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Coupe du monde : Bosnie, Belgique et Islande, les trois équipes qui vous réconcilient avec le foot

Les qualifications pour le Mondial au Brésil ont permis à trois équipes inattendues d'émerger.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le milieu belge Axel Witsel (G) et le sélectionneur Marc Wilmots (D) fêtent la qualification de l'équipe pour la Coupe du monde au Brésil, au Stade du Roi-Baudouin, à Bruxelles, le 15 octobre 2013.  (FRANCOIS LENOIR / REUTERS)

Encore fâché avec l'équipe de France ? Réconciliez-vous avec le foot international en suivant trois équipes qui se sont distinguées, dans le bon sens du terme, lors des qualifications pour le Mondial brésilien en Europe. Deux d'entre elles sont qualifiées, la Belgique et la Bosnie. La troisième, l'Islande, disputera les barrages mi-novembre, comme l'équipe de France

La Bosnie, la petite équipe qui monte

L'équipe de l'ancien meneur de jeu du PSG Safet Susic a enfin vaincu la malédiction du match couperet. Avoir avoir chancelé en 2004, 2010 et 2012, la Bosnie va participer à sa première grande compétition internationale. Et dans les rues de Sarajevo, les supporters ont fêté ça toute la nuit.

Les supporters bosniens fêtent la première qualification à la Coupe du monde de leur pays, dans les rues de Sarajevo, le 15 octobre 2013.  (DADO RUVIC / REUTERS)

Les supporters de la Bosnie fêtent la première qualification de leur pays pour le Mondial, le 15 octobre 2013, dans les rues de Sarajevo. (DADO RUVIC / REUTERS)

"Cette équipe prend de l'expérience depuis quelques années, analyse Loïc Trégourès, spécialiste du football dans les Balkans. Elle dispose désormais de huit ou neuf joueurs très compétitifs. Leur seul défaut, c'est qu'ils ne sont pas capables de défendre, mais quelle attaque ! C'est une des meilleures des qualifications, avec 30 buts en 9 matchs, dont 7 en 90 minutes contre l'Estonie. Rappelez-vous comment les Bleus de Laurent Blanc s'étaient fait balader lors du match au Stade de France, fin 2011 [la France avait arraché un match nul 1-1 qui la qualifiait directement pour l'Euro]."

Régulière en qualification, séduisante sur le terrain, la Bosnie parvient désormais à attirer les joueurs de l'importante diaspora bosnienne à travers l'Europe. Avec un bémol : "Ces joueurs sont tous formés à l'étranger, car au pays, il n'y a rien, aucune infrastructure pour jouer au foot." Les millions de dollars donnés par la Fifa pour chaque équipe participant au Mondial y remédieront, en partie.

L'Islande, la bouffée d'air frais. Très frais.

C'est l'histoire d'un pays de 320 000 habitants qui s'est mis en tête d'être le plus petit à participer à une Coupe du monde, détrônant Trinité-et-Tobago (1,3 million d'habitants), qui avait participé au Mondial 2006. Et ce rêve est en passe de devenir réalité. Grâce à une génération exceptionnelle, emmenée par le milieu de Tottenham Gylfi Sigurosson ou le vétéran de l'attaque Eidur Gudjohnsen, les Islandais se sont hissés en barrages. Et ne sont plus méprisés par leurs voisins scandinaves. Il était temps, à en croire le journaliste islandais Tomas Thordarson, cité par The Independent (en anglais) : "Ils nous regardent de haut, nous ne sommes même pas leur petit frère, mais leur petit cousin." Pour le match décisif contre la Norvège (1-1), 3 000 Islandais avaient fait le déplacement, soit près de 1% du pays.

La joie des joueurs islandais après leur accession en barrages du Mondial 2014, le 15 octobre 2013 à Oslo (Norvège). (NORSK TELEGRAMBYRA / REUTERS)

Pour les barrages de novembre, on souhaite bien du courage à l'équipe qui se déplacera à Reykjavik. "Lors du match Islande-Chypre, il y avait tellement de vent que quand les Chypriotes dégageaient le ballon, il revenait deux mètres derrière eux", raconte Johann Crochet, spécialiste du foot scandinave. Un des ressorts des progrès du foot islandais tient à la rudesse du climat local. "Au début des années 2000, les Islandais ont construit des terrains indoor pour que les joueurs puissent évoluer toute l'année dans de bonnes conditions. Car il fait tellement froid que le championnat se tient de mai à septembre."

Ajoutez à cela l'export réussi de nombreux joueurs aux Pays-Bas, et vous avez la clé de la fin du kick and rush, les longs ballons balancés sur la tête d'un attaquant frôlant les 2 mètres qui constituait le jeu de l'Islande il y a quinze ans. 

La promenade des Belges

Dimanche 13 octobre, ils étaient 10 000 personnes... à assister à l'entraînement des Belges. Le défenseur Daniel Van Buyten, pilier des Diables rouges, se souvient dans L'Avenir avoir joué des matchs internationaux "devant moins de spectateurs". Le quasi sans-faute de cette équipe en qualification a réveillé un pays donné pour mort footballistiquement depuis 2002. Dans le contexte politique compliqué, les Diables rouges font figure de ciment pour l'unité nationale, au point que le capitaine Vincent Kompany moque sur Twitter les propos de Bart de Wever, leader du NVA, le parti indépendantiste flamand. Kompany avait tweeté après une victoire contre l'Ecosse : "La Belgique est à tout le monde, mais ce soir, surtout à nous !"

Une réponse au discours de Bart de Wever, quelques jours plus tôt, après sa victoire aux municipales à Anvers : "Anvers est à nous !" Coïncidence ? Anvers est la dernière ville du pays qui ne diffuse pas les matchs des Diables sur écran géant...

L'amour des Belges va très très très loin. D'après un sondage pour la Loterie nationale belge, 83% des sondés se disaient fans de cette équipe, et 29% d'entre eux étaient prêts à se priver de relations sexuelles pendant un mois si cela permettait aux Diables de se qualifier pour le Mondial, note 7sur7.be. Ils n'en ont même pas eu besoin.

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