Coronavirus - Nanterre 92, favorable à une saison blanche, travaille déjà sur la saison prochaine
Jean, comment vivez-vous ce confinement ?
Jean Donnadieu : "Avec ma femme, en Ile-de-France. Je lis beaucoup et pratique la méditation tous les jours. Mais on se parle plusieurs fois par jour avec mes deux fils, pour nous le basket continue."
"Pas de descente ni de champion"
Le basket professionnel français réfléchit toujours à sa fin de saison. Quelle est la position de Nanterre ?
JD : "La priorité c’est la santé de tous les acteurs et donc des joueurs. Nous, à Nanterre, on prône l’arrêt définitif de cette saison, sans champion ni relégation. 2019-2020 doit être une saison blanche. Et on recommence une nouvelle saison avec les mêmes équipes en septembre. Si vous faites des descentes, il y aura sans aucun doute des recours juridiques, les équipes relégables à l’heure actuelle ne l’auraient peut-être pas été à la fin du championnat. Et finir cette saison en septembre (il reste 9 matches à disputer) avec des joueurs qui auront changé d’équipes me paraît compliqué."
Cette position est-elle majoritaire parmi les clubs de Jeep Elite ?
JD : "Les avis sont assez partagés. Il va y avoir la réunion du comité directeur de la Ligue Nationale de Basket normalement en fin de semaine, puis c’est l’assemblée générale (avec les voix des présidents notamment) qui entérinera les propositions. Cette assemblée devrait se tenir le 11 mai. A priori, il n’y aura pas de décision définitive avant cette date."
Un budget en recul de 30% pour la saison prochaine
Aujourd’hui l’avenir est flou pour les clubs, peut-on bâtir un budget pour l’année prochaine ?
JD : "Bâtir un budget sans visibilité est un vrai casse-tête. Nous ne connaissons pas la date de reprise pour la saison 2020-2021, nous ne connaissons pas la formule avec le nombre de matches, nous ne savons pas si nous jouerons à huis-clos ou avec public, y aura-t-il des buvettes ? Aller voir nos partenaires aujourd’hui, c’est délicat. La plupart sont des PME qui ont bien d’autres préoccupations que le partenariat sportif. Elles luttent déjà pour leur survie."
Mais il faut forcément faire des projections sur l’avenir…
JD : "Pour l’instant nous travaillons sur un budget en baisse de 30% par rapport à cette année (le budget de Nanterre cette saison était d’un peu plus de 5 millions d’euros). Je préfère prendre la fourchette haute et finalement avoir une bonne surprise. Il faut établir un budget et donc à l’intérieur une masse salariale, car les recrutements de joueurs ont déjà commencé depuis plusieurs semaines."
- Avec un budget en baisse de 30%, il y a forcément une baisse de la masse salariale ?
JD : "Oui forcément. La solution de bon sens, mais je ne suis pas naïf, serait que tout le monde participe à l’effort collectif. Joueurs, agents, entraîneurs, staffs… La solution c’est de revoir les salaires à la baisse. A Nanterre, nous allons essayer de garder nos 9 à 10 contrats professionnels et il va falloir s’appuyer encore plus sur les jeunes joueurs. Mais on connaît aussi la loi du marché et le fossé va se creuser encore un peu plus entre les clubs les plus riches et les moins fortunés. Et puis il y a aussi le problème des Américains. Ils sont pratiquement tous rentrés chez eux. Vont-ils pouvoir revenir cet été ? Vont-ils vouloir revenir au vu de la situation sanitaire ? Ils forment une bonne partie des effectifs de Jeep Elite, et le marché français est limité."
La crise sanitaire va-t-elle laisser des traces pour le sport français ?
JD : "Des clubs vont connaître des vraies difficultés. Pour moi, si on parle de basket, il faut attendre un peu pour réduire l’élite (à la fin du championnat 2019-2020, la Jeep Elite devait passer de 18 à 16 clubs). Pour plus d’équité, il faut que les clubs se refassent une santé financière. Et puis, cette période débouchera peut-être sur un nouveau modèle : il faut remettre l’homme au centre du sport avant le business."
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