Récit Ligue 1 : comment l’AS Saint-Etienne est passée des bas-fonds de la Ligue 2 à un retour dans l’élite, après deux ans de purgatoire

Le vert est la couleur de l'espoir, apaisante, qui inspire le calme et l'harmonie, paraît-il. Tout le contraire de ce qu'ont vécu les amoureux de l'AS Saint-Etienne depuis un peu plus de deux ans et la relégation des Stéphanois en Ligue 2. A l'issue de la saison 2021-2022, les Verts retrouvaient en effet la seconde division pour la première fois depuis dix-huit ans. 

Mais, samedi 17 août, Saint-Etienne s'apprête à reprendre sa place en Ligue 1, avec un déplacement sur la pelouse de l'AS Monaco (21 heures). La fin d'une parenthèse qui n'aura pas épargné les cœurs d'un peuple stéphanois qui, sans le savoir, avait pris un ticket pour deux années de montagnes russes, avant de connaître la libération sur la pelouse de Metz, le 30 mai, lors du barrage retour d'accession à la Ligue 1. 

Lanterne rouge de Ligue 2

Avant cette soirée lorraine, les barrages restaient un cauchemar pour les Verts. En mai 2022, après plusieurs saisons à flirter avec la relégation, l'ASSE jouait sa survie face à l'AJ Auxerre. Après deux matchs nuls (1-1, 1-1), la dramaturgie de la soirée a été poussée à l'extrême avec un sort qui s'est joué aux tirs au but : 5-4 pour Auxerre, promu en Ligue 1. Dans le Chaudron de Geoffroy-Guichard, la colère du public stéphanois déferlait sur la pelouse, tandis que plusieurs d'entre eux tentaient de s'en prendre physiquement aux dirigeants.

Quelques semaines plus tard, à l'heure d'aborder sa nouvelle vie de pensionnaire de Ligue 2, Saint-Etienne se voyait sanctionné de plusieurs matchs à huis clos et d'un retrait de trois points. Un contexte loin d'être idéal pour le club 10 fois champion de France, candidat naturel à une remontée immédiate. Pour s'en donner les moyens, les Verts font alors appel à Laurent Batlles, ancien joueur et entraîneur adjoint du club, qui avait fait monter Troyes en Ligue 1 en 2021. Mais, à l'image d'un 6-0 encaissé à domicile face au Havre, la première partie de cette saison 2022-2023 vire au cauchemar.

Début 2023, Saint-Etienne est lanterne rouge de Ligue 2. Une nouvelle fois, la colère se met à gronder. Mais, portés par un buteur en feu (Jean-Philippe Krasso) et des recrues hivernales performantes (Gautier Larsonneur, Niels Nkounkou), les Verts reprennent des couleurs. De quoi terminer la saison dans la première partie de tableau, reconquérir le public et, surtout, redonner de l'espoir et des ambitions pour la saison suivante. Car si l'ASSE a manqué la montée en 2022-2023, hors de question que ce soit de nouveau le cas la suivante.

Un anniversaire qui vire au fiasco

Pour sa deuxième saison consécutive en Ligue 2, Saint-Etienne assume son statut, malgré les départs de Krasso et Nkounkou. Installés à la deuxième place du championnat, les Verts reçoivent le Paris FC le 4 novembre 2023, date choisie par le club pour fêter ses 90 ans. Contre toute attente, l'ASSE s'incline (0-1). 

Le vert de l'espoir s'assombrit alors en quelques semaines, avec cinq défaites consécutives : du jamais-vu dans le Forez depuis l'avant-guerre. L'heure est grave. Saint-Etienne retombe à la 7e place et Laurent Batlles est démis de ses fonctions. Olivier Dall'Oglio est appelé à la barre du navire stéphanois. Il stoppe l'hémorragie avant que son équipe ne souffle le chaud et le froid pendant quelques semaines.

Le printemps 2024 arrive et, comme il le fait si bien, il reverdit le paysage autour du Chaudron. Sur la pelouse d'Angers, alors solide deuxième, l'AS Saint-Etienne s'impose 3-0 lors de la 25e journée. Mieux encore : prêté en janvier par Augsbourg, l'attaquant Irvin Cardona débloque enfin son compteur avec un doublé. Le début d'une folle fin de saison pour lui, auteur de 10 buts en 22 matchs, et pour les Verts. Après sept victoires en huit rencontres, dont un match charnière face à Bordeaux (menée 1-0 à la 90e et réduit à dix, l'ASSE s'impose 2-1), Saint-Etienne est deuxième.

Changement de dimension et nouvelle ère

Contre toute attente, Saint-Etienne se retrouve dans la position de jouer la montée directe en Ligue 1, en accrochant la deuxième place derrière l'intouchable leader auxerrois. Mais les Verts enchaînent plusieurs faux pas et laissent Angers repasser devant. Finalement troisièmes, les Stéphanois éliminent leur bête noire, Rodez, en playoffs (2-0). De quoi valider leur ticket pour le barrage aller-retour face au FC Metz, 16e de Ligue 1.

Dans un stade Geoffroy-Guichard à guichets fermés pour la septième rencontre d'affilée, un record dans la longue histoire du club, les Verts s'imposent à l'aller (2-1). Le 30 mai, ils abordent ainsi le retour à Metz en pleine confiance, mais les Lorrains sont transfigurés et s'imposent (2-1). L'interminable attente s'éternise pour les Verts, qui craignent une nouvelle séance de tirs au but cruelle, comme face à Auxerre deux ans plus tôt. Mais, sur un but d'Ibrahima Wadji, l'ASSE arrache son ticket pour la Ligue 1 à l'issue de la prolongation.

Les bonnes nouvelles n'arrivant jamais seules, dès le lendemain, une annonce tombe : après des années de tractations et de déceptions, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer vendent enfin le club. Les deux coprésidents cèdent leurs parts à Kilmer Sports Ventures, groupe canadien basé à Toronto, spécialisé dans les investissements dans le monde du sport et des médias. Figure de proue de ce nouveau projet : le Sud-Africain Ivan Gazidis, nommé président de l'ASSE après avoir été directeur général d'Arsenal (2008-2018) et président de l'AC Milan (2018-2022).

En quelques jours, les deux sombres années en Ligue 2 sont balayées par le vent d'espoir qui reverdit les cœurs stéphanois. L'AS Saint-Etienne retrouve, coup sur coup, la Ligue 1, la stabilité financière et l'ambition, après des années à bricoler avec des bouts de ficelle. La fin d'un cauchemar, en attendant, peut-être, que les Verts redeviennent un jour les plus forts.