Equipe de France : Warren Zaïre-Emery est "un garçon très appliqué" qui "n'a aucune limite", estime l'entraîneur Zoumana Camara
Le sélectionneur Didier Deschamps a annoncé, jeudi 9 novembre, la liste des 23 joueurs convoqués avec l'équipe de France de football. Les Bleus vont affronter Gibraltar à Nice, samedi 18 novembre, puis la Grèce à Athènes, mardi 21 novembre, deux matchs comptant pour les éliminatoires à l'Euro 2024.
Parmi les heureux élus, un nouveau : le jeune joueur du Paris Saint-Germain (PSG) Warren Zaïre-Emery. C'est la première fois qu'il est appelé en équipe de France, à seulement 17 ans (et 245 jours, soit 8 mois). Et pourrait donc être le plus jeune joueur à porter le maillot de l'équipe de France depuis la Seconde Guerre mondiale, battant ainsi le récent record d'Eduardo Camavinga, sélectionné pour la première fois à 17 ans et 303 jours (9 mois).
Une sélection qui ne surprend pas Zoumana Camara, 44 ans, l'entraîneur des moins de 19 ans au PSG depuis juin 2021. "Warren Zaïre-Emery est un garçon qui aime le football et qui n'a aucune limite", estime-t-il auprès de la direction des Sports de Radio France. Il a vu débarquer Warren Zaïre-Emery dans son équipe à l’âge de 16 ans. Il était déjà surclassé chez les jeunes. Un jeune homme "pas très bavard", mais "très observateur, très appliqué et très attentif".
franceinfo : Qu'est-ce que vous avez pensé de Warren Zaïre-Emery la première fois que vous l'avez vu ?
Zoumana Camara : C'est un garçon assez réservé, assez timide, qui n'est pas très bavard. Il est très observateur, très appliqué et très attentif à tout ce qui se passe autour de lui. Après, j'ai trouvé un garçon très discipliné, parfois trop ! J'avais envie qu'il se relâche, qu'il soit détendu. Je vais vous dire le paradoxe : j'avais parfois un peu envie qu'il fasse des conneries ou des petites bêtises, qu'on puisse lui dire : 'Ne fais pas ça'. Mais non, il a été très appliqué, très sérieux et c'est la première chose qui m'a marqué déjà chez lui.
En tant qu'éducateur, qu'est-ce que vous avez aimé dans son jeu ? Qu'est-ce qui vous surprend encore maintenant ?
C'est sa maturité, c'est sa capacité à jouer, à faire ce que le jeu demande dans les zones où il se trouve. Il avait une certaine maturité. Quand il est très bas sur le terrain, il sait protéger le ballon, il joue en une ou deux touches et quand il est beaucoup plus haut, il a cette capacité à pouvoir se projeter et à utiliser sa vitesse. Il pouvait le faire plus bas, mais il jouait de manière simple et faisait ce que le jeu demandait. C'est quelque chose qui m'a marqué chez lui : cette maturité dans son jeu.
Est-ce que vous êtes surpris de voir ce qu'il est en train de produire actuellement ?
J'ai envie de dire oui et non, parce qu'il franchit les étapes de manière tellement naturelle et on sent qu'il n'est pas en surrégime. Il fait du Warren, en fait. Tout ce qu'il a toujours fait chez les jeunes, maintenant, il arrive à le faire chez les pros. Là où ça me surprend, c'est quand il se rend déjà indispensable à l'équipe première. De ce côté-là, il me bluffe. Mais sinon, sur le reste, il n'y a aucune surprise dans son jeu. C'est un garçon qui n'a pas de limites, que l'on a envie de mettre un peu dans toutes les lignes.
Il peut jouer devant la défense, il va récupérer des ballons. Quand on le met plus haut, il a cette projection, avec ou sans ballon. Il a un bon état d'esprit, il a un bon jeu long, il a un bon jeu court, bon positionnement avec le corps de trois-quarts, il prend les infos. C'est un garçon qui a quasiment tout, qui doit continuer à s'améliorer, mais qui est sur une voie qui est ouverte. Il a l'autoroute devant lui et l'état d'esprit qui va avec. Et ça, il ne faut pas l'oublier. Et tout ce qu'il fait, c'est amplement mérité et ce n'est pas surprenant. Il n'a aucune limite, il ne s'en donne aucune. Et c'est aussi ce qui fait sa force. C'est un garçon qui aime le football, tout simplement.
Est-ce que c'est trop tôt pour être en équipe de France ?
C'est un choix que le sélectionneur a fait, selon ses envies par rapport au groupe qu'il a. Le fait qu'il soit pris, c'est exceptionnel et c'est formidable pour ce garçon par rapport à ce qu'il fait en ce moment. Ça a l'air tellement évident. Quand on le voit évoluer, on est déjà ravis. En tant qu'éducateur, on en est fier. On est fier d'avoir travaillé avec lui et de l'avoir accompagné dans son parcours. Il y a beaucoup de joie et de satisfaction. Mais ce n'est que le début pour lui.
Est-ce que vous vous rappelez d'une action ? D'un but ?
On peut parler du but qu'il a mis contre la Juventus par exemple, en Youth League. Il perfore, il accélère, il arrive face au gardien, il est sur son côté gauche et il utilise son pied gauche pour piquer le ballon. En fait, il utilise les gestes qu'il faut au poste qu'il faut. Si on voit la finalité de l'action, on a l'impression que c'est un attaquant, quand on regarde l'action ou au milieu, on se rend compte que c'est un milieu, il a la projection et quand on le regarde au début, c'est cette capacité à pouvoir s'orienter, à se tourner et à prendre les espaces. Il y a aussi ce match à la maison contre Bruges où on renverse la situation, encore en Youth League. On est menés et à dix contre onze, on remporte ce match 3-2. Mais quand on a un joueur qui court pour deux, on est quasiment à égalité. Et quand je l'ai fait rentrer à la mi-temps, le match a changé.
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