EPO, transfusions, testostérone : Lance Armstrong avoue tout
Le vainqueur déchu des sept Tours de France a reconnu "un gros mensonge" à la télévision américaine.
Comme prévu, Lance Armstrong a reconnu avoir gagné ses sept Tours de France en se dopant et s'est dit "désolé" pour un "gros mensonge" qu'il a alimenté pendant plus de dix ans, jeudi 17 janvier lors d'une émission de télévision. Mais il n'a pas semblé particulièrement repentant.
Dès le début de l'entretien qu'il a accordé à l'animatrice Oprah Winfrey, l'Américain a évacué une décennie de farouches dénégations d'un revers de la main en répondant par l'affirmative à la question de savoir s'il s'était dopé. Pour sa première interview depuis qu'il a été déchu en octobre de ses titres et radié à vie sur la base d'un rapport accablant de l'Agence américaine antidopage (Usada), Armstrong n'a jamais paru décontenancé par les questions et a maîtrisé sa prestation, en parfait communicant. Voici ce qu'il faut retenir des principales déclarations du champion déchu.
Le cocktail qui "faisait partie du boulot"
"Mon cocktail, c'était l'EPO, les transfusions et la testostérone", a ainsi précisé Armstrong, indiquant qu'il avait aussi pris de la cortisone et des hormones de croissance, comme l'avait détaillé le rapport de l'Usada. "Au début de ma carrière, il y avait de la cortisone et ensuite la génération de l'EPO a commencé (…) dans les années 90", a-t-il dit, niant toutefois s'être dopé lors des Tours de France 2009 et 2010, lorsqu'il avait repris la compétition après une première retraite à l'issue du Tour 2005.
"Je vois cette situation comme un gros mensonge que j'ai répété de nombreuses fois", a-t-il dit, le visage grave. Evoquant une "histoire tellement parfaite pendant si longtemps", Armstrong a expliqué ne pas savoir pourquoi il avait nié s'être dopé tout au long de ces années. "Vaincre la maladie, gagner sept fois le tour de France, un mariage heureux. C'est devenu un mythe", a-t-il ajouté, comme le rapporte 20 Minutes.fr. "Les gens ont le droit de se sentir trahis. Et c'est de ma faute. (...) Je vais passer le reste de ma vie à essayer de regagner leur confiance et à m'excuser auprès" d'eux. Une manière de ne pas impliquer d'autres membres de ses équipes, analyse Europe 1.fr.
De "sérieuses failles morales"
Comment Lance Armstrong se justifie-t-il ? L'ancien champion évoque "un désir impitoyable de gagner". Pourquoi n'a-t-il rien fait pour changer ? "Je n'ai pas inventé cette culture, mais je n'ai pas essayé de la changer. C'est mon erreur", explique-t-il à Oprah Winfrey, selon 20 Minutes.fr. L'ancien cycliste a aussi assuré qu'il n'avait pas l'impression de tricher lorsqu'il se dopait.
"Cela fait peur", a-t-il dit à propos de son attitude à l'époque de son règne sans partage, où il dominait le peloton sur le vélo et à côté. Il affirme que si se doper "faisait partie du boulot", il n'a jamais forcé ses équipiers à le faire. "Patron" du peloton pendant sept années, Armstrong, qui n'admettait guère la contestation de son autorité, a reconnu avoir été "un tyran" à l'époque. Le cycliste a également été confronté à un clip compilant ses nombreuses dénégations publiques : "Quand je regarde ça, je vois à la fois le connard arrogant et le philanthrope humanitaire. J'ai de sérieuses failles morales."
Des réactions partagées
Le président de l'Agence américaine antidopage (Usada), Travis Tygart, a estimé que Lance Armstrong avait fait "un petit pas dans la bonne direction" en avouant s'être dopé. L'homme qui a provoqué la chute du cycliste, en pointant son rôle majeur dans "le programme de dopage le plus sophistiqué de l'histoire du sport", s'est aussi réjoui qu'Armstrong "ait finalement reconnu que sa carrière était bâtie sur un puissant mélange de dopage et de tromperie". Mais selon lui, si l'Américain "est sincère dans son désir de rectifier ses erreurs passées, il témoignera sous serment de l'ampleur complète de ses activités de dopage".
La fondation contre le cancer Livestrong, fondée par le cycliste, s'est dite "déçue" que ce dernier ait "trompé les gens pendant et après sa carrière de cycliste", tout en témoignant sa "gratitude" au sportif pour son engagement contre la maladie.
Et maintenant ?
Alors que la deuxième partie de sa confession télévisée doit être diffusée vendredi, ces aveux exposent Lance Armstrong à des risques de poursuites par le gouvernement américain. Le Texan, qui doit rembourser les primes de course touchées pendant son règne, est déjà menacé par deux procès au civil (par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times et l'assureur américain SCA Promotions) pour des sommes qui au total dépasseraient 10 millions de dollars. Il pourrait maintenant être assailli par d'anciens parrains ou partenaires estimant avoir été dupés.
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