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Foot : pourquoi le jeu de l'équipe de France féminine est plus sexy que celui des garçons

Depuis deux matchs, les Bleues développent un football flamboyant qui contraste avec les dernières sorties des hommes de Didier Deschamps. Elles affronteront l'Allemagne, vendredi, pour une place en demi-finale.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
L'attaquante Marie-Laure Delie célèbre un but avec ses coéquipières, lors du quart de finale de la Coupe du monde de foot féminin, le 21 juin 2015, à Montréal (Canada). (NICHOLAS KAMM / AFP)

Comme les garçons. Les Bleues se sont facilement qualifiées pour les quarts de finale de la Coupe du monde de foot féminin, dimanche 21 juin, face à la Corée du Sud. Emmenées par leur coach, Philippe Bergeroo, elles l'ont emporté 3 buts à 0 et vont affronter l'Allemagne vendredi, à 22 heures. L'année dernière, le parcours des hommes de Didier Deschamps s'était arrêté au même stade de la compétition, face aux futurs champions du monde... allemands.

Souhaitons aux filles un dénouement tout autre, dans ce choc attendu entre les deux meilleures équipes européennes actuelles. En tout cas, les footballeuses tricolores ont des atouts à faire valoir et leurs bons résultats boostent l'engouement populaire pour le foot féminin. Les deux dernières rencontres de l'équipe de France ont ainsi battu des records d'audience. Logique, tant les joueuses françaises développent un football séduisant. Francetv info a listé quelques raisons de trouver le foot féminin plus sexy que celui des hommes.

Parce qu'elles marquent beaucoup, et des beaux buts

Après une entame mollassonne contre l'Angleterre (1-0) et une défaite contre la Colombie (0-2) en poules, l'équipe de France a enchaîné deux victoires convaincantes, d'abord contre le Mexique (5-0), puis contre la Corée du Sud (3-0). Lors du match contre les Mexicaines, qui aurait pu coûter une qualification aux Françaises après leur faux pas contre la Colombie en poules, Eugénie Le Sommer a marqué un but incroyable, une frappe surpuissante de 30 mètres qui termine en pleine lucarne (à 1'40'' dans la vidéo).

Pour le magazine So Foot, cette réalisation, peut-être la plus spectaculaire de la compétition, témoigne des progrès du football féminin. Et il ne s'agit pas là d'un simple coup de chance réussi "au prix d'un improbable faisceau de circonstances favorables". De même, l'enchaînement de passes qui a conduit au premier but des Bleues contre les Sud-Coréennes n'est pas un hasard. Sur cette action, les unes-deux, les courses des Bleues et le centre en retrait final de Laure Boulleau enrhument totalement la défense adverse.

Avec huit buts en deux matchs, l'attaque française s'est montrée prolifique depuis le choix de Philippe Bergeroo de titulariser Marie-Laure Delie, un renard des surfaces, aux côtés de l'omniprésente Eugénie Le Sommer. Les deux attaquantes cumulent respectivement 3 et 4 buts dans la compétition. Surtout, elles affichent une belle complémentarité, note francetv sport, avec Elodie Thomis et Louisa Nécib, surnommé la "Ziza", en référence à Zinédine Zidane. La première présente un profil d'ailière ultra-rapide, l'autre est davantage meneuse de jeu.

Ces quatre armes offensives permettent à la France de marquer beaucoup, donc, mais également de le faire tôt dans le match. Contre la Corée du Sud, les Bleues ont pris l'avantage dès la 4e minute, avant de doubler la mise à la 8e. Contre le Mexique, après 34 secondes de jeu, Marie-Laure Delie a inscrit le 2e but le plus rapide de l'histoire de la compétition. "C'est un travail tactique qu'on fait depuis un moment, pour essayer d'étouffer l'équipe adverse et lui mettre la pression", a avoué Philippe Bergeroo, le sélectionneur des Bleues.

Et chez les garçons ? Contre la modeste Albanie, le 13 juin à Elbasan, la sélection de Didier Deschamps est tout simplement restée muette. Certes, il ne s'agissait que d'un match amical, sans enjeux, organisé au terme d'une très longue saison pour les internationaux tricolores. Mais depuis quelques matchs, en l'absence de Karim Benzema, les Bleus cherchent beaucoup Olivier Giroud de la tête. En vain. Le buteur d'Arsenal n'a réussi qu'à obtenir un penalty poussif contre la Belgique (3-4). Puis c'est grâce à une défense des Diables rouges relâchée que les Français ont réduit le score en fin de match. Qu'elle paraît lointaine cette Coupe du monde réjouissante au Brésil, durant laquelle la sélection de Didier Deschamps battait (avec la manière) la Suisse 5-2 et le Honduras 3-0... 

Parce qu'elles jouent collectif

S'il est moins rapide et effréné que sa version masculine, le foot féminin compense par davantage de collectif. Les joueuses combinent davantage, à l'image du fameux but d'Eugénie Le Sommer décrit plus haut. Ainsi, d'après la revue Human Movement Science (en anglais), par rapport aux hommes, les femmes effectuent 30% de sprints violents en moins. Ce qui tend à prouver que, plutôt que de créer des décalages en un-contre-un, elles jouent davantage avec leurs coéquipières. Les filles, malgré quelques imprécisions techniques, multiplient les une-deux et les appels pour se démarquer et se créer des occasions. Il suffit de voir les statistiques des passes des Bleues pour finir de s'en convaincre : 

Et chez les garçons ? Evidemment, le style de jeu contemporain, très physique, explique que le ballon circule moins, les duels étant plus disputés. Mais depuis quelques matchs, chez les Français, l'animation offensive est laissée au seul Mathieu Valbuena, ou presque. En l'absence de Paul Pogba (blessé puis excusé après sa finale de Ligue des champions avec la Juve), l'ancien Marseillais était chargé, contre le Brésil et la Belgique, de créer le jeu. Mais l'attaque des Bleus s'est montrée un poil apathique, manquant terriblement de mouvement, à la différence des filles.

Parce que leur défense ne prend pas l'eau

Avec leur style de jeu flamboyant, les Bleues devront toutefois ne pas trop s'exposer contre la redoutable Mannschaft, vendredi. Première au classement Fifa, favorite avec les Etats-Unis, l'Allemagne a déroulé jusqu'ici, inscrivant 19 buts en quatre rencontres et en n'en encaissant que deux. "On va jouer notre jeu, c'est ce qui nous réussit. On a un projet de jeu, on s'y tient", promet l'entraîneur de l'équipe de France.

Face à des adversaires assez faibles, la défenseure Wendie Renard, 1,81 m, a pris l'habitude de camper dans la surface de réparation. Là, elle devra quand même se positionner plus bas. A son poste, en somme, aux côtés de son acolyte Laura Georges. C'est à cette condition que la France conservera sa solide défense, celle qui a encaissé seulement deux buts depuis le début de la compétition. C'était contre la Colombie.

Et chez les garçons ? C'est là que le bât blesse. Ni Laurent Koscielny, ni Raphaël Varane, ni Mamadou Sakho n'ont apporté satisfaction contre le Brésil, la Belgique et l'Albanie. La défense française a pris 8 buts en trois rencontres. Les différentes charnières testées par Didier Deschamps ne se sont pas montrées aussi costaudes que lors de la Coupe du monde. Sur le but de la tête de Fellaini, contre la Belgique, Varane et Koscielny se gênent et couvrent (mal) le même joueur. Bref, pas rassurant du tout à un an de l'Euro.

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