Tour de France Hommes 2022 : 36 ans après, le terrible Col du Granon est de retour
Lors de la 11e étape de l'édition 2022, les coureurs vont conclure leur journée par le terrible col du Granon, jamais escaladé par la Grande Boucle depuis 1986.
Il ne fait pas son entrée sur le Tour de France, mais c'est tout comme. Alors que l'édition 2022 ne proposera qu'une seule nouvelle difficulté jamais escaladée (le col de Spandelles lors de la 18e étape entre Lourdes et Hautacam), un invité surprise devrait lui ravir la vedette : le col du Granon. Un monstre de pente qui viendra clôturer la 11e étape partie de Briançon, à la veille de la fête nationale le 13 juillet.
Escaladé une seule fois en 1986, lorsque Bernard Hinault avait cédé sa tunique jaune à Greg Lemond, il avait depuis été rangé au placard. Vingt-six ans plus tard, le peloton le retrouvera pour son plus grand (dé)plaisir. Et il a tout, comme le col de la Loze en 2020, pour marquer les esprits de cette édition 2022.
Déjà, car sa pente fait frémir rien qu'à voir le profil : 11,3 km à 9,2%, soit la pente moyenne la plus importante de cette édition. "Le col du Granon, c’est très dur. Il est très beau, c’est une jolie montée régulière, mais régulièrement dure. Il n’y a même pas un virage où la pente s’atténue un peu. C’est du 9,2% de moyenne avec des passages à 10%", débute notre consultant Laurent Jalabert.
Un sommet "totalement à découvert"
Les passages les moins pentus se trouvent au pied, et ils ne sont pourtant jamais en dessous de... 8%. "Le pied, c’est le plus roulant, puis on rentre dans des parties qui sont régulièrement dures." Le profil le confirme : il n'y aura aucun moment de répit pour les coureurs ce jour-là. Culminant à 2413 mètres, soit l'arrivée la plus haute de cette édition, le col du Granon cultive une ressemblance avec un autre géant situé en Provence : "Quand on sort à 4-5 kilomètres du sommet, on est totalement à découvert, il n’y a plus de végétation. Souvent, ça souffle là-haut, donc ça peut jouer sur la partie finale. Ça peut aider à creuser des écarts pour les costauds, et à perdre encore plus de temps pour ceux en difficulté", dévoile Laurent Jalabert.
Toujours avide de nouveauté pour pimenter ses parcours, l'équipe de Christian Prudhomme et Thierry Gouvenou est allée chercher ce géant oublié pour en faire un des points d'orgue de son édition 2022. Un immanquable à coup sûr, autant pour la vue que pour l'aspect sportif, comme le furent le Cormet de Roselend, réintroduit en 2018 après neuf ans d'absence, ou le col de la Loze, trouvaille du Tour 2020.
Yoann Offredo et Nicolas Geay font la reconnaissance du Col de Granon pour TLS
Impossible de se cacher
Mais l'introduire seul aurait été trop gentil : les organisateurs l'ont saupoudré juste avant du col du Télégraphe (11,9 km à 7,1 %) et du col du Galibier (17,7 km à 6,9 %), soit presque 30 kilomètres d'ascension pour attaquer les organismes comme il faut pour cette première étape de haute montagne. "A la Super Planche des Belles Filles (7e étape), on saura qui ne gagnera pas le Tour, qui faisait illusion jusque-là, qui n’était pas si fort que ça. Par contre, le col du Granon pourrait nous dire qui sera le futur vainqueur", observe notre consultant.
D'autant que réussir son ascension au col du Granon, situé à proximité de Serre-Chevalier, ne présage pas totalement d'un Tour de France réussi puisque le lendemain donne également le vertige. "En prime, le lendemain, il y a une grosse étape à nouveau, avec le Galibier de l’autre côté et la Croix de Fer, qui est un grand col", prévient Jalabert.
Alors que le peloton aura passé deux étapes en hors-d'oeuvre dans les Alpes avec les arrivées à Châtel (Suisse) puis Megève, qui n'auront pas forcément lancé la grande explication, difficile de ne pas imaginer une lutte sans merci entre les favoris lors de cette 11e étape. "Ca va être une arrivée très, très importante pour le maillot jaune. On devrait assister à une explication entre costauds car le terrain est vraiment adapté à ça. C’est une arrivée tellement exigeante qu’il n’y aura pas de place pour se cacher", conclut Laurent Jalabert.
En 2021, un certain Tadej Pogacar avait bondi sur l'occasion lors de la première étape de montagne au Grand-Bornand, pour assommer le Tour sous une pluie battante. Pour un même scénario en 2022 avec le Granon en guise de théatre ?
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