"Défilé" des Bleus à Clairefontaine : "Les équipementiers encouragent presque les footballeurs à se rapprocher des maisons de haute couture", confie un agent

L'équipe de France va débuter son rassemblement pour la Ligue des nations avec un "rituel" : l'arrivée au château de Clairefontaine avec des tenues haute couture, loin de passer inaperçues. Décryptage.
Article rédigé par Julien Froment
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le défenseur de l'équipe de France Jules Koundé, lors de son arrivée à Clairefontaine, en octobre 2024. (FRANCK FIFE / AFP)

C'est devenu un rendez-vous dans le rendez-vous... Désormais presque plus attendu que le premier entraînement prévu quelques heures plus tard. Chaque arrivée au château de Clairefontaine est l'occasion pour les joueurs de l'équipe de France d'arborer des vêtements stylisés, de grandes maisons de couture ou de marques naissantes qui recherchent de la visibilité. Cela tombe bien, les joueurs de l'équipe de France en offre par millions via leurs réseaux sociaux.

Friands de mode, les Bleus se prêtent au jeu avec ce défilé 2.0 - une cinquantaine de secondes pour sortir de la voiture, poser devant la presse agglutinée et monter la dizaine de marches du château de Clairefontaine - qui fait le bonheur des réseaux sociaux à chaque rassemblement. Décryptage avec l'agent d'images Frank Hocquemiller, co-fondateur de VIP Consulting, qui représente notamment les frères Lucas et Théo Hernandez.

franceinfo : Quel regard portez-vous sur ce "défilé" des joueurs à Clairefontaine, lors de leur arrivée au château ?

Franck Hocquemiller : Pour moi, ce n'est pas une évolution, c'est carrément une révolution ! À l'époque, il y avait Djibril Cissé, très porté mode, qui arrivait toujours avec des tenues très tendance. Cela s'est ensuite calmé puis c'est revenu récemment au goût du jour avec Jules Koundé. C'est lui le plus novateur en la matière. Je trouve que c'est une très bonne chose, on met en avant des marques, qui plus est souvent françaises, au niveau international.

Au début, ça a été beaucoup critiqué, maintenant, c'est beaucoup analysé et commenté. Cela casse aussi un peu les clichés autour des joueurs à qui on a reproché d'arriver en survêtement avec la capuche sur la tête. Cela ne donnait pas une image très clean, très classe... On est peut-être partis aujourd'hui dans des extrêmes, mais je pense que c'est une très bonne chose tant qu'on reste sur des tenues tendances et modes, et non des déguisements pour faire parler. Ces tenues de créateurs, c'est plutôt sympa, d'attendu désormais, et cela montre que les joueurs sont des influenceurs y compris de mode.

C'est, pour certains joueurs, cela semble être devenu une véritable démarche. De façon à montrer qu'ils ont d'autres loisirs que le football ?

Oui, même s'il faut rester focus sur l'objectif ! Quand vous arrivez à Clairefontaine, vous êtes là pour représenter votre pays dans des échéances qui sont parfois à très forts enjeux. Il ne faut pas oublier. Mais je trouve l'initiative très positive, excellente pour les marques et pour l'image des joueurs. On n'arrête de mettre ces derniers dans la case du footballeur qui ne sait que jouer au football et qui ne sait parler que de football... La mode est une passion commune, ils sont tous attirés par la mode. Je n'ai jamais croisé un joueur qui n'était pas intéressé par ce domaine !

Vous gérez l'image des frères Hernandez, Lucas et Théo. Ça compte aussi pour eux, ce rendez-vous ?

Bien sûr ! C'est vrai que cela a pris plus d'importance, même si ce ne sont pas les plus excentriques, ni les moins sobres... Enfin, je ne sais pas ce que vous en pensez ! C'est quelque chose, malgré tout, d'important et qui va être un sujet dans la semaine. Ce n'est pas la veille au moment de faire votre sac que vous y pensez. Vous y réfléchissez un peu... 

"Pour les frères Hernandez, c'est un sujet dans la semaine avant le rassemblement ! Des marques nous sollicitent, le joueur peut le faire aussi, si une tenue lui plaît particulièrement."

Frank Hocquemiller

à franceinfo

Les marques s'adressent alors aux agents pour nous faire des propositions. Et puis le joueur choisit en respectant ces engagements commerciaux. En effet, si le joueur est sous contrat avec un équipementier, il est de bonne figure d'arriver avec les baskets de la marque. Or, les contrats ont évolué depuis deux ans : avant, les marques de mode étaient interdites et vues comme des concurrentes. Aujourd'hui, ce sont les premiers à être ravis quand un de leurs joueurs signe chez un grand couturier. Ils y voient justement une personne qui n'est plus simplement un footballeur. Les équipementiers encouragent presque le joueur à se rapprocher d'une maison de haute couture.

Comment ça se passe avec les marques : du sponsoring, un échange financier ?

Il existe en réalité trois cas de figure. Le premier cas est un prêt de la tenue, du type "je vous la prête, vous me la rendrez, c'est un prototype, on a besoin de la récupérer, on ne peut pas encore la vendre..." Deuxième cas de figure possible : "Tu la portes et, bien sûr, on est ravis de te l'offrir, c'est la moindre des choses". L'exposition de la tenue va faire parler, faire quelque part de la publicité... Et enfin, dernier cas, cela peut déclencher des contrats, mais cela prend un peu plus de temps. Dans le cas par exemple de Jules Koundé avec la maison Jacquemus, il a mis beaucoup de tenues de différents couturiers, avant que Jacquemus ne lui fasse en effet faire une campagne.

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