Cet article date de plus de huit ans.

Euro 2016 : huit erreurs à ne pas commettre pendant le stage de préparation

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
Le sélectionneur de l'équipe de France de football Didier Deschamps arrivant à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), au premier jour du stage préparatoire des Bleus en vue de l'Euro, le 17 mai 2016. (MAXPPP)

Alors que l'équipe de France entame sa préparation pour l'Euro 2016, francetv info revient sur les péripéties malheureuses que les Bleus ont déjà vécues pendant cette période toujours délicate à gérer.

Cette fois, les choses sérieuses commencent pour les joueurs de l'équipe de France de football. A trois semaines de l'Euro, ils sont regroupés depuis mardi 17 mai à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) pour un stage préparatoire de cinq jours, avant de rallier Clairefontaine. Pour le sélectionneur Didier Deschamps commence une période délicate, potentiellement génératrice de tensions, de problèmes et de ridicule. Voici huit pièges à éviter pour arriver sans encombre jusqu'au 10 juin, date du premier match des Bleus contre la Roumanie.

Désigner les titulaires pendant le stage

Avec la méthode Deschamps, les 31 Bleus sélectionnés savent déjà qui sont les 23 qui disputeront l'Euro, et qui sont les huit qui – sauf appel de dernière minute – le suivront depuis leur canapé. En revanche, personne ne sait encore qui sera titulaire lors du premier match. Pour le sélectionneur, annoncer pendant le stage à un joueur qu'il est considéré comme remplaçant est toujours un pari risqué, comme le prouve l'exemple de Dominique Baratelli.

En 1982, l'expérimenté gardien de but du PSG sort d'une saison exceptionnelle. Il est naturellement convoqué dans le groupe français pour disputer le Mondial en Espagne, et tout le monde le voit comme le titulaire légitime. Mais en plein stage à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), le sélectionneur Michel Hidalgo lui annonce que c'est Jean-Luc Ettori, jeune gardien habitué à cirer le banc des Bleus, qui sera titularisé. Vexé, le portier parisien claque la porte du stage. Il finit par revenir, mais traîne sa mauvaise humeur pendant tout le Mondial en Espagne, contribuant à l'ambiance lourde qui pèse dans le vestiaire français, comme l'explique Old School Panini.

Se laisser dépasser par les caprices des stars

La concurrence entre gardiens de but n'est pas une source de problèmes à négliger. En 2006, à Tignes, Grégory Coupet savait, avant ce stage en Savoie, qu'il serait numéro 2 pendant la Coupe du monde en Allemagne, derrière Fabien Barthez, et ce même s'il se pense plus légitime."Soit Domenech a subi le poids des anciens, soit Barthez a menacé de ne pas venir en Allemagne s’il était gardien numéro 2", estime un Coupet remonté comme une pendule, dans son livre Arrêt de jeu (éd. du Rocher). Il vit la situation d'autant plus difficilement que le "divin chauve" multiplie les caprices.

Grégory Coupet et Fabien Barthez, le 25 mai 2006 lors d'un entraînement à Tignes (Savoie). (PASCAL PAVANI / AFP)

Lors de la traditionnelle ascension en altitude de Tignes, Fabien Barthez décide ainsi de rebrousser chemin après seulement dix minutes de marche, prétextant "une douleur à un mollet". Au bout de la journée, les joueurs doivent tous se retrouver à l'hôtel pour partager un verre. Là encore, Barthez refuse de venir. Grégory Coupet, ulcéré, s'emporte alors contre l'entraîneur des gardiens, Bruno Martini, en lui tendant une bière : "Tiens Bruno, même si je te déteste, je t’offre un coup à boire". Puis il s'en prend à Raymond Domenech, lui reprochant d'autoriser Barthez à "ne pas respecter le collectif".

