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Mondiaux de cyclisme : l’Ecosse et le vélo, une histoire en pointillés encore à écrire

Pays hôte des premiers super championnats du monde de cyclisme, l’Ecosse n’est pourtant pas une nation mordue de pédale, en dehors de quelques grands noms.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La coureuse autrichienne Yvonne Marzinke, sur la piste du vélodrome Sir Chris Hoy de Glasgow, le 2 août 2023. (OLI SCARFF / AFP)

Quel est le point commun entre le monstre du Loch Ness et un vainqueur écossais du Tour de France ? Jusqu’à preuve du contraire, il n’existe pas. Grande différence : voir un natif de la terre de légendes s’imposer sur la Grande Boucle reste possible, puisque le vélo est en plein développement en Ecosse, à l’image du reste du Royaume-Uni. Alors que Glasgow accueille les premiers super championnats du monde de cyclisme, le pays se prend de passion pour la petite reine, déjà plus populaire que le nouveau propriétaire de Buckhingam.

“On est fier d’organiser ces Mondiaux”, clament quelques bénévoles croisés au Vélodrome Sir Chris Hoy, même s’ils confessent ne pas tout comprendre à ce qu’il se passe sur l’anneau de bois. Ils ne sont pas les seuls, mais leur enthousiasme et leur fierté témoignent d’une passion nouvelle des Ecossais pour la bicyclette. Posé à deux pas du Celtic Park, mythique arène des footballeurs du Celtic Glasgow, ce vélodrome flambant neuf, construit en 2014 pour les Jeux du Commonwealth, incarne ce nouvel appétit.

Quelques exceptions qui confirment la règle

Son nom, quant à lui, rappelle qu’en matière de vélo, l’Ecosse a surtout écrit son histoire sur les pistes des vélodromes. Avec six titres olympiques et 13 sacres mondiaux, Sir Chris Hoy, enfant d’Edimbourg, a fait les beaux jours des délégations britanniques. Jack Carlin, Ross Edgar, Craig MacLean ou encore Neah Evans ont eux aussi reçu leur lot de médailles mondiales et olympiques, entre autres. “Ça peut paraître bête, mais si le cyclisme ne marche pas plus en Ecosse, c’est aussi à cause de la météo”, sourit Philippa York, ex-championne du Tour de France des années 1980, lorsqu’elle s'appelait Robert Millar avant sa transition.

Celle qui a été maillot à pois du Tour 1984 ajoute que “le cyclisme sur piste a toujours dominé, et la fédération investit dedans”. Pourtant, Philippa York incarne, elle, l’autre pan de l’histoire du vélo écossais. Dans les années 1980, elle était une des meilleures grimpeuses du peloton : vainqueure d’étape sur les trois grands tours, mais aussi du Criterium du Dauphiné 1990 ou encore du Tour de Catalogne 1985.

“C’est un désintérêt culturel, comme ça arrive partout.  Par exemple en France, vous avez des régions qui adorent le cyclisme, comme la Bretagne, et d’autres où personne n’en fait.”

Philippa York, maillot à pois sur le Tour de France 1984

à franceinfo: sport

Plus grand palmarès du cyclisme sur route d’Ecosse, elle estime que “l’importance accordée au rugby et au foot, qui accaparent toute l'attention médiatique, pèse aussi. On a également un problème d’infrastructures. Au Danemark, ils en ont développé ces dernières années, et aujourd’hui ils sont au top niveau. Et puis, on a aussi besoin de stars pour entretenir la flamme, comme l’était Bradley Wiggins”. Ce qui pousse Philippa York à conclure, un brin fataliste : “On a une maigre histoire de cyclisme, avec peu de grands champions, parce qu’on n’est pas trop encouragés à l’être.”

Des courses sans lendemain

L’histoire retient également le rouleur David Millar, passé par l’équipe Cofidis entre 1997 et 2004, vainqueur d’étapes sur les trois grands tours, porteur du maillot jaune trois jours en 2000, et champion du monde 2003 de contre-la-montre (avant d’être destitué de son titre pour dopage). Deux homonymes, et c’est à peu près tout, même si de jeunes pousses comme Sean Flynn et Oscar Onley ont récemment rejoint l’équipe Team DSM de Romain Bardet. Peu fournie côté coureurs, malgré quelques grands noms, l’Ecosse ne brille pas non plus par sa faculté à organiser des épreuves de renom.

De 1957 à 1959, puis de 1967 à 1983, le Tour d’Ecosse, bien que reconnu par l’UCI, n’a jamais attiré les foules. Le palmarès, qui fait la part belle aux Britanniques, ne compte que deux noms connus : Joop Zoetelmelk, 2e en 1967, et Rudy Pevenage, 2e en 1978. Pour le reste, cette course d’une semaine, qui s'élançait systématiquement de Glasgow, n’a pas franchement marqué l’histoire de son sport. Encore moins pour sa version féminine, lancée en 2019 avec 15 équipes pour trois étapes, et qui n’a jamais connu de seconde édition après sa faillite initiale.

En dehors des championnats internationaux organisés par Glasgow (Europe en 2018, Mondiaux aujourd’hui), d’un championnat du monde de cyclisme sur piste en 1987, et d’un autre de VTT en 2007 à Fort William (lieu des épreuves de VTT Descente cette année), la terre de légendes n’a jamais inscrit durablement son nom dans la grande histoire de la petite reine. Mais il semblerait que le vent ait, comme souvent en Ecosse, décidé de tourner. 

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