Pourquoi Boris Diaw est le joueur de basket idéal (ou presque)
Sacré champion d'Europe l'année dernière, le Français a remporté le titre NBA en juin avec les San Antonio Spurs et son ami Tony Parker. Au Mondial de basket, en Espagne, l'intérieur s'impose comme la clef du jeu tricolore.
Quand Tony Parker adore Michael Jordan, le scoreur, Boris Diaw préfère Magic Johnson, le créateur. Le Français, 32 ans, 2m03 et quelques kilos en trop, est un meneur dans l'âme avec un corps d'intérieur. Le capitaine des Bleus, qui retrouvent l'ennemi intime espagnol en quarts de finale du Mondial de basket, mercredi 10 septembre, à Madrid, n'aime pas shooter : il préfère faire briller ses coéquipiers. Champion d'Europe sous le maillot tricolore l'été dernier, champion NBA cette année avec les San Antonio Spurs, Boris Diaw est, d'une certaine manière, le joueur idéal pour tout entraîneur qui se respecte. Voici pourquoi.
Parce qu'il excelle dans tous les secteurs du jeu
Fils d'une légende du basket féminin français, Elisabeth Riffiod, Boris Diaw a la balle orange dans le sang. Sa mère, qui l'élève seule alors que son père, avocat, est retourné vivre au Sénégal, lui fait bien tester le foot et le tennis, mais à 10 ans, c'est vers le basket qu'il se tourne définitivement (et tout naturellement). Il fait ses premiers double-pas à Talence (Gironde), avant de rejoindre les JSA Bordeaux, club dont il est aujourd'hui l'actionnaire principal.
Son intelligence de jeu et ses qualités athlétiques le mènent jusqu'à l'Insep, le pôle d'excellence du sport français, à Paris, où il rencontre Tony Parker, qui deviendra l'un de ses meilleurs amis. Il devient pro à l'été 2000, lorsqu'il rejoint Pau-Orthez. "A l'époque, il ne ressemblait pas au capitaine de l'équipe de France que l'on connaît, c'était une grande perche, très maigre", se souvient Florent Piétrus, son coéquipier en équipe de France, dans sa biographie Je n'ai jamais été petit (Ed. du Moment, 2014). L'ancien Palois décrit son coéquipier comme "un joueur extrêmement polyvalent" : "Présent au rebond, à la passe, à la mène ou à l'intérieur, il a réussi l'exploit de décrocher le titre de MVP français [meilleur joueur du championnat] en ne marquant que 7 points de moyenne par match ! raconte-t-il. Du jamais-vu !"
Pour son coach en NBA, le pourtant très avare en compliments Gregg Popovich, Boris Diaw est, en plus, un joueur performant en attaque de par sa capacité à créer du jeu, du mouvement, donc des points, mais aussi en défense. "Vous savez, dit-il, cité par USA Today (en anglais), Boris fait à peu près la même chose à chaque match : il nous aide à être une équipe plus intelligente des deux côtés du terrain." Le tacticien en chef des San Antonio Spurs, cinq fois champion NBA, évoque un défenseur "sous-estimé". Lors de la dernière finale de la ligue américaine, le Français était d'ailleurs chargé de tenir LeBron James, le meilleur joueur du monde à l'heure actuelle.
Parce qu'il soigne les statistiques des autres
Si le basketteur français a signé cet été un juteux contrat avec les San Antonio Spurs, l'une des meilleures équipes américaines, avec un jeu tout en passes et en mouvement collectif, ce n'est donc pas un hasard. La philosophie de Boris Diaw colle parfaitement à celle de sa franchise. Pourtant, l'aventure outre-Atlantique du frenchie a mal commencé, dans une ligue où le un contre un et les qualités individuelles des stars prévalent.
Débarqué à Atlanta, en 2003, avec un sac de sport pour seul bagage, raconte Grantland (en anglais), Boris Diaw s'intègre d'abord assez mal en NBA. "L’équipe me convenait la première saison, pas du tout la deuxième", explique-t-il au magazine GQ. Car son coach Mike Woodson lui demande à ce moment-là d'inscrire beaucoup plus de paniers, de forcer sa nature. "Boris, par son éducation, ne cherche pas à se mettre en valeur. Pour lui, l’important c’est l’équipe et pas de mettre des points", assure Lucien Legrand dans La Montagne. Legrand sait de quoi il parle : c'est lui qui a repéré Diaw et qui l'a intégré à l'Insep.
"Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours eu un rôle de facilitateur de jeu", résume le joueur à GQ. L'altruisme, principale qualité de Boris Diaw, est aussi l'un de ses pires défauts. L'ailier fort français recherche sans cesse la passe qui fera la différence. Comme contre la Serbie, en match de poules du Mondial, lorsqu'il sert Joffrey Lauvergne pour égaliser dans les derniers instants.
Ou encore contre la Croatie, samedi 6 septembre, en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Comme un symbole, sur l'une des plus belles actions françaises, c'est lui qui fait la dernière passe. Celle qui met, au terme d'un superbe mouvement collectif, la défense adverse hors de portée.
Mais quand il ne trouve pas la faille dans la défense, le capitaine des Bleus s'expose à des balles perdues. Parfois aussi, il refuse de prendre sa chance pour transmettre le cuir, en vain.
Parce qu'il met l'ambiance dans le vestiaire et en dehors
Reste que, du haut de ses 178 sélections en équipe de France, celui qu'on surnomme "Babac" ou le "Président" est incontestablement le leader du groupe tricolore. "L'équipe de France a généré une bande de copains, écrit Florent Pietrus dans son autobiographie. Avoir l'effectif le plus talentueux n'est pas le plus important. La complémentarité prime." Et par son jeu et sa personnalité, Boris Diaw est le liant de cet effectif.
Dans la série Bleu Blanc Tour de la Fédération française de basket, qui dépeint les coulisses de l'équipe de France, on découvre un Boris Diaw jovial, blagueur, comme quand il déclare à François Bayrou, le maire de Pau, que l'équipe ne boit que du jus d'orange, référence au sponsor des Bleus (à 2'30").
Le capitaine est aussi chargé du bizutage des nouveaux en sélection. Dans les vidéos de la fédération, on voit les joueurs faire un canular à Rudy Gobert, le jeune pivot de l'équipe, en le trompant sur la tenue adéquate à revêtir pour le repas de l'équipe (à partir de 15'). Boris Diaw est l'ambianceur en chef du groupe et un "sacré fêtard" quand il veut, selon Florent Piétrus. Ainsi, lors de la victoire des Bleus à l'Euro 2013, en Lituanie, "Boris le généreux a fait honneur à sa réputation, écrit l'intérieur français dans son livre. Il a payé toutes les bouteilles de champagne." Comme quand le numéro 13 décide de faire une passe plutôt que de la jouer égoïste.
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