageons dans ces endroits. Cela ne changera rien pour moi"

Lewis Hamilton, pilote de Formule 1

"A titre exceptionnel et au cas par cas"

Face à la fronde, la FIA a, finalement, légèrement revu sa copie. Selon une note publiée sur son site, la FIA explique que les pilotes pourront "exprimer leurs opinions sur toute question politique, religieuse ou personnelle" dans "leur propre sphère et en dehors du cadre des compétitions", comme lors d’interviews les week-ends de course. En revanche, "durant les moments-clé de toutes les compétitions de sport automobile, tels que les podiums, les hymnes nationaux et les activités officielles 'sur le terrain de jeu'", les pilotes ne pourront pas exprimer leurs points de vue personnels, a indiqué un porte-parole de l’instance, sauf "à titre exceptionnel et au cas par cas".

Les pilotes ne respectant pas l’interdiction pourront se voir infliger diverses sanctions, allant de l’avertissement à l’exclusion, en passant par une pénalité sur la grille.

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