Ballon d'or 2024 : le nouveau sacre d'Aitana Bonmati, symbole de l'hégémonie espagnole sur le football féminin
Elle a une nouvelle fois raflé la mise. Lauréate du Ballon d'or féminin en 2023, la milieu de terrain espagnole, Aitana Bonmati, a de nouveau été récompensée, lundi 28 octobre, au terme d'une 68e cérémonie qui s'est tenue au Théâtre du Châtelet, à Paris. Comme l'an dernier, une autre joueuse espagnole a intégré le top 3, sa coéquipière du FC Barcelone, Salma Paralluelo.
Depuis sa création en 2018, le Ballon d'or féminin sourit particulièrement aux joueuses de la Roja. Dans près de 67% des cas, c'est, en effet, une Espagnole qui a été sacrée (Alexia Putellas en 2021 et 2022, Aitana Bonmati en 2023 et 2024). Si on s'intéresse au top 3, sur les six dernières éditions, l'Espagne y a placé sept joueuses, toutes évoluant au FC Barcelone. Le club catalan est très largement le plus représenté devant l'Olympique lyonnais (trois joueuses dans le top 3 en six éditions).
Ouverture à l'internationale et renforcement de la formation
Il faut dire que depuis la professionnalisation de son équipe féminine en 2015, le Barça a mis les moyens pour se faire une place au sein de l'élite du football féminin. Sous l'égide de son ex-directeur sportif, Markel Zubizarreta, le club catalan a musclé son effectif en recrutant des joueuses internationales, comme la Néerlandaise Lieke Martens, élue meilleure joueuse de l'Euro 2017 juste avant de rejoindre les Blaugranes ou la Nigériane Asisat Oshoala, soulier d'or de la Coupe du monde des moins de 20 ans 2014, en 2019.
"Comme du côté des garçons, le Barça a cette capacité à aller chercher de jeunes joueurs autour du club avec du potentiel, tout en prenant des joueurs plus expérimentés pour encadrer", constate Patrice Lair, ancien entraîneur des équipes féminines de l'OL, du PSG puis des Girondins de Bordeaux. Une stratégie qui a rapidement porté ses fruits, le FC Barcelone se qualifiant pour la finale de la Ligue des champions dès 2019.
En parallèle, le club barcelonais a surtout renforcé sa formation. Depuis l'été 2021, son prestigieux centre de formation, La Masia, est ouvert aux femmes. En sont notamment sorties Aitana Bonmati et la pépite espagnole Vicky Lopez. "Barcelone s'est donné les moyens de bien travailler avec les jeunes. Ils répètent beaucoup d'exercices comme les toros, les gammes, pour avoir une maîtrise individuelle. Je pense que c'est ce qui fait la grande différence avec la France, par exemple, où on ne travaille plus suffisamment cela", analyse Patrice Lair.
Une domination faite pour durer
La structuration du club catalan a bénéficié à l'équipe nationale espagnole, championne du monde en 2023. Lors de la finale contre l'Angleterre, sept des onze joueuses titulaires (Cata Coll, Ona Batlle, Irene Paredes, Laia Codina, Aitana Bonmati, Salma Paralluelo et Mariona Caldentey) évoluaient au Barça. "Je pense que nous apportons beaucoup à l'équipe nationale [...] La qualité que nous avons et le fait que nous nous connaissons à ce point sur le terrain, tout cela permet à l'équipe nationale de jouer mieux", confiait à la Fifa Aitana Bonmati dans un article publié le 3 janvier 2024.
Pour le technicien français, "cette envolée du football féminin espagnol" est aussi due au travail mené par la fédération hispanique pour "que les jeunes progressent et rejoignent la sélection A". La suprématie espagnole, qu’elle soit sur les terrains ou lors de la cérémonie du Ballon d'or, est en tout cas partie pour durer. Alors que les U19 espagnoles ont remporté l'Euro en juillet 2024, les U17 sont en passe de réaliser un doublé à la Coupe du monde. Lauréates en titre (2022), elles ont décroché leur place dans le dernier carré en écartant l'Equateur 5-0, dimanche, en République dominicaine.
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