Hors de lui, le gardien lyonnais quitte le stage sur le champ. A bord de sa voiture qui s'éloigne de Tignes, il change finalement d'avis, fait demi-tour et s'isole avec le sélectionneur. "Pour vous, c’est qui le meilleur ?" hurle le joueur. Raymond Domenech lui répond timidement : "C'est toi le meilleur...". Malgré ça, Grégory Coupet traînera son mal-être de remplaçant pendant tout le Mondial, participant à la décrédibilisation progressive du sélectionneur des Bleus.

Ignorer le passé médical des joueurs

L'ascension de Tignes, moment fondateur en 1998, a été le théâtre d'un nouvel épisode dramatique en 2010. Le 19 mai, en pleine montée du glacier de la Grande Motte, Lassana Diarra est victime de violentes douleurs abdominales. Il est redescendu en urgence à l'hôtel. Après analyse, on apprend que le joueur souffre de drépanocytose, une maladie du sang d'origine génétique, qui empêche ceux qui en souffrent de fournir des efforts en haute altitude.

Raymond Domenech discutant avec Lassana Diarra, au lendemain de son malaise en altitude, le 20 mai 2010 à Tignes (Savoie), lors du stage préparatoire à la Coupe du monde en Afrique du Sud. (FRANCK FIFE / AFP)

Raymond Domenech décide alors de renvoyer Lassana Diarra du stage, le privant du Mondial en Afrique du Sud, en évoquant "une maladie imprévisible qui justifie du repos pour une période indéterminée". Mais comme l'explique alors Libération, le mal du milieu de terrain n'était pas si "imprévisible". Son club d'alors, le Real Madrid, savait en effet qu'il était atteint de cette maladie, et le fait immédiatement savoir dans la presse, remettant en question le sérieux du staff médical des Bleus.

Oublier d'embaucher un dentiste

Certaines péripéties médicales sont, en revanche, réellement imprévisibles. En 2010, année maudite, les Bleus passent quelques jours de stage en Tunisie, avant de s'envoler pour l'Afrique du Sud. William Gallas est pris d'une violente rage de dents. Un dentiste tunisien est appelé en urgence, mais le défenseur français refuse qu'il le soigne.

Selon Le 10 Sport, la fédération débourse alors 25 000 euros pour faire venir le dentiste personnel de Gallas en jet privé. L'information n'est révélée qu'en juillet, quelques semaines après la piteuse élimination des Bleus lors du Mondial 2010. Les dentistes tunisiens, humiliés, s'en prennent publiquement au défenseur français. Mais c'est surtout l'image des Bleus, déjà piétinée en France, qui souffre un peu plus.

Prévoir des activités extrêmes

Pour les joueurs, le stage préparatoire est une période génératrice d'ennui. En dehors des entraînements, ils n'ont souvent le choix qu'entre regarder des DVD et jouer au billard. Les sélectionneurs sont alors tentés de leur aérer l'esprit en prévoyant des activités extérieures. Mieux vaut toutefois éviter des occupations trop extrêmes.

En 2010 à Tignes (encore), William Gallas (encore !) a par exemple raté un virage lors d'une course de buggy. Déjà blessé au mollet, le joueur est sorti du véhicule en se tenant le bras, comme le raconte Le Parisien. Il s'en sort avec quelques égratignures, mais fait une grosse frayeur à Raymond Domenech. "Quel con !", avoue avoir pensé tout haut le sélectionneur.

Garder un blessé incurable

C'est devenu la principale crainte des sélectionneurs pendant un stage préparatoire : le joueur majeur qui se blesse et ne parvient jamais à revenir. Le traumatisme le plus marquant reste celui de Zinédine Zidane en 2002, qui se fait une élongation à la cuisse gauche, lors d'un match préparatoire, à deux semaines du début du Mondial en Corée du Sud. Roger Lemerre, le sélectionneur, ne peut se résoudre à se séparer de son maître à jouer.

