Equipe de France : l'adaptation d'Hervé Renard à un groupe féminin, le défi d'un coach habitué aux équipes masculines
Un premier rendez-vous et beaucoup de découvertes. Le château de Clairefontaine, l’écosystème des Bleues, un tout nouvel effectif, et une position inédite à la tête d’un groupe de joueuses, et non pas de joueurs. Le défi est de taille pour Hervé Renard, qui n’a encore jamais entraîné d’équipe féminine. "J'ai quatre filles à la maison", a-t-il d’abord plaisanté lors de sa présentation, avant de reconnaître : "On ne se comporte pas de la même façon avec un groupe féminin qu'avec un groupe masculin." Pour son premier match face à la Colombie, vendredi 7 avril en amical, l’ancien sélectionneur de l’Arabie saoudite déouvre un nouveau monde.
"Hervé va devoir s’adapter", abonde Patrice Lair, actuel entraîneur de l'équipe féminine des Girondins de Bordeaux, passé par plusieurs vestiaires masculins et féminins, et qui a échangé avec Hervé Renard après sa nomination. Lui pense avant tout à la communication et la préparation juste avant la rencontre. "Dans le vestiaire, il y a un temps où les filles se changent, se préparent individuellement, alors qu’avec les garçons tu peux y être tout le temps, en train de discuter, de donner des consignes tactiques, de revoir des choses", explique-t-il.
"Adapter son langage"
La gestion d'un vestiaire peut en effet changer si celui-ci est rempli de joueurs ou de joueuses. "Il y a une approche complètement différente dans le management, surtout dans l’utilisation et le poids des mots", relève Olivier Echouafni, sélectionneur des Bleues entre 2016 et 2017 et aujourd'hui sur le banc de Quevilly-Rouen. "Il y a aussi une question de sensibilité et d’émotion qu'il faut savoir bien gérer."
Le sélectionneur a déjà réfléchi à la manière dont il fera passer ses messages et sa motivation, notamment lors des causeries puissantes pour lesquelles il est connu. "Il faudra peut-être employer un langage un peu moins agressif, on va voir pour s’adapter", a-t-il expliqué dans une interview à Tout le sport mardi. "Mais parfois, il faudra qu’elles puissent entendre qu’elles portent le maillot de l’équipe de France, et que c’est un honneur", a-t-il assuré.
Hervé Renard doit-il aussi s'attendre à des différences au niveau du jeu et du physique ? Pour Lair, "c’est un autre football". "C’est moins puissant, ça va moins vite, on voit peut-être beaucoup plus la maîtrise technique", précise-t-il. Un avis pas forcément partagé par Olivier Echouafni. "Sur le plan du jeu, le travail au quotidien, il n’y a aucune différence. On se dit qu'on a des athlètes en face, pas des hommes ou des femmes.", estime-t-il. Après avoir supervisé ses premières séances, Renard a pu se faire une idée des qualités de son groupe, et du travail à effectuer dans les mois à venir.
"Il y a peut-être, exceptionnellement, des entraînements un peu plus courts, mais sur le nombre de séances et la charge de travail, c'est pareil."
Olivier Echouafni, ancien sélectionneur des Bleuesà franceinfo: sport
L’attente est d’autant plus grande que pour sa première expérience aux commandes d’une équipe féminine, Hervé Renard récupère les rênes d’une des meilleures sélections mondiales. Mais pas de quoi inquiéter Patrice Lair : "Il va arriver dans un groupe avec beaucoup de qualités, chez les jeunes comme chez celles qu’il va faire revenir. Il y a un potentiel, et son profil est intéressant."
Hervé Renard possède en effet une solide expérience du niveau international et du fonctionnement des sélections, lui qui a entraîné cinq sélections différentes (Zambie, Angola, Côte d’Ivoire, Maroc, Arabie saoudite) chez les hommes ces quinze dernières années. Il pourra également s’appuyer sur son adjoint, Eric Blahic, déjà présent dans le précédent staff, qui connaît le groupe et son fonctionnement. "Il va l’aider pour être tout de suite capable de gérer son effectif", assure Patrice Lair. Et s'adapter le plus facilement possible à ce nouvel environnement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.