Equipe de France : entre déconvenues sportives et tensions en coulisses, le bilan contrasté de Corinne Diacre
La sentence est tombée. Dans le sillage de la démission de Noël Le Graet, à l'issue d'une réunion du Comex (comité exécutif), il y a quelques jours, Corinne Diacre a été démise de ses fonctions de sélectionneuse de l'équipe de France féminine, jeudi 9 mars. Au cœur de la tourmente après la décision de Wendie Renard et de plusieurs autres internationales de ne plus jouer avec la sélection, la désormais ex-entraîneuse des Bleues ne sera donc pas sur le banc tricolore lors de la prochaine Coupe du monde, prévue dans cinq mois en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août). Mais que restera-t-il de son mandat de six ans à la tête de l'équipe de France féminine ?
Des conflits relationnels avec ses cadres
Tancée tout au long de son mandat pour sa gestion des relations humaines, Corinne Diacre en a finalement sans doute fait les frais. Pour cause, l'annonce de la mise en retrait de Wendie Renard et de trois autres Françaises a eu un effet quasiment immédiat. La capitaine des Bleues avait annoncé sur ses réseaux sociaux, vendredi 24 février, faire une croix sur la Coupe du monde 2023 "dans de telles conditions", dénonçant "un système bien loin des exigences requises par le plus haut niveau".
Avant cet épisode, d'autres cadres tricolores avaient fait part de leurs relations difficiles avec la Nordiste de 48 ans. En 2020, une première déclaration sur Canal+ d'Amandine Henry, capitaine de l'époque, avait eu l'effet d'une bombe après l'élimination en quarts de la Coupe du Monde 2019 : "Humainement, je voyais des filles pleurer dans leur chambre, moi aussi parfois. J'avais envie de vivre cette Coupe du monde [2019], mais au final, cela a été un chaos total. L'atmosphère, le management, l'ambiance générale qu'il y avait… La confiance, c'est la base. Et là, on se dit ': à tout moment je peux partir'. Alors on se tait."
La milieu lyonnaise ne sera finalement plus jamais rappelée chez les Bleues. À l'instar d'Eugénie Le Sommer, meilleure buteuse de l'histoire de l'équipe de France (175 sélections, 86 buts), qui aurait été en désaccord avec certains choix tactiques de l'ex-sélectionneuse. L'ancienne gardienne internationale Sarah Bouhaddi avait elle-même pris la décision de mettre une parenthèse à sa carrière en sélection, dénonçant "un climat négatif" autour de Corinne Diacre, dans une interview pour OLTV le 28 octobre 2020. Elle estimait alors qu'il était "impossible" de "gagner un titre avec cette sélectionneuse".
Un bilan sportif décevant dans l'ensemble
Sarah Bouhaddi avait vu juste. Arrivée le 30 août 2017 pour succéder à Olivier Echouafni, Corinne Diacre n'est jamais parvenue à présenter des résultats probants. Rarement mise en difficulté face aux nations de second rang, l'équipe de France version Diacre s'est montrée plus capricieuse face aux cadors mondiaux. Pourtant dotée d'une des meilleures générations de l'histoire des Bleues, l'entraîneuse n'a jamais touché du doigt le premier titre international tant convoité, ne disputant aucune finale au cours de son ère.
Lors de sa première Coupe du monde en 2019, organisée en France, la sélection tricolore guidée par la Nordiste avait facilement atteint la phase finale de la compétition avec trois victoires, puis était passée au tour suivant en s'imposant face au Brésil (2-1). Mais les rêves de succès s'étaient envolés dès les quarts de finale, vaincue par les futures championnes du monde américaines (1-2). Au-delà d'une élimination prématurée devant leur public, cette désillusion avant le dernier carré de la compétition avait entraîné la non-qualification des joueuses de Corinne Diacre aux Jeux olympiques de Tokyo.
À l'Euro 2022, c'est l'Allemagne qui avait barré la route des Tricolores (1-2), cette fois-ci en demi-finales de la compétition. Cette édition, jugée réussie par Noël Le Graët, avait offert un moment de répit à Corinne Diacre. Prolongée l'été dernier jusqu'en 2024, l'ex-sélectionneuse des Bleues n'est pas parvenue à relancer la machine. Les récentes prestations furent encore plus inquiétantes, à l'image du rassemblement d'octobre (défaites amères 1-2 en Allemagne et 0-3 en Suède) et de celui de février lors du Tournoi de France (victoire étriquée 1-0 contre le Danemark, match nul 0-0 contre la Norvège).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.