Le Ballon d'Or pour Benzema, Messi, Ronaldo, Lewandowski ou Jorginho ? Leurs atouts et leurs faiblesses
Le Ballon d'Or 2021 sera décerné lundi 29 novembre. Il récompense le meilleur footballeur de l'année.
Chez les hommes, cinq joueurs se détachent cette année comme favoris du prestigieux trophée, selon la directrice des Sports de Radio France, Nathalie Iannetta : les "habituels" Leo Messi et Cristiano Ronaldo, mais aussi Robert Lewandowski, Jorginho... sans oublier Karim Benzema. Tour d'horizon des atouts et des faiblesses de chacun.
Benzema : le style et la longévité
Le principal atout de Karim Benzema, c'est son style, sa saison et sa longévité. Son style parce que c'est un "neuf et demi", c'est à dire qu'il est à la fois le buteur et le passeur. Il sait se mettre au service des autres. Il l'a fait pendant des années quand il était aux côtés de Cristiano Ronaldo au Real Madrid. Mais il est aussi insatiable devant le but. Il a porté quasiment seul, à bout de bras, le Real l'année dernière, il est devenu le réel leader technique de l'équipe madrilène. Le style Benzema ? Il suffit de fermer les yeux : imaginez le ballon qui traîne un peu, le grand corps de Benzema qui le ramène dans un mouvement qui n'appartient qu'à lui, il arme et il marque. Et ça, c'est unique. C'est la marque "KB 9".
Benzema, c'est aussi durer au plus haut niveau dans un club à l'exigence infinie, traverser une période de crise au ban de son propre pays et de sa sélection pour finir par revenir avec l'humilité qui est sûrement la marque des plus grands. Il lui manque un titre suprême, qu'il veut aller chercher avec l'équipe de France. Ce sera peut-être en novembre 2022, au Qatar.
Les "moins" de Karim Benzema : un palmarès quasi nul cette saison. Pas de titre avec le Real Madrid, une sortie par la porte suisse en 8e de finale à l'Euro avec l'équipe de France. Il n'est pas sûr que la victoire en Ligue des nations avec les Bleus à l'automne dernier suffise à remplir cette fameuse ligne de palmarès un peu vide. Et on ne peut pas ne pas parler de la condamnation judiciaire de Karim Benzema. Il a été condamné après la clôture des votes au Ballon d'Or, mais la main de certains journalistes occidentaux a pu trembler au moment de voter Karim Benzema.
Jorginho : une saison parfaite
L'atout principal de l'Italo-Brésilien, c'est le palmarès. Longtemps, avant le règne Messi-Ronaldo, il fallait aligner une saison parfaite pour prétendre au Ballon d'Or. Cette année, Jorginho coche toutes les cases puisqu'il a remporté la Ligue des champions et la Supercoupe d'Europe avec Chelsea et a été sacré champion d'Europe avec l'Italie.
Le problème, c'est que ça ne suffit plus maintenant. Le seul joueur à avoir gagné le Ballon d'Or après avoir fait ce doublé Euro-Ligue des champions s'appelle Cristiano Ronaldo, c'était en 2016. Ce qui va manquer à Jorginho, c'est qu'il a réussi dans deux collectifs ultra puissants qui ont puisé leur force dans l'addition de talents, sans qu'aucune individualité ne prenne le pas sur le collectif. C'est le cas à Chelsea et c'est aussi le cas dans la sélection italienne.
Jorginho n'est peut-être pas assez unique, dans des collectifs incroyables, pour prétendre à la plus grande récompense individuelle du football. Gagner le Ballon d'Or quand on n'est pas mondialement connu, c'est extrêmement difficile. Le Ballon d'Or, c'est aussi du marketing, il s'agit aussi de pouvoir vendre un nom, un club et des maillots. C'est l'un des points faibles de Jorginho, c'est un handicap pour lui.
Ronaldo : exigence, travail et ambition
C'est un phénomène. À 36 ans, il a terminé meilleur buteur du championnat italien avec la Juve. Et depuis qu'il est revenu à Manchester United, il a marqué déjà dix buts, dont six en Ligue des champions. Cristiano Ronaldo, c'est le joueur "clutch" par excellence, comme disent les spécialistes de NBA pour définir un joueur qui, à lui tout seul, fait basculer un match et fait gagner son équipe. On a l'impression qu'on se répète quand on parle de Cristiano Ronaldo depuis plus de dix ans, mais c'est un monstre d'exigence, de travail et d'ambition. C'est peut-être la dernière occasion pour lui d'obtenir ce sixième Ballon d'Or qui le placerait donc à égalité avec son adversaire, son rival de toujours, Leo Messi, qui en a, lui, déjà gagné six.
