: Reportage Tour de France 2021 : bienvenue à Wawa Land, sur les terres de Warren Barguil
Local de l’étape au départ de Lorient, lundi, Warren Barguil a été fêté par les siens aux abords du pont du Bonhomme, à quelques mètres de sa maison d’enfance et de sa résidence actuelle.
"Le Tour de France de mes rêves, c’est celui qui passe devant chez moi", aime à dire le patron de la Grande Boucle, Christian Prudhomme. Lundi 28 juin 2021, le Tour a offert son "étape de rêve" à un coureur français : Warren Barguil (Arkea-Samsic). Au départ de Lorient pour la 3e journée de course, "Wawa" a eu le privilège de voir le Tour emprunter les routes de son enfance, mais aussi celles de son quotidien puisque le coureur breton demeure toujours dans la région lorientaise aux abords du pont du Bonhomme. Un pont qu'il emprunte chaque jour pour emmener son fils à la crèche, et où les locaux lui ont rendu l’amour qu’il porte à sa Bretagne natale.
Barguil, Breton et fier
Il est 9h du matin, rond point de Kermorvan dans la périphérie de Lorient : veste de l’Avenir Cycliste Lanester sur le dos, Jean-Claude Sagot et plusieurs membres du club s’affairent déjà. "Ca fait trois semaines qu’on prépare ces pancartes, on a tout prévu", sourit, fier, Jean-Claude, retraité membre du bureau du club depuis des années et ancien mécanicien de Warren Barguil. "J’ai passé trois ans à sillonner la France avec lui, à être ses petites mains, je préparais ses bidons d’eau-grenadine", raconte-t-il. "Warren n’était pas chiant, au contraire. On a eu des coureurs moins forts que lui mais bien plus difficiles à vivre", assure Jean-Claude, tout en peaufinant son décor.
Dix ans après son départ d’un club devenu trop petit pour son talent à 20 ans, le puncheur-grimpeur breton est attendu par ses anciens compagnons de route. "On a donné rendez-vous à nos membres ici, c’était impensable de ne pas fêter le passage de Warren", justifie le président de l’AC Lanester, Stéphane Le Crom. Car même s’il a quitté le club en 2011, "Wawa" en est resté proche, au point d’y prendre sa licence jusqu'en 2020. D’ailleurs, son père Denis y est toujours dirigeant, tandis que son petit frère Bryan y roule en cadet. "Warren sait d’où il vient, il a grandi ici, à Inzinzac, Hennebont et Lanester, sa femme Gabrielle vient d’ici aussi", précise le président. Et le coureur breton aime sa région autant qu’elle l’aime. La preuve : quand tous les coureurs partent en Andorre ou sur la Côte d’Azur, lui reste fidèle au Morbihan.
“Je suis parti un an à Nice, ça ne l’a pas fait. J’ai un confort de vie ici que j’apprécie énormément, il y a toute ma famille, tous mes amis. Je me donne à 100%, je fais attention à tout, mais je ne peux pas m’éloigner de ma famille. Pour ma performance : je préfère être ici."
Warren Barguilà franceinfo
Même avant de rejoindre l’équipe bretonne d’Arkea-Samsic en 2018, Warren Barguil s’était déjà rapatrié chez lui. Question d’équilibre. "C'est un vrai breton, avec un caractère de breton. Ce n’est pas rare de le voir aller pêcher en mer avec un de ses premiers entraîneurs, Guy Nivinou, ou faire du bateau avec son ami Gildas Le Priellec", illustre Stéphane Le Crom. "Quand il peut, il vient rouler avec nous, saluer les jeunes du club. C’est quelqu’un de très abordable et amoureux de sa région", affirme Jean-Claude, qui le prouve par une anecdote.
"En 2012, quand il courait à Etupes en Franche-Comté, il a insisté pour venir faire le Tour de Belle Île alors que son équipe ne venait pas. On l’a accueilli parmi nous, il a roulé avec l’AC Lanester avec son maillot d’Etupes. C’était la star du jour"
Jean-Claude Sagotà franceinfo
La caravane arrive, l’heure est venue de traverser le pont du Bonhomme, cher à "Wawa", qui surplombe la baie de Lorient où vit le coureur. C’est donc ici que son fan club, fondé et géré en partie par sa famille et qui compte 550 membres, a décidé de s’installer pour la journée. Et avec la manière : partout, des pancartes, banderoles, drapeaux et ballons à l’honneur de Barguil. Et des gens, des centaines de gens qui n'ont qu'un nom à la bouche, ou plutôt deux syllabes : Wawa.
"Avec Warren, on est habitué à vivre de belles émotions depuis quelques années, mais aujourd’hui c’est assez unique. On devait faire quelque chose de spécial pour fêter ça", justifie son père, Denis, polo du fan club sur le dos. Une émotion décuplée par le passage du petit frère Bryan, membre de l’équipe de cadets du jour qui a l’honneur de faire l’étape en lever de rideau : "Voir deux fistons un même jour sur la route du Tour, c’est unique dans une vie !", s’émeut le papa, alors que les enceintes font honneur à la musique bretonne, le tout dans une odeur de galette qui embaume les lieux. Maillots Arkea-Samsic sur le dos, les amis du coureur assurent l’animation en remixant tout le répertoire breton et des stades en y incluant "Wawa".
"Vous avez vu tout ce monde, c’est magnifique. On est un peu dépassé, on n’a déjà plus de crêpes à vendre, mais je suis très émue de voir tous ces gens pour Warren."
Betty Barguilà franceinfo
A quelques minutes du peloton, la grande famille Barguil se réunit, espérant que Warren puisse s’arrêter : ses parents, sa soeur et son frère, son épouse et son fils - pour ne citer qu’eux - sont vite entourés d’une nuée de journalistes prêts à saisir ce moment rare sur un Tour. L'excitation grandit, les véhicules approchent : toute la foule espère voir Warren Barguil détaché du peloton, s’arrêter une vingtaine de secondes. Pour la beauté du geste.
On s'interroge entre voisins, on se rassure : le bruit court qu’il va s’arrêter, c’est sûr. Mais pris dans la vitesse du peloton qui vient à peine de franchir le départ réel, "Wawa" ne met pas pied à terre. Raté. Mais ce n'est pas grave : ici, les gens l'aiment trop pour lui en vouloir, malgré la petite déception. "Je ne suis pas déçu, je l’ai vu, et il nous a entendu, c'est le principal", confie son père Denis. La chaude ambiance retombe. Après avoir donné de la voix pour lui, les amoureux de Wawa rentrent l’encourager devant leur TV. De toute façon, ils le voient toute l'année sur cette même route.
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