F1 : "Red Bull a complètement marché sur l'eau"... Cyril Abiteboul analyse la domination outrageuse de Max Verstappen et de son écurie
La fin de saison 2023 de Formule 1 risque d'être longue, très longue. Deux semaines après le titre constructeurs acquis par Red Bull, Max Verstappen a décroché, samedi 7 octobre, son troisième titre consécutif de champion du monde des pilotes à la suite de sa 2e place sur la course sprint sur le circuit de Losail, au Qatar. Et ce alors que six Grands Prix sont encore au programme de la saison, à commencer par celui de dimanche.
Le Néerlandais a fait main basse sur le championnat comme rarement. Après 20 courses, sprints et classiques cumulées, "Mad Max" en a déjà amassé 15. C'est déjà presque autant que son total de la saison dernière (17) et déjà davantage que son premier sacre (11), obtenu de haute lutte face à Lewis Hamilton.
"Red Bull semble imperméable à tout"
Cette domination n'est justement pas sans rappeler celle du Britannique, à six reprises sur le toit du monde en sept saisons (de 2014 à 2020). Pour autant, durant cette période, Sir Lewis laissait davantage de miettes à la concurrence. "Je ne compare pas ces deux dominations car celle de Mercedes était le fait d'un élément : le moteur qui était exceptionnel, analyse notre consultant Cyril Abiteboul. La force de la Red Bull, c'est d'être forte partout."
La suprématie Verstappen est effectivement d'abord celle de son écurie. Sur les quatre courses "abandonnées" au reste de la meute, seul le Grand Prix de Singapour n'est pas revenu à son coéquipier, Sergio Pérez. "Tout le monde a eu ses hauts et ses bas, ses fulgurances et ses galères. Une autre écurie, Red Bull, a complètement marché sur l'eau", poursuit l'ancien directeur de l'écurie Renault, de 2016 à 2021.
Aston Martin a commencé très fort la saison avant de décliner tout aussi fort au mois de juillet, Ferrari a été très irrégulière et McLaren réalise une superbe deuxième partie d'exercice. "C'est hallucinant car Red Bull semble imperméable à tout, étanche à toutes variations, que ce soit de vent, de température ou de l'effet de sol (qui influe sur l'adhérence). Cela rend leur domination encore plus impressionnante", loue Cyril Abiteboul.
Verstappen plus fort que Mercedes
Dans tous les domaines, de la stratégie aux arrêts aux stands, la firme autrichienne maîtrise son sujet. Pour l'expliquer, notre consultant se remémore le début de la décennie 2010 : "C'est une domination qui ne date pas d'aujourd'hui, il ne faut pas oublier les titres de Sebastian Vettel (4, de 2010 à 2013). Ce sont des gens habitués à gagner, les réflexes sont présents. Ils ont cette attitude de la gagne qui fait leur marque."
Preuve de sa domination outrageuse, l'équipe dirigée par Christian Horner a pu se payer le luxe de stopper le développement de sa monoplace dès le mois de juillet dernier. Pénalisée d'une réduction de son temps de soufflerie disponible pour un dépassement du plafond budgétaire, cela lui a permis de se concentrer, déjà, sur la saison suivante. "C'est un signe de clairvoyance que d'être capable de se projeter vers le millésime suivant quand les concepts aérodynamiques ont été poussés jusqu'au bout", estime Cyril Abiteboul. Malgré cet arrêt du développement, la firme de boissons énergisantes a maintenu sa mainmise sur la discipline.
Pour couronner le tout, la meilleure voiture est aux mains du meilleur pilote du moment. À 26 ans, le Batave totalise déjà 48 victoires, à cinq unités du troisième pilote le plus victorieux de l'histoire : Sebastian Vettel. Il a battu le record de victoires consécutives (10) et a, surtout, inscrit plus de points à lui tout seul que Mercedes, deuxième au classement constructeurs. "C'est insolent, reconnaît Cyril Abiteboul. Il est tellement fort qu'il est capable d'enfoncer et de faire craquer un pilote comme Sergio Pérez, qui en a pourtant vu beaucoup."
Une Formule 1 dénuée d'intérêt ?
Même quand la qualification est manquée, le fils de Jos Verstappen réussit des remontées fantastiques : de la 15e place sur la grille à la 2e place du Grand Prix d'Arabie saoudite, de 9e à 1er à Miami ou encore de 6e à vainqueur en Belgique. "Il arrive à remonter et à dépasser dans le trafic sans faire d'erreurs, en étant patient, observe le consultant de Franceinfo: sport. Beaucoup de maturité se dégage chez Red Bull et chez Max. J'ai l'impression qu'il est beaucoup plus calme."
Reste qu'une année aussi dénuée de suspense, en tout cas pour le premier rôle, pourrait nuire à la Formule 1. "Pour ceux qui s'attachent uniquement à celui qui gagne, c'est une saison ennuyeuse mais en dessous, c'est particulièrement intéressant, défend Abiteboul. Je pense que tous les combats sont beaux."
Puisque le dénouement est déjà connu tout en haut, l'intérêt de cette fin de saison de Formule 1 réside du côté des places d'honneur chez les pilotes et les constructeurs. Avant que les cartes ne soient rebattues l'an prochain ? "Les gens aimeraient que je dise oui, mais je ne pense pas", conclut Cyril Abiteboul.
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