Coupe du monde 2022 : frappe de mule, bataille d'extincteurs et deuxième étoile... L'épopée des Bleus de 2018 en cinq épisodes
Il y a quatre ans, en Russie, l'équipe de France est devenue championne du monde pour la deuxième fois de son histoire, au terme d'un parcours que nous retraçons en cinq épisodes.
Il y a des histoires sans fin que l'on oublie aussi vite qu'on les a regardées (quand on va jusqu'à la fin). Et puis il y a les mini-séries que l'on dévore et dont on souhaiterait qu'elles ne s'arrêtent jamais. Comme ce mois, à cheval entre juin et juillet, de l'équipe de France en Russie, le temps de la Coupe du monde 2018. Au moment où les Bleus de 2022 vont tenter de conserver leur titre de champion du monde, l'heure est aux souvenirs de ce feuilleton qui a marqué les esprits. Ils étaient 13 à découvrir une compétition internationale, et ils sont repartis de Russie unis par une consécration et des souvenirs en commun. Retour sur ce Mondial 2018 en une saison et cinq épisodes.
Episode 1 : des Bleus pas très convaincants
Dominée en 2014 par le futur vainqueur, l'Allemagne, en quart de finale de la Coupe du monde, crucifiée par le Portugal en finale de son Euro dans l'Hexagone en 2016, l'équipe de France aborde la compétition parmi les sérieux outsiders. Le tirage au sort s'est montré clément avec les Bleus, qui affrontent le Danemark, le Pérou et l'Australie en phase de groupes. La mise en jambes est pourtant des plus poussives. Les hommes de Didier Deschamps terminent bien en tête du groupe C, mais sans y mettre les formes : trois matchs, deux victoires par un but d'écart et un match nul insipide contre les Danois. La défense tient la route, mais l'attaque toussote : trois buts inscrits avec un penalty, un but contre son camp et une réalisation à la suite d'une frappe déviée. L'essentiel est au moins assuré : la qualification pour les huitièmes de finale.
Episode 2 : une "frappe de bâtard" face à l'Argentine
La France hérite en 8es de l'Argentine, décevante en poules mais finaliste quatre ans plus tôt, emmenée par Lionel Messi. Le premier vrai test en somme. Et un déclic qui va lancer l'aventure des Bleus. Menés à la 48e minute et trop timorés offensivement, ils sont finalement libérés par un héros improbable nommé Benjamin Pavard. Le jeune latéral de Stuttgart, intégré sur le tard dans le onze tricolore, égalise à 2-2 sur une reprise de volée exceptionnelle, passée à la postérité. La chanson de supporters à la gloire de sa "frappe de bâtard" devient un hymne des supporters tricolores. Surtout, ce bijou délivre les siens, déchaînés, à l'image de la fusée Kylian Mbappé. L'attaquant, qui avait provoqué le penalty de l'ouverture du score sur un raid solitaire de 70 mètres, inscrit un doublé au retour des vestiaires. La France l'emporte 4-3 et lance vraiment son Mondial.
Episode 3 : la bataille d'extincteurs
Avec cette victoire sur l'Albiceleste, les esprits se libèrent. Une partie des joueurs profite d'une soirée laissée libre par le staff pour une sortie au restaurant. Qui se transforme en virée conclue, à quatre heures du matin dans leur hôtel d'Istra, par une bataille d'extincteurs dans les couloirs. L'ensemble de la délégation finit évacuée en pyjama à cause de la fumée. La suite, c'est Adil Rami qui la raconte le mieux, après la compétition, sur TF1.
Extincteur, alerte incendie, évacuation de l'hôtel... Le nouveau #ChampionDuMonde2018 Adil Rami @Rami13officiel raconte la vraie version de l'incroyable anecdote arrivée aux Bleus après France-Argentine. Et elle vaut largement le détour
— Téléfoot (@telefoot_TF1) July 16, 2018
Regardez ▼ https://t.co/fMqQIGhFJe
"Dans les couloirs, ça chantait, ça chantait, et les mecs tapaient chambre par chambre pour réveiller. J'ai senti la tempête arriver vers moi. Dès qu'il y en avait un qui avait le malheur d'ouvrir sa porte, ils retournaient les lits, les machins, etc. Moi j'avais pris un extincteur dans ma chambre. Je suis parti en courant, j'ai dégoupillé l'extincteur et quand ils sont rentrés, ghostbuster." L'incident est finalement sans conséquence. C'est même aussi grâce cette atmosphère de grande colonie de vacances que la cohésion se crée dans le groupe France et en fait une force sur le terrain.
Episode 4 : les Bleus viennent à bout de la Belgique
Le quart de finale contre l'Uruguay bien maîtrisé (2-0), l'équipe de France est dans le dernier carré et affronte son voisin belge. Les Bleus affrontent une sélection qui se voit aller au bout, enfin, avec sa génération dorée des Hazard, De Bruyne et Lukaku. La Belgique, tombeuse du Brésil, domine, a le pied sur le ballon, et il faut un grand Hugo Lloris pour garder la cage française. Mais la stratégie des Bleus est bien établie : laisser la possession pour mieux punir en contre-attaque. Et cette option est payante. Sur un corner, Samuel Umtiti surgit et inscrit de la tête le seul but du match. Sa célébration et son pas de danse chaloupé donnent le sourire à tout un pays. La France est en finale, 20 ans après le sacre de 1998.
Episode 5 : la deuxième étoile
L'affiche est surprenante. France-Croatie, il fallait avoir le nez creux pour miser sur une telle finale à Moscou le 15 juillet. Les Croates ne sont pas là par hasard et le prouvent en première période avec une large domination. Oui mais voilà, il se dégage de cette équipe de France une sérénité inébranlable, même contre le cours du jeu. Les Bleus rentrent aux vestiaires avec l'avantage (2-1) grâce à deux "coups du sort" : un but contre son camp et un penalty d'Antoine Griezmann. Il n'en fallait pas plus. Paul Pogba, puis Kylian Mbappé plient l'affaire de deux frappes de l'entrée de la surface en six minutes.
La France l'emporte 4-2, et peut jubiler sous le déluge moscovite. Cet effectif, fait d'anciens cadres (Lloris, Matuidi, Giroud) et de la nouvelle vague de talents bleu-blanc-rouge (Griezmann, Mbappé, Varane), fait chavirer la France entière dans une liesse générale sublime. Les Bleus "ramènent la coupe à la maison" et tissent à jamais une deuxième étoile de champions du monde à leur tunique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.