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Eurobasket : quatre raisons de penser que la France tient (enfin) sa "Dream Team"

Tenants du titre, les Bleus jouent l'Euro à domicile à partir de samedi et ont aligné la meilleure équipe possible pour espérer remporter le trophée. La preuve par quatre.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le meneur français Tony Parker, le 14 août 2015, lors d'un match amical contre l'Ukraine, à Nantes (Loire-Atlantique). (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

En 1992, les Etats-Unis réunissaient la meilleure équipe de basket de tous les temps pour les Jeux olympiques de Barcelone. Une "Dream Team", composée de légendes de la NBA telles que Michael Jordan, Larry Bird, Magic Johnson ou encore Charles Barkley, pour ne citer qu'eux. Evidemment, ils remportèrent la médaille d'or. Depuis, chaque nation brûle de composer un groupe aussi doué, en tout cas le meilleur possible, et de réunir son "équipe de rêve".

En France, l'affaire a toujours été compliquée, entre des joueurs évoluant en NBA retenus par leurs clubs, les blessures et les batailles d'ego à gérer. De quoi frustrer les supporters. Mais cette année, Vincent Collet, le sélectionneur français, a convoqué la fine fleur du basket tricolore pour l'Eurobasket, qui se tient notamment à Lille (Nord) et Montpellier (Hérault) du 5 au 20 septembre.

Car l'enjeu est double : à domicile, la France entend conserver son titre européen de 2013. Mais les Bleus veulent aussi se qualifier directement pour les Jeux olympiques de Rio en 2016, ultime objectif de Tony Parker sous le maillot tricolore, ce qui passe par une place en finale. Voici quatre signes qui montrent que la France a (enfin) sa "Dream Team".

1Tous les meilleurs français sont là (ou presque)

Sans surprise, la star Tony Parker – on y reviendra –, le capitaine Boris Diaw, le lieutenant Nicolas Batum et Nando De Colo, meilleur joueur cette saison du championnat russe, ont répondu présents. Florent Piétrus, féroce défenseur, et l'expérimenté Mickaël Gelabale, figurent aussi sur le banc, avec Evan Fournier, très prometteur arrière de NBA, ou encore Charles Kahudi, chien de garde en défense. Le forfait d'Antoine Diot (remplacé par Léo Westermann) a certes apporté une ombre au tableau, mais l'effectif reste très solide.

Les Français Charles Kahudi, Evan Fournier, Mickaël Gelabale et Rudy Gobert, le 13 septembre 2014, à Madrid (Espagne). (GERARD JULIEN / AFP)

D'accord, Joakim Noah, le pivot français star des Chicago Bulls, n'est pas là. Et alors ? Le fils de Yannick Noah n'a participé qu'à une seule campagne européenne avec les Bleus, en 2011, principalement parce que son père avait longuement insisté. Bilan : une médaille d'argent. Depuis, sa présence en équipe de France est une arlésienne. Joakim Noah, lui, ne cache pas qu'il préfère se consacrer à sa carrière en NBA. Soit.

Son absence est d'autant moins préjudiciable que l'équipe de France a trouvé ces deux dernières années une relève efficace au poste de pivot. En 2013, c'est Alexis Ajinça, 2,16 m, qui était titulaire lorsque les Bleus ont remporté l'Euro. Pas de chance, lui aussi est forfait, à la demande de son club de NBA. L'année dernière, au Mondial, ce sont les intérieurs Joffrey Lauvergne et Rudy Gobert qui ont pris le relais dans la raquette tricolore avec une médaille de bronze au final. Ce dernier, désormais dans le cinq majeur de Vincent Collet, a énormément progressé depuis. Le pivot des Utah Jazz a même été nommé parmi les joueurs ayant le plus progressé cette saison en NBA. Pas de quoi s'inquiéter, donc.

2Les joueurs se connaissent très, très bien

Certains jouent ensemble depuis qu'ils ont 16 ans. Tony Parker et Boris Diaw se sont rencontrés en 1998, à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), où ils se sont liés d'amitié. "On était dans notre chambre, on rêvait de NBA", se souvient Boris Diaw, cité par Eurosport. Les deux copains ont d'ailleurs remporté le championnat américain ensemble, en 2013, sous le maillot de San Antonio. Après son transfert dans le Texas, un an plus tôt, le capitaine des Bleus a même habité pendant six mois chez son coéquipier.

