Basket : Monaco, les princes devenus rois du championnat de France
L'écrin ne pouvait pas être plus beau et majestueux. Sur le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros, où la terre battue avait exceptionnellement laissé place au parquet, Monaco s'est adjugé le premier titre de champion de France de son histoire, jeudi 15 juin, en dominant Boulogne-Levallois lors du match 3 des finales de Betclic Élite (92-85). Huit ans après son accession, la Roca Team succède à l'Asvel, triple champion en titre (2019, 2021 et 2022, le championnat 2020 n'ayant pas été à son terme). Comme un passage de témoin.
Doté du plus gros budget de l'histoire de l'élite tricolore (20,7 millions d'euros), le club de la principauté n'a rien d'un champion surprise. Mais il a assumé de bout en bout son statut de favori au sacre : premier de la saison régulière avec trois victoires d'avance sur ses dauphins (Boulogne-Levallois et l'Asvel) et, surtout, un parcours immaculé en playoffs (huit victoires, aucune défaite).
Trois échecs précédents en finale
Cette saison, les hommes de Sasa Obradovic ont donc réussi à franchir la dernière marche qui leur faisait défaut après trois échecs en finale, en 2018 face au Mans puis en 2021 et 2022 contre Lyon-Villeurbanne. À chaque fois, les Monégasques s'étaient inclinés en cinq matchs. "Enfin ce premier titre, on l'a beaucoup attendu, a confié le capitaine Yakuba Ouattara au micro de BeIN Sports après la victoire. Je me souviens l'année dernière, c'était tellement dur d'échouer si près du but. Je suis si fier de mon équipe et tellement content d'avoir apporté ce premier titre à Monaco."
Alors, face aux Metropolitans 92, ils n'ont pas laissé la série s'éterniser, balayant Victor Wembanyama et ses coéquipiers en trois manches sèches. "La saison a été très longue, on va mettre tous les ingrédients nécessaires pour essayer de finir dès jeudi", prévenait Matthew Strazel avant l'ultime rencontre.
Pour s'asseoir sur le trône du basket français, l'AS Monaco a, certes, profité des déboires de son rival rhodanien. De la très longue blessure de Joffrey Lauvergne en début de saison au forfait de Nando de Colo lors des demi-finales en passant par une pénalité pour des irrégularités sur deux contrats, l'Asvel a passé un exercice très difficile. Son effectif n'avait de toute façon pas les armes pour lutter durablement avec la Roca Team qui s'est montrée investie jusqu'au terme d'une saison à rallonge (88 matchs toutes compétitions confondues).
L'année dernière, les joueurs majeurs avaient parfois semblé assommés et démobilisés après l'élimination en quarts de finale de l'Euroligue, contre l'Olympiakos. Cette saison, ils ont au contraire surfé sur leur parcours historique en C1 conclu par une troisième place (victoire 78-66 contre Barcelone lors de la petite finale).
Une place plus importante pour les joueurs français
Il suffisait de voir le meneur star Mike James défendre corps et âme pour s'en convaincre. "Ces finales, on doit les aborder comme si c’était l’Euroligue, annonçait d'ailleurs l'intérieur lituanien, Donatas Motiejunas, avant la finale. Tous les gars veulent se battre et veulent gagner le titre de champion de France. Nous connaissons tous l’enjeu de ce championnat pour Monaco, et aussi pour nous personnellement."
L'ASM a fondé son titre sur les échecs des années précédentes. Elle s'appuie sur une base de joueurs français beaucoup plus importante, à l'image, finalement, du projet développé par Tony Parker à Villeurbanne. Le club princier a ainsi chipé Elie Okobo, MVP des finales la saison passée, et Matthew Strazel à son rival, recruté le prometteur Yoan Makoundou à Cholet et prolongé Yakuba Ouattara, devenu capitaine en cours de saison.
Conserver son bien ne sera pas chose aisée pour Monaco. Parce que l'Asvel sera revancharde, déjà. Puis parce qu'en avril, le comité directeur de la Ligue nationale de basket (LNB) a décidé d'instaurer une "luxury tax" pour compenser les avantages fiscaux dont bénéficie la principauté. Ainsi, dès la saison prochaine et pour les trois exercices à venir, les clubs dépassant "un certain montant de masse générale brute et dont la masse salariale sur le budget est supérieure à un pourcentage fixé" devront s'acquitter d'une pénalité financière. La Roca Team, dont la masse salariale (10,8 millions d'euros) représente 52 % de son budget total, est clairement ciblée. C'est le prix à payer quand on trône désormais sur le basket français.
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