Des "moins", il y en a dans la saison de Cristiano Ronaldo. Même si on ne peut pas s'arrêter à une saison avec lui. "CR7" restera dans l'histoire du foot comme un phénomène hors norme. Lorsque vous avez marqué près de 800 buts, remporté cinq Ligues des champions, cinq Ballons d'Or, un Euro, on peut considérer que tant que vous serez sur un terrain de football vous serez parmi les finalistes du Ballon d'Or.
Le retour à Manchester va jouer dans la balance du marketing qu'est le Ballon d'Or. Ses Ballons d'or, il les a remportés à Madrid. Cristiano Ronaldo était le numéro 7 mythique de Manchester United. C'est celui qui fait que Manchester garde la tête hors de l'eau dans un début de compétition pas si simple, en Premier League et en Ligue des champions.
Messi : performances collectives et individuelles
Dire "Lionel Messi", c'est quasiment dire "Ballon d'Or". Il y a encore quatre ou cinq ans, des voix s'étaient élevées pour dire : "Tant que Leo Messi jouera au football, donnez lui le Ballon d'Or". Il aura tellement marqué l'histoire du foot mondial, ébloui la planète par son talent unique, qu'il est évident que pour les journalistes votants, Messi figurera toujours parmi les finalistes.
Mais cette saison, Messi peut prétendre au Ballon d'Or aussi pour ses performances, à la fois collectives et individuelles : il a terminé meilleur buteur de la Liga, il a porté à lui tout seul le Barça, surtout dans la deuxième partie de la saison. Et surtout il a remporté son premier titre avec l'Argentine cet été. Messi et l'Argentine, c'était jusqu'ici quatre finales perdues. Autant vous dire que le samedi 10 juillet, face au Brésil, Leo Messi, capitaine de l'Albiceleste triomphante, a vécu l'une des plus grandes émotions de sa vie et de sa carrière. Et rien que pour ça, il est en lice pour non pas remporter le Ballon d'Or, mais pour assommer définitivement le palmarès de ce Ballon d'Or ! S'il l'emporte, ce sera son septième. C'est unique.
Il y a un petit moins : une fin de saison un peu triste avec son club de toujours, le Barça. Et un début pour le moins très timide avec le Paris Saint-Germain. Mais il n'est pas sûr que ces quelques mois, de août à novembre, aient suffi à entacher l'étoile Messi au Ballon d'Or.
Lewandowski : la machine à buts
Les atouts de Robert Lewandowski sont multiples. C'est une machine à buts, c'est un pur numéro 9. Il a fait tomber au printemps dernier le record mythique détenu en Bundesliga depuis 49 ans par "Der Bomber" Gerd Müller, qui avait inscrit 40 buts en 34 matchs : Robert Lewandowski a terminé la saison dernière à 41 buts en seulement 29 matchs. C'est monstrueux. Et si on regarde les chiffres en année civile, c'est-à-dire depuis le mois de janvier dernier, il a déjà inscrit plus de 60 buts, c'est-à-dire qu'il est sur les bases du record détenu depuis 2013 par Cristiano Ronaldo, qui en avait inscrit 69.
Lewandowski mérite ce Ballon d'or parce que personne n'a fait mieux que lui cette saison, et même depuis deux saisons. Robert Lewandowski méritait déjà le Ballon d'Or l'année dernière, où le trophée n'a pas été remis à cause du Covid. Cela comptera, ce Ballon d'Or manqué, ce rendez-vous de l'an dernier, dans les votes des journalistes européens et mondiaux.
Les "moins" de Robert Lewandowski, c'est qu'il est Polonais. On sait combien une sélection brillante aide à construire la réputation d'une légende. La Pologne ne sera pas à Lewandowski ce que la Croatie a été à Luka Modric en 2018. C'est le seul petit caillou dans la chaussure de Lewandowski. Mais cette chaussure est immense et bourrée de talent.
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