À Soyaux, le premier club de football féminin fait sa révolution
L’aventure a démarré il y a plus de 50 ans. Soyaux a été la première commune à fonder un club spécialement dédié aux filles. Aujourd’hui, le club est toujours dans l’élite et se professionnalise à grande vitesse.
Plus de cinquante ans après avoir créé le premier club de football spécialement dédié aux filles, Soyaux reste une place forte de ce sport. L’équipe a résisté aux temps et continuer d’évoluer parmi l’élite en Division 1. Mais le club vit désormais une petite révolution : trois joueuses viennent de signer des contrats fédéraux et plus de trois quarts de l’effectif a un agent pour gérer sa carrière.
Siga Tandia, la capitaine de l’équipe, est l’une des joueuses à avoir signé un contrat. En découvrant son premier bulletin de salaire de footballeuse, elle a changé de statut social : "C’est mon métier : footballeuse à temps plein". Avant, lorsqu’elle se présentait, la jeune femme de 30 ans parlait d’abord de son métier d’aide-soignante à l’hôpital puis de son brassard de capitaine. Son salaire est aujourd’hui un peu plus bas mais elle affirme avoir gagné en qualité de vie. "Ça n’a rien à voir, tout est fait pour que je me concentre [sur le football]", précise Siga Tandia.
À la découverte du foot-business
Autre bouleversement à Soyaux cette saison : la présence, dans les tribunes du stade Léo Lagrange, d’agents de joueurs venus démarcher les féminines. "Entre 75 % et 80 % de mon effectif a un agent, explique l’entraîneur Sébastien Joseph. Ils ont aussi un portefeuille de garçons, ils ne travaillent pas qu’avec une joueuse. Pour certains, je les ai quasiment toutes les semaines au téléphone."
Peu à peu, Soyaux découvre le foot-business, loin des mastodontes comme l’Olympique Lyonnais ou le Paris-Saint-Germain. "Ils sont armés parce qu’ils ont tout l’aspect juridique, rappelle Bernadette Constantin, 53 ans, ancienne internationale et milieu de terrain emblématique du club. Il y a des choses qui nous dépassent, il y a des intermédiaires."
On doit vraiment apprendre très vite parce qu’on peut vite exploser. Ça devient une entreprise.
Bernadette Constantinà franceinfo
Mais cette révolution ne change rien à l’attachement de la population au club, veut croire Maryline Fort, la présidente de l’ASJ Soyaux : "On a plus de 3 600 personnes qui suivent régulièrement notre Facebook. Les filles ne se prennent pas trop la tête, aucune fille n’a le melon. Elles vont vers les gens". Néanmoins, le plus souvent, c’est l’inverse qui se produit. "Ça peut être partout : à Carrefour, à la boulangerie, à n’importe quelle heure, on peut croiser quelqu’un, raconte, amusé, la capitaine Siga Tandia. Ils savent nous dire si on a été mauvais."
On est loin d’être des stars ou des vedettes. On est vraiment dans un club à part.
Siga Tandiaà franceinfo
Même dans l’univers du foot-business, Soyaux reste un terrain de légende pour des professionnelles qui sont restées des filles toutes simples.
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