Cyclisme : secoué par son manager et avec le Giro dans le viseur, Julian Alaphilippe veut "redevenir la meilleure version" de lui-même

Julian Alaphilippe débute samedi une saison comme il n'en a jamais connue : a priori sans Tour de France, ni classiques ardennaises, et dans un contexte d'équipe tendu.
Article rédigé par Mateo Calabrese, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Temps de lecture : 6min
Julian Alaphilippe en reconnaissance sur les routes du Circuit "Het Nieuwsblad", le 22 février 2024. (DIRK WAEM / BELGA MAG / AFP)

"Julian est un bon gars, mais après avoir signé son méga contrat, on ne l'a plus vu." Patrick Lefevere n'en démord toujours pas. Mardi 20 février, à quelques jours de la première classique flandrienne de la saison, le Circuit Het Nieuwsblad, le manager de l'équipe Soudal-Quick Step a de nouveau critiqué Julian Alaphilippe, mais aussi sa compagne, Marion Rousse, dans les colonnes du magazine flamand Humo. Les deux hommes sont pourtant apparus côte à côte face aux journalistes, lors de la conférence de presse de rentrée de l'équipe, jeudi 22 février, sans aborder les sujets qui fâchent.  

C'est dans cette atmosphère troublée que Julian Alaphilippe lance véritablement sa saison, samedi 24 février, avant de participer à la classique Kuurne-Bruxelles-Kuurne pour la première fois le lendemain. Des premiers tours de roues sur les pavés qui annoncent un printemps tourné vers les classiques flandriennes et un programme alternant entre Belgique et Italie jusqu'au Giro, qu'il découvrira en mai, afin de "redevenir la meilleure version" de lui-même.

La vie sans la Grande Boucle 

Le double champion du monde ne participera probablement pas au Tour de France cette année, une première depuis 2017, à l'exception de l'édition 2022 qu'il avait manquée à la suite d'une lourde chute au printemps. Depuis, le Français a enchaîné les pépins physiques et les résultats en demi-teinte. L'éclosion du Belge Remco Evenepoel, leader désigné sur le Tour cet été, a aussi fait reculer Alaphilippe dans la hiérarchie de l'équipe, alors qu'il aura 32 ans en juin.

Julian Alaphilippe et Patrick Lefevere lors de la conférence de presse de l'équipe Soudal-Quick Step le 22 février 2024, avant le Circuit "Het Nieuwsblad". (DIRK WAEM / BELGA MAG / AFP)

"A mon avis, il n'a pas eu entièrement le choix, tranche Yoann Offredo, ancien coureur de classiques et consultant pour France Télévisions. Le contexte interne de son équipe est compliqué, Julian prend un peu ce qu'on lui donne." En résulte un programme inédit pour le double champion du monde, qui préfère y voir une opportunité de diversifier ses horizons : "Découvrir des courses est toujours une motivation supplémentaire (...) L'objectif est d'essayer de revenir à mon meilleur niveau, sans être forcément le meilleur du peloton (...) Je crois en mon retour au premier plan", confiait Alaphilippe mercredi dans le podcast officiel de son équipe, "The Wolfpack Howls".

Les pavés, premier terrain de jeu

En 2024, il tentera sa chance pour la quatrième fois sur le Tour des Flandres, une course qui ne lui a jamais souri, au contraire des classiques ardennaises (trois victoires sur la Flèche Wallonne). Un glissement pas si évident pour celui qui admet lui-même avec le sourire que "les pavés, c'est horrible. Je ne me réveille pas le matin en étant super content de rouler sur des pavés".

Il a pourtant les qualités d'explosivité, de résistance et d'agilité requises pour briller sur le Vieux Quaremont ou le Paterberg, les mythiques monts pavés des Flandres. Yoann Offredo lui prédit d'ailleurs un beau printemps : "Julian a souvent manqué de réussite sur les classiques flandriennes, avec des incidents. Mais c'est un coureur qui a un feeling de la course extraordinaire et qui sait se placer, ce qui est très important sur ces courses. Et il connaît par cœur ces routes, car il habite une partie de l'année en Belgique."

Une remise en jambes encourageante

Si ce week-end belge ressemble au vrai coup d'envoi de sa saison, Julian Alaphilippe a bousculé son programme dès le mois de janvier en commençant sa saison sur le Tour Down Under, en Australie. "C'est une façon différente d'approcher les grands rendez-vous, estime-t-il. Je suis curieux de voir comment je vais me sentir."

"Julian est hyper motivé, comme toujours, mais peut-être particulièrement cette année, décrit Franck Alaphilippe, son cousin et entraîneur. La semaine en Australie a été très positive, il a été présent jusqu'au bout sur l'étape la plus difficile [4e de l'étape reine et 6e du classement général]." De bon augure pour le printemps belge, mais aussi italien, car il participera également à Milan-San Remo et aux Strade Bianche, deux courses qu'il a remportées en 2019.

Le second horizon de la saison est déjà tout trouvé. "Il a déjà gagné sur le Tour de France et la Vuelta et il participera au Giro pour la première fois en 2024. L'objectif logique est de remporter une étape, ce serait une façon de boucler la boucle", ambitionne Franck Alaphilippe. Mais ce nouveau programme oblige aussi le puncheur français à faire l'impasse sur les courses qu'il affectionne : les classiques ardennaises. "Il aura besoin de récupération après les classiques flandriennes, alors qu'il enchaînait systématiquement avec les ardennaises ces dernières années, explique son entraîneur de toujours. Mais le parcours du Giro peut lui convenir."

Les JO en ligne de mire ?

Avec la course en ligne des Jeux olympiques, le 27 juillet, dans un coin de sa tête ? "Pour être honnête, je n'y pense pas encore. J'espère évidemment être sélectionné, mais j'ai d'abord beaucoup de travail à réaliser", mesure Julian Alaphilippe. Reste que le parcours semble taillé pour ses qualités de puncheur, avec une triple ascension de la butte Montmartre dans le final. Son programme lui laisserait aussi un repos bienvenu après le Tour d'Italie, qui s'achève le 26 mai. 

"C'est certain, le Giro est une meilleure option que le Tour pour préparer les Jeux olympiques. Wout van Aert a d'ailleurs fait ce choix également, analyse Yoann Offredo. Alaphilippe a connu une période un peu plus difficile, mais c'est un grand champion, une bête blessée, donc il sera encore plus redoutable." Samedi, sur la route entre Gand et Ninove, le Français a l'occasion de montrer que les plaies sont définitivement refermées.

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