Tour de France 2021 : Alaphilippe, Gaudu, Démare... Quelles sont les meilleures chances françaises ?
Julian Alaphilippe, David Gaudu et Arnaud Démare devraient être les Français les plus en vue sur ce Tour de France 2021.
La France du cyclisme y était habituée depuis dix ans. Depuis 2011, chaque édition du Tour de France comptait au départ soit Romain Bardet, soit Thibaut Pinot, soit les deux. Cette année marque un tournant puisque ni le Franc-Comtois (problèmes de dos) ni l'Auvergnat (sur le Giro) ne sont au grand départ, à Brest, samedi 26 juin. Alors qui d'autre pour prendre la relève pour le classement général ? Qui pour se mêler aux grosses cuisses lors des sprints ? Qui pour ravir la France en décochant une étape ? Eléments de réponse.
Deux cartes françaises pour le classement général
Sans Pinot et Bardet, deux hommes peuvent légitimement prétendre à un top 10 sur cette 108e édition du Tour de France : David Gaudu et Guillaume Martin. Pour sa deuxième Grande Boucle en 2019, Gaudu avait été l'équipier modèle pour un Pinot malchanceux. Épatant lors de l'ascension du Tourmalet, le jeune Breton avait terminé 13e sans objectif de classement général.
Son premier Grand Tour en tant que leader - la Vuelta 2020 après l'abandon rapide de Pinot - a confirmé ce que beaucoup imaginaient : Gaudu a les épaules pour être la carte numéro 1 de Groupama-FDJ sur un Grand Tour. Avec deux étapes et une 8e place dans son escarcelle, le natif de Landivisiau a suivi la progression logique.
"Côté français, Gaudu est le mieux placé, même avec les deux chronos", explique le sélectionneur national et consultant pour France Télévisions Thomas Voeckler. "Il a annoncé qu'il jouerait le général, en l'absence de Pinot, et ce, même si la Groupama a des coureurs dévoués à Arnaud Démare pour aller chercher des étapes et le maillot vert", ajoute l'ancien baroudeur.
L'autre aspirant français à un top 10 se nomme Guillaume Martin. Le grimpeur de la Cofidis, qui a découvert sur le tard le Tour de France en 2017, à 24 ans, n'a depuis cessé de progresser sur le Tour : 23e en 2017, 21e en 2018, 12e en 2019 et enfin 11e l'année dernière. Plus besogneux que spectaculaire, le Parisien n'explose jamais mais rivalise difficilement avec les meilleurs sur l'ensemble des trois semaines, notamment en chrono. "Je vois bien Guillaume Martin également, même s'il sera pénalisé comme Gaudu par les deux contre-la-montre. Ils chasseront peut-être plus les étapes, vu que le profil du Tour est moins montagneux, mais leur ADN c'est de jouer le général", continue Thomas Voeckler.
On citera également Warren Barguil, toujours difficile à lire avant le départ de la Grande Boucle. En 2017, il avait réalisé un tour de force inattendu en glanant deux étapes et le maillot à pois. Pierre Latour, 13e en 2018, arrive lui avec une très bonne préparation et a pour lui d'être le meilleur rouleur de tous les favoris tricolores, alors que cette édition compte 51 kilomètres de chronos quasiment plats. Enfin, la surprise pourrait venir d'Aurélien Paret-Peintre : 16e du dernier Giro et 9e de Paris-Nice en début d'année, le natif d'Annemasse aura les mains libres pour conduire son Tour comme il le souhaite au sein d'une formation AG2R-Citroën dépourvue de leader clair pour le général. "Chaque année, on a une révélation. Cette année, je mise sur Aurélien Paret-Peintre", conclut Thomas Voeckler.
Une vraie chance au sprint malgré un plateau dense
Peter Sagan, Caleb Ewan, Sonny Colbrelli voire les deux ovnis Wout van Aert et Mathieu van der Poel : la crème du sprint mondial s'est encore donné rendez-vous en France en juillet. Mais tous n'arrivent pas dans la même condition : si Sonny Colbrelli et d'autres en ont fait leur objectif principal de l'année, Peter Sagan et Caleb Ewan sortent du Giro, alors que Wout van Aert et Mathieu van der Poel ont également d'autres terrains de jeu.
