Tour de France : qu'est-ce que le tramadol, la substance illicite qui a conduit à la disqualification de Nairo Quintana ?
L'UCI a annoncé mercredi que le leader de la formation Arkéa-Samsic avait été contrôlé positif à cette substance à deux reprises sur la dernière Grande Boucle.
Près d'un mois après avoir été figé à Paris, le classement du Tour de France 2022 est chamboulé. Sixième du général, Nairo Quintana a appris sa disqualification mercredi 17 août à cause de deux contrôles positifs au tramadol.
Cette substance interdite par l'Union cycliste internationale est "un antalgique qui traite les douleurs moyennes. C'est plus puissant que le doliprane, mais moins que la morphine. Les cyclistes l'ont utilisé car cela masque la douleur", explique le médecin du sport Thomas Simon.
Ce médicament présente de nombreux effets secondaires. "Au-delà de la dépendance à cet opiacé, il peut créer des hallucinations, des troubles de la concentration, des vertiges et des nausées. Cela pose problème dans un peloton où une chute peut emporter de nombreux coureurs", détaille Thomas Simon.
UCI statement concerning Nairo Quintana Rojas https://t.co/XI0QLJ35XR pic.twitter.com/7C5PmlAnt5
— UCI_media (@UCI_media) August 17, 2022
Si le tramadol ne fait pas partie des substances illicites recensées par l'Agence mondiale antidopage, l'UCI l'a interdi le 1er mars 2019 face à la recrudescence des chutes, présumant qu'elles pouvaient être liées à la prise du médicament. En revanche, l'UCI insiste dans son communiqué : utiliser cet antalgique "ne constitue pas une violation des règles antidopage".
C'est pourquoi le Colombien n'est pas suspendu, mais simplement déclassé du dernier Tour de France. Il sera bien au départ de la Vuelta, qui s'élance vendredi d'Utrecht, aux Pays-Bas.
"Tout le monde en prenait"
"Ce n'est pas comme de l'EPO ou une substance dopante. Le tramadol n'améliore pas la performance. Il se rapproche plus d'une infiltration par exemple, dans le sens où il calme des douleurs. Certaines fédérations sportives l'autorisent. Il a été interdit par l'UCI pour ne pas que les cyclistes aillent plus loin que leurs limites", précise Thomas Simon
"Le tramadol, c'est un traitement de confort. On ne peut pas demander d'autorisation spéciale à usage thérapeutique sur un antalgique. Cette dérogation est réservée aux sportifs diabétiques ou asthmatiques par exemple", ajoute le traumatologue du sport.
Selon ce dernier, officiellement, "le trémadol représentait 5% des controles positifs en course lors des études précédant l'interdiction du médicament". Officieusement, son utilisation était très courante, assure Yoann Offredo. "Tout le monde en prenait, sauf les équipes qui s'étaient engagées auprès du Mouvement pour un cyclisme crédible, qui avait déjà interdit cette substance, témoigne l'ancien professionnel, qui a couru au temps où cette substance n'était pas encore interdite. Moi je n'en ai jamais pris, mais chez les Anglo-Saxons, dans la formation Sky par exemple, c'était courant."
"Comme ce n'était pas interdit par l'UCI, des médecins en prescrivaient. Cela permettait de limiter la douleur mais ça les rendait tous groggy. Ils prenaient beaucoup, beaucoup, de caféine pour contrebalancer les effets secondaires."
Yoann Offredo, ancien coureur cyclisteFranceinfo: sport
Dès lors, pourquoi Quintana a-t-il pris cette substance interdite ? "Le point de départ, c'est la douleur", rappelle le médecin Thomas Simon. Dans son communiqué, l'UCI a expliqué que les deux échantillons incriminés ont été prélevés les 8 et 13 juillet, après deux étapes majeures : à l'arrivée à la Super Planche des Belles Filles (la 7e étape, où Quintana finit 15e), et au col du Granon (11e étape), où il a terminé derrière Jonas Vingegaard, le jour où le Danois a renversé le Tour.
De son côté, Nairo Quintana a nié toute utilisation intentionnelle du médicament d'après un communiqué publié sur ses réseaux sociaux (en espagnol). Le Colombien se dit "surpris" et annonce "étudier toutes les options pour assurer sa défense" avec ses avocats.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.