Chaque été, Boris Diaw, Florent Piétrus, Tony Parker et les autres le racontent à l'envi : ils sont ravis de se retrouver pour jouer ensemble, entre potes. Pendant la préparation pour l'Euro, Boris Diaw et Florent Piétrus ont tous les deux fêté leur 200e sélection. "Sans me vanter, c'est un peu grâce à moi si [Florent Piétrus] a atteint les 200, plaisante Mickaël Gelabale, son camarade de chambre, dans L'Equipe. On est si proches, si je n'étais pas resté, il aurait arrêté depuis longtemps !"

 

"Starting from the bottom now we old"

Une photo publiée par Borisdiaw (@diawboris) le 28 Août 2015 à 8h39 PDT

 

Cette bonne entente (il n'y a qu'à voir leurs échanges sur les réseaux sociaux) entre les joueurs se traduit évidemment sur le parquet. A force de campagnes pour l'Euro, pour le Mondial ou les JO, le collectif a développé un fond de jeu bien huilé. Du coup, ça joue bien, très bien même, à l'image de cette action : 

3Vincent Collet a construit son équipe intelligemment

Depuis son arrivée à la tête de l'équipe de France, en mars 2009, Vincent Collet a eu à cœur de composer un groupe homogène autour de ses cadres : Tony Parker, évidemment, Boris Diaw, Nicolas Batum, Florent Piétrus, Nando De Colo et Mickaël Gelabale. Un noyau dur autour duquel il a ajouté, petit à petit, de jeunes joueurs prometteurs. "Voilà longtemps que l’on joue ensemble, donc pour ce qui est du jeu collectif, chacun sait ce qu’il a à faire et connaît son rôle. On ne part pas de zéro", résume Tony Parker dans Le Monde.

Composée de vétérans, d'habitués et de nouveaux, l'équipe de Vincent Collet allie expérience et jeunesse. Surtout, le coach prépare peu à peu la relève puisque Tony Parker, Boris Diaw et Florent Piétrus devraient tous les trois prendre leur retraite internationale après les JO 2016. Intelligemment, Vincent Collet a établi une hiérarchie très claire, ce qui lui évite des écueils comme en 2003.

A cette époque, Alain Weisz, le sélectionneur d'alors, décide de nommer Tony Parker, 21 ans, capitaine. Une décision qui reste en travers de la gorge des vétérans de l'équipe et qui divise le vestiaire. La France termine 4e de l'Euro, malgré la présence de nombreux talents individuels. "Je savais que ce serait un rassemblement d’ego dur à gérer", reconnaitra plus tard Alain Weisz. 

4Parker est juste le meilleur joueur français de l'histoire

Quadruple champion NBA, champion d'Europe 2013, médaillé d'argent à l'Euro 2011, médaillé de bronze à l'Euro 2005... Tony Parker affiche un palmarès hallucinant, sans compter ses sélections All-Star en NBA et son trophée de meilleur joueur de la compétition (MVP) de la compétition en 2013. A 33 ans, le meneur a prouvé qu'il était le meilleur joueur français de l'histoire, loin devant Antoine Rigaudeau ou Jim Bilba. Au niveau européen, il a très probablement dépassé aussi le grand Dirk Nowitzki.

En équipe de France, Tony Parker a tout connu : des désillusions terribles, aux JO de Londres en 2012 quand les Bleus tombent en quart de finale face aux ennemis intimes espagnols ; mais aussi des victoires magnifiques, comme en 2013 avec le titre de champion d'Europe. "TP" a désormais l'expérience des grands rendez-vous et une maîtrise tactique certaine. Il a aussi montré son leadership quand, en 2013, il a remobilisé ses troupes à la mi-temps de la demi-finale entre la France et l'Espagne grâce à un discours immortalisé par l'émission "Intérieur Sport".

Assuré de figurer au panthéon de sa discipline, il ne lui manque donc qu'une médaille olympique. Et ce rêve débute avec l'Euro.

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