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Soupçon de corruption à la Fifa : "Nasser Al-Khelaïfi ne m’a jamais donné quoi que ce soit en échange de droits", se défend Jérôme Valcke

L'ex-secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke s'est défendu, vendredi sur franceinfo, de toute corruption en lien avec l'octroi de droits média pour les Coupes du monde de football, alors que la justice Suisse a ouvert une enquête contre lui.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Arbona
Radio France
Publié
Temps de lecture : 9min
Jérôme Valcke, ancien secrétaire général de la Fifa, a été licencié en janvier 2016 de la fédération internationale. (FABRICE COFFRINI / AFP)

L'ancien numéro 2 de la Fifa, Jérôme Valcke, est soupçonné par la justice suisse d'avoir "accepté des avantages indus" dans l'affaire visant le patron de beIN Sports et du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, lors de l'attribution des droits télé des Coupes du monde 2026 et 2030. Il réfute sur franceinfo vendredi 13 octobre toute accusation de corruption : "Je peux affirmer que Nasser Al-Khelaïfi ne m’a jamais donné quoi que ce soit en échange d’obtenir des droits, que ce soit pour Al Jazeera ou BeIN, à des conditions différentes de celles qu’on aurait pu obtenir du marché."

Jérôme Valcke dénonce également un acharnement de la Fifa : "C’est invivable et heureusement que j’ai une femme et des enfants qui sont à mes côtés, sinon il y a longtemps que j’aurais dû quitter ce monde."

franceinfo : Aujourd'hui, la justice suisse enquête sur des soupçons de corruption à votre encontre. Qu'est-ce que vous avez à dire sur les contrats de droits télévisés entre beIN Sports, Nasser al-Khelaïfi et vous ?

Jérôme Valcke : En tant que secrétaire général à l'époque, je n'étais pas impliqué dans les négociations et c'était le directeur des droits télévision qui menait l’ensemble des négociations. Une fois qu’une négociation était terminée, sur le principe, cette offre doit passer par la commission des finances et doit être ratifiée par le comité exécutif et je peux assurer que je n’ai jamais usé de mon pouvoir pour demander à qui que ce soit à la Fifa de signer un contrat commercial d’une valeur moindre que celle qui pouvait être négociée par la personne en charge des négociations. Donc, je peux affirmer que Nasser al-Khelaïfi ne m’a jamais donné quoi que ce soit en échange d’obtenir des droits, que ce soit pour Al Jazeera ou BeIN, à des conditions différentes de celles qu’on aurait pu obtenir du marché.

Vous vous défendez aujourd’hui de les avoir favorisés mais est-ce que vous vous dites 'oui, beIN Sports a eu peut-être plus de droits que les autres' ?

Non, beIN a eu les droits qu’ils souhaitaient dans le cadre de négociations qu’ils ont menées avec les parties qui devaient mener ces négociations au sein de la Fifa. BeIN Sports ou Al Jazeera n’ont pas eu d’autres droits que ceux pour lesquels ils ont négocié, à des prix qui étaient ceux que la Fifa voulaient obtenir, et encore une fois, personne n’a mis de pression sur qui que ce soit et sans aucun doute, moi, ni Nasser al-Khelaïfi, n’avons agi en secret pour avoir un contrat qui soit plus favorable.

Est-ce que vous pouvez m’affirmer que Nasser al-Khelaïfi ne vous a jamais rien offert, ni un voyage, ni un restaurant, ni un cadeau ?

Nasser et moi, on se connaît depuis 25 ans, donc on a eu des relations qui dépassent largement les relations que j’ai eues avec lui quand j’étais à la Fifa. J’ai connu Nasser bien avant et donc je ne dirais pas que je n’ai pas eu de relations amicales et qu’on n’a pas déjeuné et qu’on n’a pas fait des choses ensemble, ça, je ne le dirai absolument pas. Ce que je veux dire, c’est que l’accusation qui est faite par la Fifa comme quoi il y a une corruption passive et une corruption active, passive de ma part et active de la sienne, qui a été de m’acheter pour, en échange, que je donne des droits à une valeur moindre que celle qu’il aurait dû payer, c’est totalement faux.

