Reprise du championnat de football féminin : "On espère que les partenaires des clubs vont faire le pari de s'investir"
"Ceux qui ne sont pas encore engagés ont intérêt à prendre le train en marche", affirme Brigitte Henriques, la vice-présidente de la Fédération française de foot.
"On espère que les partenaires des clubs professionnels, des clubs amateurs, vont aussi faire ce pari de s'engager et de s'investir", a estimé vendredi 23 août sur franceinfo Brigitte Henriques, vice-présidente de la Fédération française de foot (FFF), alors que le championnat de football féminin reprend samedi.
franceinfo : Ressentez-vous un "effet Coupe du monde", y a-t-il plus de licenciées ?
Brigitte Henriques : C'est un peu tôt pour le dire, puisqu'on aura des chiffres fin septembre ou fin octobre, mais déjà pendant la Coupe du monde, on était à plus 3 500 joueuses par rapport à la saison dernière. On avait anticipé, parce qu'on savait qu'on allait franchir la barre des 200 000 licenciées très tôt, puisque même avant la Coupe du monde, on était à 180 000 joueuses. La Fédération a quand même investi 15 millions d'euros depuis un an et demi pour anticiper cet accueil des jeunes filles avec des ballons, du matériel, avec des clubs qui ont reçu ces dotations en en faisant la demande et y compris neuf millions par rapport aux infrastructures et la formation des éducateurs, éducatrices. On a bien anticipé cet afflux de licenciées.
Y a-t-il des sections féminines partout et un objectif pour aller plus loin ?
Aujourd'hui, on a 16 000 clubs en France et à peu près 8 000 clubs qui accueillent les filles. Bien évidemment, en termes d'infrastructures, avec deux millions de licenciées, le sport le plus populaire, il y avait quelque chose de très important à faire. C'est pour ça qu'on a fait des appels à projet pour des fabrications de vestiaires, de club-houses, de mini terrains avec des enveloppes financières assez conséquentes qui étaient proposées aux clubs en lien avec les collectivités. Aujourd'hui, 80% de cette enveloppe ont déjà été consommés et même avant la fin de la Coupe du monde. On a vraiment pris cette responsabilité, après comme vous le savez, c'est un peu plus compliqué dans les villes où on ne peut pas agrandir partout. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que dans les zones rurales, c'est beaucoup moins compliqué et avec les terrains, les mini terrains qu'on finance, il y a beaucoup de choses qui ont été faites.
On va voir très vite comment ça se passe à la rentrée et on va surtout continuer d'accompagner. C'est très important que la Fédération continue d'accompagner les clubs et de voir comment ça se passe. On est déjà passé de 3 000 équipes à 6 000 en l'espace de quatre ans, donc on continue sur cette progression-là. Surtout ce qui est très important, c'est que nos cadres techniques, qui sont plus de 300 sur le territoire, sont en contact permanent avec nos clubs. C'est la priorité d'Hubert Fournier, notre directeur technique national à donner, d'être vraiment très proche des clubs pour les accompagner dans ce domaine.
Comment faire fructifier autrement ce coup de projecteur incroyable qu'a représenté le Mondial ? Est-ce que vous en appelez aux entrepreneurs, aux privés pour financer le foot féminin ?
C'est vrai qu'avec le président Le Graët, qui était à l'origine de cette candidature pour la Coupe du monde, on fait un bilan très positif, tant au niveau de l'organisation que de l'engouement populaire et médiatique. Ce qu'on attend maintenant, c'est qu'à l'image d'Arkema, qui était le partenaire national de la Coupe du monde, qui s'est engagé dans la foulée sur le D1 féminine en octroyant 80 000 euros par club de D1 pour la structuration, on espère que les partenaires des clubs professionnels, des clubs amateurs vont aussi faire ce pari-là de s'engager et de s'investir.
On a vraiment besoin de créer cet écosystème économique pour aider nos clubs à s'inscrire dans la durée. À mon sens, l'appel n'est plus nécessaire d'être fait parce que la Coupe du monde a permis de montrer à tout le monde qu'il y avait un avant 2019 et un après 2019. Ceux qui ne sont pas encore engagés ont intérêt à prendre le train en marche parce que c'est juste incroyable ce qui s'est passé. La France, avec le magnifique parcours de l'équipe de France et l'engouement populaire qui a eu autour de cette équipe grâce à la qualité du jeu, a montré qu'il y avait quelque chose qui s'inscrivait définitivement avec la reconnaissance de cette discipline et un intérêt du grand public extraordinaire. Toutes les autres nations et les autres fédérations nous ont dit merci parce qu'en fait, tout le monde a gagné avec cette histoire.
Dans beaucoup de pays, beaucoup de femmes s'élèvent pour demander une égalité salariale. Est-ce qu'à terme, ça peut être une revendication en France, ou le modèle économique étant différent, ce n'est pas possible ?
Ce qui est sûr, c'est que par rapport aux États-Unis, c'est vraiment légitime. Cela fait quatre fois que les Américaines sont championnes du monde, elles ont gagné les Jeux Olympiques, elles génèrent énormément de revenus au niveau de leur fédération et c'est vrai que le fait de ne pas avoir la même égalité salariale, elles ont raison à mon sens de s'élever. Après, je pense que dans les autres pays, on n'en est pas encore là.
Cet écosystème dont je parle, il est vraiment nécessaire qu'il se crée et j'ai beaucoup d'espoir sur le fait que la Coupe du monde allait déclencher cela. Notre équipe de France va désormais être diffusée sur M6, Canal + va augmenter encore les moyens de production pour diffuser toute la D1 toutes les semaines. Il y a énormément de demandes de reportages, de documentaires pour augmenter cette visibilité, donc je pense que c'est "step by step". Commençons déjà par profiter de cette étincelle que la Coupe du monde a créée et les choses vont se mettre en place. Il faut d'abord professionnaliser les structures avant de professionnaliser les joueuses à mon sens.
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