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"Tu as l’impression d’être champion du monde alors que ce n’est pas toi qui as joué" : entracte sportif au Festival d'Avignon

Comme partout en France, le plus grand théâtre du monde à Avignon s'est mis en pause dimanche à l'heure du spectacle de la finale de la Coupe du monde entre la France et la Croatie.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La foule et la fête au festival d'Avignon, le 15 juillet, pour la victoire de la France au Mondial 2018. (REY JEROME / MAXPPP)

Le Festival d'Avignon s’est lui aussi mis à l’heure du football dimanche 15 juillet pour vivre la finale de la Coupe du monde et la victoire de la France sur la Croatie. Un spectacle vivant et improvisé dont les jeunes comédiens soulignent le parallèle avec la scène qu'ils fréquentent.

Entracte pour vivre la finale

En 1998, pour la première étoile accrochée par les Bleus, ces comédiens avaient dix ans ou un peu plus. Dans une maison louée le temps du festival, ils se sont retrouvés, plus ou moins passionnés de football. Clovis, qui se dit footballeur raté, fait partie des fans. "Je suis tellement content, avec un match qui sort de nulle part, et quatre buts qui viennent de la planète Mars, s'exclame le jeune comédien. On peut vraiment être comédien et footballeur raté. Tu as un peu les émotions d’un footballeur quand tu es comédien."    

Ce match improbable, où l’équipe qui a le plus subi triomphe à la fin, c’est comme une pièce de théâtre, avec le sélectionneur comme metteur en scène, relève le comédien Gabriel Tur. "Deschamps a su laisser les acteurs principaux, c'est-à-dire les attaquants, exister. Et en même temps, il a laissé sa place aux défenseurs", relève-t-il.

Deschamps a fait rentrer des nouveaux à la fin pour redistribuer l’énergie, le texte et l’intention dramatique.

Gabriel Tur, comédien

à franceinfo

Jean-Baptiste, son frère, lui aussi comédien, a un faible pour Olivier Giroud, avant-centre sans but, comme un comédien sans texte. "Il en faut toujours un pour détendre la dramaturgie. Il faut toujours un personnage un peu muet pour raconter vraiment l’histoire, affirme-t-il. Il faut toujours un perdant : s’il n’y a que des héros, ça ne fait pas un beau texte, ça ne fait pas une belle fiction."

"On vit par procuration" 

L’émotion imprévisible de ce spectacle, c’est ce qu’apprécie Anna, qui n'aurait pas aimé que les adversaires soient humiliés. "Je suis contente pour les Croates qui se sont bien battus. Là, c’est un beau combat", dit-elle. Une jeunesse qui rêve de succès sur les planches regarde une jeunesse sportive dorée sur le toit du monde. Kevin se souvient de 1998, il avait huit ans. "C’est un grand souvenir dans ma tête. Et dans 20 ans, je me souviendrai du moment que je suis en train de vivre, assure-t-il. Eux jouent au football, nous sur scène. On vit par procuration, mais c’est un peu la même émotion que lorsque tu es spectateur devant une pièce de théâtre. Et là, tu as l’impression d’être champion du monde alors que ce n’est pas toi qui as joué." 

Comme au théâtre, le bonheur est éphémère. Certains le poursuivent dans la nuit avignonnaise, d’autres courent déjà des rendez-vous professionnels. Tous se souviendront du Festival d'Avignon 2018.  

La finale de la Coupe du monde 2018 à l'affiche du Festival d'Avignon - un reportage de Thierry Fiorile

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