Scandale de la Fifa : Michel Platini est suspendu pour huit ans de toute activité liée au football
Le président de l'UEFA, qui brigue la tête de la Fifa, a été reconnu coupable de conflit d'intérêt et d'abus de pouvoir, tandis que les charges de corruption n'ont pas été retenues.
Comme son ex-mentor, Sepp Blatter, Michel Platini a été suspendu pour huit ans de toute activité liée au football par la commission d'éthique de la Fifa. A l'issue d'une procédure de quatre mois, le président de l'UEFA a été condamné, lundi 21 décembre, pour avoir "abusé" de sa position dans une affaire de paiement controversé. Jugé coupable, comme le président démissionnaire de la Fifa, de conflit d'intérêts et d'abus de pouvoir, il écope d'une amende de 80 000 francs suisses (74 000 euros).
>> Suivez notre direct après la décision de la commission d'éthique de la Fifa
En trois questions, francetv info revient sur la chute de l'ancien capitaine des Bleus, passé de favori au poste de président de la Fifa, à banni du monde du football.
Que lui est-il reproché ?
Michel Platini est soupçonné d'avoir perçu, en 2011, 1,8 million d'euros, pour un travail de conseiller entre 1999 en 2002, et ce sans contrat écrit. Dans un communiqué diffusé dans la matinée, la chambre de la commission d'éthique de la Fifa, présidée par Hans-Joachim Eckert, a souligné que "Monsieur Blatter, en sa capacité de président de la Fifa, a autorisé le versement à Monsieur Platini d'un paiement qui n'avait aucune base légale dans l'accord écrit signé le 25 août 1999 par les deux dirigeants". Par ailleurs, dans le dossier de défense, présenté par Michel Platini, elle a assuré ne pas avoir trouvé la preuve convaincante d'un "accord oral".
"Monsieur Platini a omis d'agir avec une crédibilité et une intégrité totales, faisant preuve d'une méconnaissance de l'importance de ses tâches et de ses obligations et responsabilités concomitantes", explique la commission. Le Français a, pour sa part, toujours clamé sa bonne foi, évoquant un contrat oral. Selon l'AFP, la justice suisse reconnaît, en effet, ce type de contrat. Pour expliquer le délai de paiement, de plusieurs années après sa mission, il avait indiqué en septembre n'avoir "pas la moindre raison d'être inquiet", rappelle L'Equipe.
Vendredi 19 décembre, Michel Platini avait refusé de venir se défendre devant la commission d'éthique. "Je suis déjà jugé, je suis déjà condamné", avait fait savoir l'ancien meneur de jeu de l'équipe de France via ses avocats.
Qui sont les membres de cette commission ?
La commission d'éthique (dont la composition est disponible ici, sur le site de la Fifa), compte 14 personnes et autant de nationalités. Quatre personnes sont chargées de l'instruction et six du jugement. Les quatre derniers membres occupent les fonctions de présidents et de présidents délégués. Il s'agit d'une commission interne à la fédération, et qui n'est donc pas indépendante.
En novembre, la commission d'éthique de la Fifa avait déjà rejeté les appels déposés par Michel Platini et Sepp Blatter, qui contestaient alors leur suspension provisoire de l'instance.
Que va-t-il se passer maintenant pour Platini ?
Même s'il peut faire appel, Michel Platini voit sa candidature à l'élection à la présidence de la Fifa, prévue le 26 février, sérieusement contrecarrée par cette décision de la commission d'éthique. A 60 ans, il était jusqu'ici le mieux placé. Mais le long circuit des appels devant la commission de recours de la Fifa, puis le Tribunal arbitral du sport (TAS), ne lui permettra sans doute pas de déposer sa candidature dans les temps, soit le 26 janvier au plus tard.
Il va probablement tenter de sauver "la présidence de l’UEFA (...) et, au-delà, son avenir dans un sport qui l’a fait roi comme joueur (...) et comme dirigeant, analyse Libération. Il doit aussi laver son honneur, plus pour ses proches que pour lui-même."
Ce carton rouge empêchera aussi Michel Platini d'assister à titre officiel à "son" Euro, organisé chez lui, en France, du 10 juin au 10 juillet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.