Quand vous étiez numéro deux de la Fifa, est-ce que vous avez continué à agir pour les droits audiovisuels ? On sait que c’est votre business, votre ADN, ça, les droits audiovisuels…

Oui, mais en étant secrétaire général, j’avais tellement d’autres activités que je ne m’occupais absolument pas au quotidien des négociations et encore une fois, c’est Niclas Ericsson, directeur des droits télévision médias, qui s’occupait de l’ensemble des négociations, donc je ne m’occupais absolument pas des négociations, je ne supervisais même pas ces négociations, sauf pour des contrats très particuliers. Pendant les négociations, il m’arrivait de recevoir des informations, que ce soit de Niclas ou d’autres parties, mais ce n’était pas moi qui menait les négociations directement, ce n’est pas moi qui était assis à la table pour négocier les termes du contrat, qu’ils soient financiers ou qu’ils soient l‘ensemble des devoirs que l’on met sur un diffuseur lorsqu’il achète des droits vidéo.

Est-ce que vous estimez qu'on multiplie les attaques contre vous, qu’on tire sur une ambulance ?

Ce n’est même plus une ambulance, c’est un corbillard. (…) Je n’ai pas d’explication rationnelle sur pourquoi cet acharnement permanent à ce que je termine à trois pieds sous terre, je n’arrive pas à comprendre. J’ai tout perdu, on ne va pas parler de réputation parce que ça, je n'en ai plus, mais j’ai tout perdu, ça fait deux ans que je n’ai plus travaillé, que je n’ai plus touché le moindre salaire ou la moindre rémunération, ça fait maintenant plusieurs mois que je n’ai plus de compte en banque, parce que je n’ai aucune banque qui accepte d’ouvrir un compte, compte-tenue de ma réputation. Donc, en dehors de ma famille, j’ai perdu tout le reste que j’avais, donc plus on me met sur la tête, à un moment donné, je dirais que c’est inutile d’un point de vue général et moi personnellement, c’est invivable et heureusement que j’ai une femme et des enfants qui sont à mes côtés, sinon il y a longtemps que j’aurais dû quitter ce monde.

Est-ce que vous estimez que le Fifa continue de régler des comptes et de vous prendre comme bouc émissaire, est-ce qu’il y a des jeux de pouvoir qui continuent de s’exercer et dont vous êtes une des victimes ?

En tout cas, je pense, je n’ai pas d’autre explication, je suis certainement la bonne personne sur qui on doit mettre tout. Maintenant, j’aurais imaginé qu’à un moment donné, une institution comme la Fifa… Parce que ce n’est pas l’institution, la Fifa est une merveilleuse institution et j’ai été très heureux de travailler pour. Ce sont certaines personnes au sein de cette institution qui sont ainsi, mais encore une fois, cette institution devrait regarder le futur et peut-être le présent. Si elle n’est pas capable de le faire, peut-être que c’est pour ça qu’elle ne s’intéresse qu’au passé et qu’elle ne justifie l’absence de futur et de présent que par une accusation de ce que le passé a fait, en disant que tout ce qui a été fait dans le passé était tellement mauvais et que c’est impossible d’être bon aujourd’hui.

Est-ce que Nasser Al-Khelaïfi est toujours votre ami aujourd’hui et est-ce que vous pensez qu’il est lui-même fragilisé à la tête du PSG ?

Qu’il soit fragilisé ou non à la tête du PSG, je ne sais pas. J’ose espérer que tant qu’il n’a pas été trouvé quoi que ce soit... Et je ne vois pas ce qui pourrait être trouvé dans le cadre de cette accusation de droits télé par rapport à notre relation. J’espère que Nasser Al-Khelaïfi sera fort et que les gens qui sont autour de lui, et notamment ceux qui sont au-dessus de lui, lui feront confiance.

Pour vous, il doit rester à la tête du PSG aujourd’hui ?

Pour moi, il n’a aucune raison de quitter aucune de ses fonctions. Il n’a rien à se reprocher et quant à ma relation avec Nasser, en dehors de ma famille et quelques amis proches, car c’est là où vous trouvez qui sont vos amis proches, je pense que tout le monde m’a quitté, c’est une large solitude. Dans ma situation, vous faites peur à tout le monde, tout le monde se dit 'si je l’approche de trop près, je vais me retrouver au sein de ce qui se passe et je n’ai aucune envie de l’être'. (...) Et non non, je n’ai plus aucun contact avec Nasser Al-Khelaïfi.

"Pour moi, Nasser Al-Khelaïfi n'a aucune raison de quitter ses fonctions", Jérôme Valcke

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