Un plateau fourni donc, mais pas une caste hermétique pour les Français. Ils sont quatre à prétendre jouer les premiers rôles sur les emballages massifs cette année : Arnaud Démare (Groupama-FDJ), Nacer Bouhanni (Arkéa-Samsic), Bryan Coquard (B&b Hotels p/b KTM) et Christophe Laporte (Cofidis). Le premier revient sur le Tour pour la première fois depuis 2018, après deux passages réussis sur le Giro. "Arnaud Démare est la meilleure chance française quand les étapes sont vraiment plates. On a au moins huit étapes destinées aux sprinteurs sur le papier, mais c'est difficile de dire avant le début de la course. C'est un plateau tellement relevé, et ça dépend aussi des coéquipiers de chacun. Même si Caleb Ewan fait quand même figure d'épouvantail", analyse Thomas Voeckler.
En 2018, le Beauvaisien s'était imposé à Pau devant… Christophe Laporte, qui a encore musclé son bagage de sprinteur sur les arrivées en pavés ou en côte. "Sur les étapes plus escarpées où les sprinteurs auront plus de mal, Christophe Laporte peut être une très belle surprise pour les Français", ajoute le sélectionneur national.
Enfin Nacer Bouhanni et Bryan Coquard seront en embuscade, eux qui n'ont pas connu la victoire cette saison mais qui ont beaucoup tourné autour (15 tops 10 pour Coquard, 7 pour Bouhanni).
Les baroudeurs prêts à en découdre
Si la France attend depuis 1985 un successeur à Bernard Hinault, les Français ont pris la bonne habitude de ne jamais repartir bredouilles de la grande messe de juillet. Il faut remonter à 1999 pour trouver trace de la dernière édition sans vainqueur d'étape tricolore. Et cette année, autant la valeur que les profils des prétendants à lever les bras incitent à l'optimisme. En montagne, Warren Barguil, Nans Peters ou pourquoi pas Quentin Pacher devraient jouer devant. Pour les étapes avec des côtes plutôt raides, Benoît Cosnefroy ou Valentin Madouas se frottent déjà aux meilleurs toute l'année. "Ce sont des coureurs de très grande valeur. Dans l'esprit des gens, forcément ils sont un peu derrière les Alaphilippe, Pinot etc. Mais Warren Barguil, son maillot à pois, il va le chercher il n'y a que cinq ans ! Benoît Cosnefroy revient bien après un début de saison compliqué", explique Thomas Voeckler.
Sur la plaine, le prometteur Anthony Turgis ou même Christophe Laporte peuvent flairer le bon coup et régler un petit groupe au sprint. "Leur force, c'est que justement ils n'auront pas de prise de tête pour le général, ils saisiront les opportunités quand les gros se neutraliseront. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils seront dignes du Tour et qu'ils donneront tout pour aller chercher des étapes", ambitionne le sélectionneur.
Alaphilippe, l'iconoclaste
Enfin, il en reste un, inclassable, indéfinissable, qui depuis 2018 a braqué le cœur des Français de juillet. Tout juste heureux papa mi-juin, Julian Alaphilippe a écourté son Tour de Suisse pour assister à la naissance de son premier enfant. "Devenir père est vraiment quelque chose de spécial, c'est une émotion unique qui donne beaucoup d'énergie. Maintenant, je vais aller sur le Tour dans quelques jours, donc je ne passerai pas trop de temps à la maison, mais je peux dire que c'est le plus beau moment de ma vie", se réjouit le Français dans des propos rapportés par son équipe. Un départ alors qu'il peaufinait sa préparation, avec la troisième place du général. "Mes sensations étaient bonnes en Suisse. J'y suis allé avec l'ambition de gagner une étape, mais aussi pour accumuler des kilomètres avant le Tour", explique le champion du monde.
Le Français tentera d'imiter Bernard Hinault (en 1981) et de réussir là où Luc Leblanc (en 1985) et Laurent Brochard (en 1998) ont échoué : remporter une victoire d'étape avec le maillot arc-en-ciel, alors qu'il pourrait encore nous jouer un drôle de tour et se mêler à la lutte pour le classement général. "L'objectif sera de remporter une victoire d'étape. Lever les bras là-bas, sur la plus grande course du monde, avec le maillot de champion du monde sur les épaules, serait quelque chose de vraiment spécial", conclut Alaphilippe. Le natif de Saint Amand-Montrond, dans le Cher, qui a remporté au moins une étape lors de ses trois précédentes participations, a une première de semaine de rêve pour y parvenir.
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