Equipe de France : découvrir les joueuses, préparer la Coupe du monde en quatre mois... Les défis qui attendent Hervé Renard
La nouvelle est désormais officielle. Hervé Renard est bien le nouveau sélectionneur de l'équipe de France féminine de football. Il a été nommé, jeudi 30 mars, par le Comité exécutif de la Fédération française de football (FFF). Âgé de 54 ans, il remplace Corinne Diacre, remerciée le 9 mars dernier à la suite de la mise en retrait de plusieurs joueuses. L'ancien sélectionneur de la Zambie, de l'Angola, de la Côte d'Ivoire, du Maroc et de l'Arabie saoudite aura de nombreux défis à relever dans son nouveau rôle.
Appréhender les spécificités du football féminin
Malgré sa longue expérience de sélectionneur - il a officié dans cinq pays différents -, Hervé Renard est un novice dans le monde du football féminin contrairement à Gérard Prêcheur (PSG) ou Sonia Bompastor (Lyon), cités un temps pour le poste. Le sport reste évidemment identique même si "on ne gère pas les garçons comme on gère les filles", avertit Laurent Nicollin, le président de Montpellier dont l'équipe féminine est cinquième de D1 Arkéma. "On ne leur parle pas de la même façon, il y a des codes à prendre. Il y a des spécificités au sport féminin, comme des filles qui sont moins en forme pendant leurs règles. Il faut savoir en tenir compte, si elles sont moins bien physiquement."
Au-delà des différences qui peuvent exister entre le football féminin et masculin, c'est surtout la connaissance de l'environnement, des joueuses françaises mais aussi internationales que l'ancien entraîneur de Lille doit rapidement appréhender. Pour cela, Hervé Renard sera accompagné par Eric Blahic qui était l'assistant de Corinne Diacre entre janvier 2020 et juin 2021 et apprécié des joueuses tricolores. Il avait décidé de quitter son poste car il ne s'y retrouvait "ni sportivement ni humainement", comme il l'avait expliqué à Ouest-France. "Hervé Renard va pouvoir s'appuyer sur des adjoints qui connaissent le foot féminin depuis un moment, qui connaissent les joueuses et l'ambiance, et lui va forcément créer une dynamique en interne et amener ses idées, nous confie Marinette Pichon, ancienne meilleure buteuse de l'histoire des Bleues (81 réalisations). Le fait qu'il quitte la sélection saoudienne pour se mettre à disposition de l'équipe de France montre qu'il a envie de franchir un cap avec les joueuses." Laurent Nicollin se montre lui aussi optimiste : "Il va falloir être très réactif mais je pense que c’est quelqu'un de très compétent qui va y arriver"
Préparer la Coupe du monde en urgence
Le Mondial, c'est déjà demain. Hervé Renard dispose de moins de quatre mois pour préparer la Coupe du monde organisée en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août. Un délai particulièrement court qui n'offrira que très peu de marge de manœuvre pour tester plusieurs tactiques ou plusieurs joueuses différentes. "Par le passé, on a vu des sélectionneurs réussir à gagner de grandes compétitions en six mois. Il y a de l'espoir en ce sens", soulignait Eugénie Le Sommer dans les colonnes de L'Equipe. Un espoir partagé par Marinette Pichon : "On attendait peut-être de meilleurs résultats, mais Corinne Diacre a tout de même fait avancer ce groupe et Hervé Renard va avoir de la matière sur laquelle il peut s'appuyer, avec une équipe capable de jouer en 4-3-3 ou en 3-5-2, et un groupe de joueuses sélectionnables assez étoffé".
Hervé Renard va vite être plongé dans le grand bain. Le prochain rassemblement débute... lundi 3 avril, avec deux rencontres amicales contre la Colombie, le 7 avril à Clermont-Ferrand, et le Canada, le 11 avril au Mans. Ensuite, le prochain rassemblement sera celui de la préparation à la Coupe du monde avec deux nouveaux match amicaux : en Irlande, le 6 juillet, et en Australie, le 14 juillet. Il disposera donc, en tout et pour tout, de quatre matchs seulement en amont du Mondial, dont les deux derniers à moins de deux semaines de l'ouverture de la compétition.
Ressouder un groupe
Le mandat de Corinne Diacre, commencé en août 2017 et terminé dans le fracas début mars, a mis à mal l'unité de groupe de l'équipe de France. Déjà, cinq joueuses s'étaient mises en retrait des Bleues pour demander un changement dans le fonctionnement de la sélection. Les prises de parole de Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto, Kadidiatou Diani, Perle Morroni et Griedge Mbock ont eu pour conséquence le licenciement de la sélectionneuse. Les rappellera-t-il, et accepteront-elles de revenir ?
En outre, plusieurs joueuses cadres avaient été écartées de la sélection par l'ancienne sélectionneuse, parmi lesquelles Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Sarah Bouhaddi ou encore Gaëtane Thiney. Redeviendront-elles des prétendantes à une place, à moins de quatre mois de la Coupe du monde ?
Par ailleurs, le groupe tricolore n'a pas été épargné par l'affaire de l'agression de Kheira Hamraoui dont son ancienne coéquipière Aminata Diallo est suspectée d'en être la commanditaire. Le 22 février 2022, lors d'une victoire contre les Pays-Bas (3-1), Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani avaient célébré un but en rendant hommage à Aminata Diallo, pas encore mise en examen, alors que Kheira Hamraoui était assise sur le banc. Cette dernière avait d'ailleurs été rappelée par Corinne Diacre en février dernier, après un an sans sélection. "La cohésion du groupe, l'implication et le bien être de tout le monde, ce sera la priorité, assure Marinette Pichon. Le premier chantier à mener va être de s'assurer que les filles vont aller en équipe de France avec le plaisir et l’envie de se dépasser pour être performante à la Coupe du monde."
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