Mondiaux sur piste 2022 : à Saint-Quentin-en-Yvelines, une répétition générale et de l'enjeu avant Paris 2024
Le Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, théâtre du cyclisme sur piste aux JO de Paris 2024, accueille de mercredi à dimanche les Mondiaux.
Dernier test grandeur nature pour l'écrin du cyclisme sur piste français. À moins de deux ans des Jeux olympiques de Paris 2024, le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines accueille, du 12 au 16 octobre, les championnats du monde. Et si ces Mondiaux, les deuxièmes ici après 2015, ont leur propre enjeu, il y a dans l'atmosphère des tribunes et sur les lattes de parquet de la piste, un air de répétition générale avant les trois coups qui ouvriront le théâtre de 2024.
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Car l'enjeu est double pour la France : rassurer tout le monde sur sa capacité à être prête pour les JO et confirmer le renouveau de la piste française. Premier à prendre le micro lors de la cérémonie d'ouverture, Michel Callot l'a résumé d'emblée : "Ces championnats du monde vont venir clore une année exceptionnelle pour la France avec les Mondiaux de VTT, de BMX et de la piste. C'est un trait d'union vers les JO 2024 puisqu'ici se tiendront les mêmes épreuves. C'est une répétition à la plus haute échelle, puisque c'est un championnat du monde", s'est félicité le président de la Fédération de Cyclisme (FFC).
Trois compétitions majeures en sept ans à Saint-Quentin-en-Yvelines
La FFC, sur tous les fronts, avait déjà accueilli en 2021 les Mondiaux normalement dévolus au Turkménistan, mais finalement relocalisés à Roubaix en raison de la crise sanitaire. Le vélodrome national devient un habitué, puisqu'après les Mondiaux 2015 et 2022, il recevra une troisième compétition majeure en sept ans lors des Jeux.
Pour l'occasion, une délégation de Paris 2024 a été dépêchée sur place pour juger sur pièce de la préparation. Dans les tribunes, le public est clairsemé pour cette première journée, mais devrait faire salle comble le week-end, alors que l'organisation a annoncé 5 000 personnes par jour de compétition. Les grappes de supporters se réveillent à chaque passage de leur nation. Xavier est venu de Mayenne pour faire découvrir la discipline à ses deux enfants. "C'est très particulier, mais ça leur permet de voir autre chose que le cyclisme sur route !", précise-t-il. Déjà mordus, les rejetons acclament les membres du contingent français. L'un n'a d'yeux que pour Melvin Landerneau, l'autre pour Mathilde Gros.
Un peu plus loin, un trio américain s'époumone à grandes respirations, affublé d'une pancarte "Up, up, up America". Venus directement de… Californie, ils n'ont pas fait le voyage pour rien : la dernière, McKenna McKee, fait partie de l'équipe nationale de poursuite. A seulement 18 ans, elle découvre l'ambiance des Mondiaux, elle qui fait également partie de l'équipe Novo Nordisk, composée de coureurs diabétiques. "Nous essayons de la suivre autant que nous pouvons, ses grands-parents et moi, dévoile sa mère. Nous restons toute la semaine, peu importe les résultats de McKenna !", précise la mère.
Soutien sans faille et public épars
Quelques rangs devant, une autre famille d'athlètes s'esclaffe bruyamment : les parents de l'Allemande Lea Sophie Friedrich, déjà quintuple championne du monde à 22 ans. Ils sont venus en caravane de Bad Gastein, une station de ski proche de Salzburg (Autriche). "Je suis supporter autrichien normalement, mais quand Léa court, je dois être supporter allemand !", lâche-t-il dans un rire. Cheveux tombants grisonnants et faux air de Jeff Bridges dans The Big Lebowski pour lui, masque de ski et cheveux blonds platine pour elle, ils haranguent la sélection allemande, drapeau floqué d'un aigle sur les genoux. Avec un billet à 200 euros pour les cinq jours de compétition, ils en profitent pour encourager tout le monde, notamment… Mathilde Gros, une amie de Lea Friedrich. "Si Mathilde court, on va la supporter, mais si elle est face à Léa, notre choix sera rapidement fait !", sourit-il.
La jeune sprinteuse française, classée parmi les meilleures espoirs tricolores, espère passer un cap en glanant un premier titre mondial après trois européens. "Ces championnats du monde, ça va être vraiment une répétition générale pour les Jeux de Paris. J'ai encore énormément de choses à travailler pour réaliser mon rêve : être championne olympique en 2024", soulignait-elle à l'AFP.
Virage serré pour la piste française
Si ces Mondiaux ne font pas partie des compétitions qualificatives pour les JO 2024, la France se doit de retrouver son rang, après un dernier exercice olympique raté (deux médailles, en bronze), bien rattrapé en août aux championnats d'Europe, avec quinze médailles, dont six titres. "Grégory Baugé nous fait prendre conscience qu'on a le talent pour gagner", souligne à l'AFP Sébastien Vigier, appuyant sur l'importance de l'arrivée du Tigre en tant qu'entraîneur du sprint en mars dernier.
Début des Mondiaux de cyclisme sur piste à St-Quentin-en-Yvelines ! ♂️L'équipe de vitesse française (Vigier, Landerneau, Gillion) qualifiée avec le 2e temps ! #SQY2022 pic.twitter.com/Pr0cbaw4QX
— Théo Gicquel (@theoogicquel) October 12, 2022
Avec Florian Rousseau aux manettes de toutes les équipes de France depuis novembre 2021, la FFC est allée chercher ses vieilles légendes pour en façonner de nouvelles. Rigueur, préparation mentale, charge de travail accrue : la piste française tente de se réinventer, chrono à la main, pour ne pas rater Paris 2024. "La rigueur, ça englobe vraiment beaucoup de choses : la préparation mentale, l'entraînement, se coucher aux mêmes horaires, la nourriture... C'est vraiment vivre vélo et vivre Paris 2024", insiste Corentin Ermenault, multiple champion d'Europe de poursuite.
"Ils sont en prise de confiance, car les derniers championnats se sont bien passés. C'est important pour être serein et prendre de bonnes décisions en course", poursuit François Pervis, septuple champion du monde. Le scratch féminin et la vitesse par équipes ont déjà rendu le verdict, sans médaille pour la France pour l'instant. Ces Mondiaux sur piste ne font que débuter, mais le compte à rebours vers 2024 est, lui, définitivement lancé pour la piste française.
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