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Championnats européens 2022 : comment le BMX Freestyle a tissé sa toile en France

Alors que débutent les qualifications en BMX Freestyle aux Championnats européens de Munich jeudi, retour sur le virage pris par la France, où ce sport extrême est en plein essor. 

Article rédigé par Louise Gerber, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Anthony Jeanjean, figure de proue du BMX Freestyle en France, avait terminé septième lors de la première finale olympique de la discipline aux Jeux de Tokyo, le 1er août 2021. (RODRIGO REYES MARIN / MAXPPP)

Backflip, 1080, front bike. Ces termes font vibrer les riders de BMX Freestyle. Présent aux Championnats européens de Munich, dont les épreuves qualificatives féminines commencent jeudi 11 août, ce sport extrême est né aux Etats-Unis dans les années 1970. Mais sa popularité dépasse aujourd'hui le monde anglo-saxon.

C'est notamment le cas depuis son inscription au programme olympique, décidée en 2017 pour une première apparition aux Jeux de Tokyo quatre ans plus tard. Si différentes spécialités du BMX existent, celle retenue à Munich, et aux Jeux olympiques, est le Freestyle park : chaque rider effectue deux manches d'une minute, lors desquelles ils réalisent des figures sur différents obstacles (appelés modules) regroupés dans un park (structure). La difficulté, l'originalité ou encore la prise de risques sont des critères pris en compte pour arriver à la note finale de chaque athlète.

Anthony Jeanjean en figure de proue

La France dispose d'un représentant de marque en la personne d'Anthony Jeanjean, numéro un tricolore et l'un des meilleurs riders du monde (actuellement deuxième du classement mondial). Double champion européen de la discipline, en 2020 et 2021, vainqueur d'une manche de Coupe de monde le 5 juillet à Bruxelles, il était également le seul représentant tricolore lors de la première finale olympique à Tokyo – lors de laquelle il avait terminé à la septième place à la suite d'une chute en deuxième manche. 

Un palmarès qui pourrait bien donner des idées aux plus jeunes générations. "On espère que les performances d'Anthony vont créer une énergie collective, souligne Patrick Guimez, entraîneur de l'équipe de France. Qu'elles vont pousser les Français à se dire qu'ils ont aussi leur chance et qu'il ne faut pas forcément être Américain, Australien ou Britannique pour briller."

Tout s'est accéléré depuis 2019

Si Anthony Jeanjean a réussi à se faire un nom dans le Freestyle, c'est en partie grâce à la structuration de la discipline dans le pays. Depuis fin 2019, le pôle France de la discipline s'est constitué à Montpellier, ville incontournable dans cette filière, puisqu'elle accueille depuis 1997 le Fise (festival international des sports extrêmes, qui organise depuis 2016 une manche de Coupe du monde de BMX Freestyle Park).

On manquait cruellement d'une structure digne de ce nom

Patrick Guimez, coach de l'équipe de France de BMX Freestyle

à franceinfo:sport

Dans l'Hérault, les riders français sont accompagnés d'un staff et disposent d'une structure d'envergure internationale, le park Grammont, qui "a changé la donne". "On a la chance hors-norme d'avoir une structure digne de ce nom. Cela manquait cruellement jusque-là. Maintenant, on a tout ce qu'il faut pour être compétitif en Europe et dans le monde."

"En 2002-2003, je devais me rendre aux Etats-Unis pour m'entraîner, où il existait déjà des camps d'entraînement avec des rampes qu'on retrouve aujourd'hui dans les compétitions internationales, raconte Patrick Guimez, précurseur du Freestyle en France avant de se reconvertir entraîneur. Les Américains avaient vingt ans d'avance sur nous. Mais aujourd'hui, les niveaux se resserrent et certaines nations, comme la Russie, ont très rapidement rattrapé leur retard. Nous sommes également en train de combler le nôtre."

Les Jeux de Paris ont changé la donne 

Petit à petit, le Freestyle, qui ne dispose d'une Coupe du monde à part entière que depuis 2016, a été reconnu comme un sport de haut-niveau, ce qui a "indéniablement fait avancer les choses" pour Patrick Guimez. "On a pu rejoindre la Fédération française de cyclisme (FFC), puis monter une équipe de France. Le fait de devenir une discipline olympique a également joué en termes de reconnaissance."

À deux ans des Jeux à la maison, "la dynamique s'accélère", estime Jérôme Krier, responsable des sites de pratique à la FFC. Si Montpellier est la vitrine du Freestyle français, les projets de structures de niveau international se multiplient, notamment des Centres de préparation aux Jeux (CPJ), pour accueillir les délégations étrangères à Paris 2024. C'est le cas à Martigues, Sète, Méjannes-le-Clap ou encore Sérignan. 

"Tous ces projets n'auraient pas vu le jour sans Paris 2024, reconnaît Jérôme Krier, qui voit plus loin que les JO. La fédération est dans une logique d'héritage des Jeux. Nous voulons créer une vraie filière et développer des parks internationaux, mais aussi de plus bas niveau, de loisir et de perfectionnement au quotidien." Les riders français sont demandeurs et le nombre de licenciés en BMX a augmenté de 10% entre 2015 et 2021, atteignant 23 740 personnes l'an dernier. "De plus en plus de clubs se forment, ce qui n'était pas le cas il y a encore quatre ou cinq ans", souligne Patrick Guimez.

Les ambitions sont grandes pour le Freestyle français. À Munich, où se rendent cinq Tricolores, le podium est en ligne de mire chez les femmes (deux jeunes rideuses sont en lice, Laury Perez, 18 ans et 4e lors des derniers Championnats européens à Moscou et Lisa-Marie Blanc, 17 ans). De son côté, Anthony Jeanjean s'est fixé un objectif : décrocher son troisième titre européen successif. "On peut même viser un double podium chez les hommes", glisse Patrick Guimez.

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