Zinédine Zidane soigné pour une blessure à la cuisse, lors du match amical France-Corée-du-Sud à Suwon (Corée-du-Sud), le 26 mai 2002. (PATRICK HERTZOG / AFP)

Le numéro 10 des Bleus reste dans le groupe, entretenant un feuilleton médiatique mortifère, selon le patron des Bleus cité par L'Equipe"C'est une grosse faute de ma part. Quand tu sélectionnes les 22 meilleurs joueurs, tu ne peux pas focaliser l'attention sur un seul qui n'est pas en état de jouer. Parce que les autres ont le même ego. (...) Je me suis dit alors : 'Roger, ton groupe est mort.'" Zidane joue quand même, sur une jambe, le dernier match des Bleus contre le Danemark, mais ne parvient pas à empêcher l'élimination de la France.

L'erreur est répétée en 2008 par Raymond Domenech. Patrick Vieira se blesse à quelques jours de l'ouverture de l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche. Là encore, le sélectionneur des Bleus n'ose pas écarter le grand architecte de la campagne de 2006, conclue en finale de la Coupe du monde. Vieira, lui, veut s'injecter de l'Actovegin, remède à base de sang de veau, sur les conseils du médecin du Bayern Munich, comme le rappelle Eurosport. Le staff médical des Bleus refuse, et Vieira dénonce "des incohérences" en conférence de presse. Le milieu de terrain ne jouera pas un match de cet Euro raté, au cours duquel les Français sont balayés dès le premier tour.

Inviter un élément extérieur plus légitime que vous

Le stage préparatoire, ce n'est pas que répéter des combinaisons et faire des footings en forêt. Il s'agit aussi de travailler les ressources mentales. Pour ce faire, en 2010, à deux semaines du Mondial, Raymond Domenech avait convié à Tignes Claude Onesta, sélectionneur de l'équipe de France de handball auréolé de gloire. Objectif : qu'il communique aux Bleus sa soif de vaincre.

L'initiative tourne au vinaigre"Les joueurs l'ont reçue comme 'le mec vient nous parler de la gagne et de l'état d'esprit de la gagne, mais notre sélectionneur lui n'a rien gagné', se souvient François Manardo. Ils se sont demandé si ce n'était pas pour combler un manque, une faille. En plus, les deux fois, Raymond n'est pas intervenu." Le principe de l'intervenant extérieur est resté, mais après le cataclysme du bus de Knysna, l'accent a été mis sur l'amour du maillot avec des invités comme Zinédine Zidane ou Raymond Kopa lors de la campagne de qualification des Bleus pour l'Euro 2012.

Tenir les femmes des joueurs à l'écart

Le débat est aussi vieux que le football. Faut-il interdire aux joueurs de voir leurs femmes pendant la préparation, pour qu'ils "gardent leur influx" ? Ou faut-il leur permettre de décompresser avec leurs compagnes ?  En 2010, Raymond Domenech opte pour une solution médiane : les femmes des joueurs les rejoignent lors du stage en Tunisie, mais sont tenues à l'écart.

Les femmes des joueurs de l'équipe de France, en marge du match amical Tunisie-France, le 30 mai 2010 à Radès (Tunisie). (FRANCK FIFE / AFP)

Les compagnes sont particulièrement remontées contre la mesure, et ne se privent pas de le faire savoir publiquement pendant le Mondial. Devant le triste spectacle proposé par les Bleus sur le terrain, l'une d'elles s'exclame : "Mais regardez-moi ces chèvres. Ils ne courent même pas ! Et dire qu'on n'a pas été autorisées à niquer avec nos maris parce qu'il ne fallait pas les fatiguer avant le match !"

Sur ce point, on peut d'ores et déjà faire confiance à Didier Deschamps pour éviter ce type de désagrément. En 2014, en pleine Coupe du monde au Brésil, il avait offert à ses joueurs une nuit avec leurs compagnes, une fois la phase de poule terminée avec succès.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.