: Reportage Coupe de France : “A deux minutes d'un exploit"... Le rêve éveillé vécu par les amateurs d'Espaly face au PSG, entre fierté et frustration
Têtes basses, visages fermés, mais un tour d'honneur sous une standing ovation. Après avoir disputé avec brio le plus grand match de leur carrière, soutenu par un public qui a transformé le stade Marcel-Michelin de Clermont en volcan, et touché du bout du doigt un retentissant exploit, les joueurs d'Espaly sont déconfits. Défait dans les dernières minutes d’un match fou face au Paris Saint-Germain (4-2) en 16es de finale de Coupe de France, mercredi 15 janvier, le club du FC Espaly, qui évolue en cinquième division, est passé, en l'espace de deux heures, par une montagne russe d'émotions.
Auteurs de l’ouverture du score surprise, en tête pendant presque 40 minutes, capables de trouver les ressources pour revenir à hauteur et faire douter le leader de Ligue 1, avant d'être crucifiés dans le money-time (88e, 92e), les Espaviots sont passés "à deux minutes près d'un exploit", selon les mots de leur entraîneur Lionel Vaillant. Une prestation saluée par Luis Enrique, l'entraîneur parisien vainqueur de la Ligue des champions et de tant de titres, qui a "félicité Lionel et son équipe, qui ont tout le temps été dans le match, qui ont joué de manière élégante".
"On sort 80 minutes de beau football"
"Jusqu'à la 80e on est bien, rembobine le milieu de terrain Lucas Russo. Et ça fait chier, clairement, parce qu’on sort 80 minutes de beau football, on essaye de jouer, et on arrive à la 80e où on pêche un peu physiquement, c’est comme ça", regrette-t-il dans les travées du stade après la rencontre. Dans le groupe espaviot, la fin du rêve n'a pas laissé place aux états d'âme ou à des débordements d'émotions : "On est frustrés parce qu'il nous a manqué deux petites minutes, frustrés d'être éliminés, frustrés de ne pas les avoir poussés aux tirs au but", énumère le portier Jordan Etienne, longtemps héroïque face aux attaquants parisiens. Pour lui, ce match laisse un "sentiment mitigé".
"C’est une belle aventure, je pense qu’elle aurait pu être encore plus belle avec ce qu’on a montré aujourd’hui."
Lionel Vaillant, entraîneur d'Espalyen conférence de presse
Derrière eux, ils ont été poussés par un public bruyant, et 12 939 spectateurs venus de toute l'Auvergne malgré la pluie verglaçante tombée avant la rencontre. Devenu volcan en éruption dans le froid hivernal sur les deux buts d'Espaly, le stade Marcel-Michelin a vibré, et même étonné les joueurs, qui ne s'attendaient pas à une telle ferveur. Pris de court par le scénario et le dénouement d’une rencontre dont la plupart n'attendaient presque qu’une soirée de fête pour un petit poucet, certains supporters ont tenté de mettre des mots sur cette frustration. "On pensait tous à la fête que ça allait être, et on n’a pas imaginé un seul instant qu’on ressortirait de ce match avec ce goût un peu amer", se désole ce spectateur, bout de tifo encore en main et sourire déçu aux lèvres.
Même une fois le match fini et le stade quitté, les supporters d'un soir de cette équipe d'un village de 3 500 habitants faisaient encore entendre leurs voix.
Les souvenirs pour une vie
Mais dans les entrailles de l'enceinte clermontoise, il reste la fierté et le plaisir, des mots entendus dans toutes les bouches, accompagnés de sourires francs. "Le premier sentiment à la fin du match c’est vraiment la fierté de ce qu’ont fait les joueurs, assure Lionel Vaillant en ouverture de sa conférence de presse. Je pense qu’ils ont repoussé leurs limites au maximum, qu’on a tenu la dragée haute au Paris Saint-Germain, qu'on les a quand même embêtés." Joachim Ichane, le capitaine se sent "très fier de l'équipe et de l'image que l'on a pu donner du club d'Espaly", déclarait-il au micro de BeIN sports.
Un match référence, une ambiance incomparable, une aventure incroyable... "Il n’y a rien à jeter [...] On a créé quelque chose d’unique et ça va nous changer pour la suite", s'émeut Maxence Fournel, auteur du deuxième but du soir. Le gardien de but Jordan Etienne parle "de souvenirs qui vont rester gravés." Avant ce 16e de finale, le président du club, Christian Perbet, parlait du "match d'une vie pour un club, pour des joueurs et pour les dirigeants." Il ne s'est pas trompé. Le scénario de la rencontre a sans doute même dépassé ses espoirs.
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