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France-Espagne : la petite histoire d'une grande rivalité sportive

Alors que les Bleus et la Roja s'opposent en match amical, jeudi, au Stade de France, retour sur une rivalité historique entre deux nations voisines mais pas copines dès qu'il s'agit de sport.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Zinédine Zidane inscrit un troisième but pour la France face à l'Espagne en huitième de finale de la Coupe du monde, le 27 juin 2006, à Hanovre (Allemagne). (RUBEN SPRICH / REUTERS)

"Les France-Espagne, ça n'a jamais été des matchs amicaux." Un constat, signé du basketteur français Florent Piétrus, qui s'applique à la balle orange comme au ballon rond. Jeudi 4 septembre, Didier Deschamps et les siens affrontent la sélection ibérique, au Stade de France (Seine-Saint-Denis), en match amical donc, au lendemain d'une affiche identique en basket, lors du Mondial organisé à Grenade, en Espagne justement (avec une défaite 88-64 à la clé).

Retour sur une rivalité historique entre deux nations voisines mais pas copines dès qu'il s'agit de sport.

Sur le gazon

27 juin 1984. La France joue, à domicile, la finale du Championnat d'Europe de foot. Contre l'Espagne. Un match devenu mythique grâce à... une boulette du gardien ibérique, qui laisse échapper le ballon de ses bras sur un coup franc de Michel Platini. On appelle cela une "Arconada", du patronyme du malheureux portier. Les Bleus l'emportent finalement 2 buts à 0. Le début d'une longue série de confrontations entrées dans la légende sportive.

Ce jeudi, le match amical entre la France et la Roja sera ainsi la 34e opposition sur la pelouse des deux équipes. Avantage à l'Espagne, avec 15 victoires (contre 11 défaites et 7 matchs nuls). D'ailleurs, les Bleus n'ont plus gagné contre leurs voisins, ultradominateurs jusqu'à cet été, au Brésil, depuis ce huitième de finale de la Coupe du monde 2006. Arrogante et (trop) confiante, après une phase de poules laborieuse pour les Français, la presse espagnole promettait alors de "mettre Zidane à la retraite".

Sauf que le joueur du Real Madrid a "réservé sa réponse pour le terrain", raconte Eurosport. "Et celle-ci fut la plus belle possible." Le numéro 10 français se surpasse pour emmener son équipe, d'abord menée 1-0, au tour suivant (et jusqu'en finale, d'ailleurs). Sur le but égalisateur, Franck Ribéry vient célébrer sa frappe devant le banc de touche ibérique. Un pied de nez resté dans les mémoires collectives.

Après la Coupe du monde au Brésil, "les rôles se sont inversés" et la France part favorite, jeudi soir, dit le sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque, cité par le site de la Fifa, puisque la France a fait mieux que la Roja, éliminée en poules. "Je suis même obligé de gagner, a lâché l'attaquant Antoine Griezmann, sinon ça va chambrer dans le vestiaire de l’Atlético Madrid [son club]."

Sous les paniers

C'est un peu la même histoire au basket, depuis des années. A la fin, c'est toujours (ou presque) l'Espagne qui gagne. Entre 2007 et 2013, les Français ont ainsi été battus dix fois sur onze. Même les filles, surnommées les "braqueuses", ont été privées, en 2013, d'un titre européen en finale pour les joueuses ibériques. Ces éliminations à répétition face au même adversaire, ennemi intime, génère au fur et à mesure des années la frustration des tricolores. Une colère symbolisée par une vilaine faute (un coup-de-poing dans l'entrejambe) de Nicolas Batum sur Juan Carlos Navarro en quart de finale des JO 2012. 

Il faudra attendre le 20 septembre 2013 pour que la France prenne une revanche éclatante. Ce jour-là, Tony Parker, Boris Diaw et les autres perdent de 14 points à la mi-temps. Une fois de plus, une fois de trop. Le meneur, alors triple champion NBA (quadruple aujourd'hui), prend la parole dans le vestiaire. "A lui tout seul, ils nous a remobilisés", se souvient Florent Piétrus, autre cadre de l'équipe de France, dans son autobiographie Je n'ai jamais été petit. "J'ai également en tête la phrase que j'entends régulièrement dans la bouche des Espagnols : 'Les Français sont des joueurs impressionnants physiquement, athlétiquement au-dessus du lot. Mais ils ne savent pas jouer au basket.' J'en ai marre. Tony ne se trompe pas. Ils nous ont pris, souvent, pour de la merde. En deuxième mi-temps, un autre match se joue. Une nouvelle équipe de France est entrée sur le terrain. La plus belle mi-temps de l'histoire du basket français peut débuter."

Héroïque des deux côtés du terrain, les joueurs de Vincent Collet rattrapent leur retard et arrachent la prolongation. Ils s'imposent finalement face à leur bête noire (75-72) et filent en finale (qu'ils remportent contre la Lituanie). Plus rien ne peut les arrêter et les voilà sacrés champions d'Europe.

"Nous avons un compte à régler avec les Français", ont déclaré de concert l'intérieur espagnol Pau Gasol et le meneur Ricky Rubio avant de retrouver la France en poules de la Coupe du monde, chez eux, à Grenade. Car cette défaite en demies, l'année dernière, hante les Espagnols. Les Bleus l'ont bien senti : les spectateurs espagnols ont hué La Marseillaise lors de leur premier match face au Brésil. Contre l'Espagne, et sans Tony Parker, le meilleur joueur tricolore, les Bleus n'ont pu que s'incliner, mercredi, sur le score de 88 à 64. Mais selon toute vraisemblance, la route de la Roja et des Bleus devrait se croiser à nouveau en quarts de finale.

Sur la piste de course (et ailleurs)

Jeudi 14 août, à Zurich (Suisse). La finale du 3 000 m steeple, aux championnats d'Europe d'athlétisme, donne lieu à l'un des derniers épisodes de l'antagonisme franco-espagnol. Surprenant dans une discipline qui n'est pas habituée à des rivalités profondes. Mais après que le Français Mahiedine Mekhissi a terminé la course en tête et torse nu, la délégation espagnole décide de porter réclamation pour le destituer de son titre de champion. Le but ? Faire monter Angel Mullera, arrivé quatrième, sur le podium, à la faveur de la disqualification de Mekhissi. Une attitude qui agace dans le camp français. 

Mekhissi disqualifié, une soirée difficile pour le coureur et pour l'Equipe de France (THIERRY VILARDY – FRANCE TELEVISIONS )

Là, les Espagnols font preuve de ce qu'on leur reproche très souvent : aller râler auprès des arbitres, faire preuve de mauvaise foi, simuler, être mauvais joueurs... Des accusations récurrentes, à l'instar de celles de dopage. Heureusement, la politique sportive espagnole a choisi de développer en priorité les disciplines très médiatiques (le foot, le basket, mais aussi le tennis avec Rafael Nadal ou le cyclisme, avec Alberto Contador) et a fait l'impasse sur la natation, par exemple, ou le judo, entre autres. Des sports où, bizarrement, les Français excellent.

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