Euro 2016 : qui est vraiment Thomas Müller, la star de l'équipe d'Allemagne ?
Cet attaquant aime les barbecues, est allergique à la musculation et adore l'odeur du chien mouillé mêlé au bon air des Alpes. Portrait du "plus mauvais meilleur joueur du monde", qui n'a pour l'instant pas marqué le moindre but dans cet Euro.
"Je ne comprends pas tout ce qu'il fait sur le terrain", avoue Joachim Löw, le sélectionneur allemand. Son meilleur attaquant, Thomas Müller, est passé maître dans l'art d'être imprévisible. Aux dépens des défenses adverses, mais parfois aussi de son équipe nationale. Irrésistible en Coupe du monde en 2014 (10 buts), le joueur du Bayern n'a pas marqué le moindre but lors de cet Euro 2016. Une anomalie à réparer, pourquoi pas lors du quart de finale face à l'Italie, à Bordeaux, ce samedi 2 juillet.
S'il était un animal
Ce serait sans doute une anguille. L'attaquant, pardon, le Raumdeuter du Bayern, ne se vexe pas d'être surnommé "l'homme sans muscles". "J'ai essayé [la musculation], mais mes muscles ne grossissent pas", a-t-il confié au magazine américain Eight by eight (en anglais). Ce qui présente un avantage indéniable : "J'ai un excellent équilibre, ce qui est tout aussi important", explique-t-il dans Stern (en allemand). Effectivement, on le voit souvent trébucher dans les défenses adverses tout en réussissant à poursuivre sa course.
S'il était un oxymore
Celui inventé par le spécialiste du foot allemand Raphaël Honingstein : "Le plus mauvais meilleur joueur du monde". Car si la dégaine et le style de jeu de Müller ne sont pas forcément les plus spectaculaires, il figure dans le top 5 des meilleurs joueurs de la planète. Le Bayern Munich a refusé des offres à plus de 100 millions d'euros de la part de clubs rivaux. "Il n'est pas à vendre, point", a repoussé Karl-Heinz Rummenigge, président du conseil d'administration du club. Et la place de titulaire de Müller n'est plus en discussion au Bayern depuis le passage de Louis Van Gaal sur le banc du club (entre 2009 et 2011). Le coach néerlandais a tonné : "Dans mon équipe, Müller joue toujours."
S'il était un sujet du bac philo
"Qu'est-ce qu'un Raumdeuter ? " Vous avez quatre heures. C'est comme ça que Thomas Müller a répondu quand il a défini son poste. Ni attaquant, ni faux n°9, ni trequartista, ni ailier, mais "Raumdeuter" (en allemand), "interpréteur d'espace" (ou "l'homme qui prend les espaces", selon d'autres interprétations). Ce qui a occasionné un torrent de commentaires savants, comme celui du Guardian (en anglais), expliquant que l'espace était la dernière denrée rare dans un football cadenassé.
Au fait, Thomas Müller a décroché son bac, mais est tout heureux d'avoir percé ballon au pied. "Je ne savais vraiment pas quoi faire d'autre", a-t-il reconnu.
S'il était une destination touristique
Ce serait sans doute la Bavière. Depuis sa naissance en 1989, il use ses fonds de culotte à Pähl, petit village de campagne situé à 30 km de Munich. Sa famille y vit toujours (et sa grand-mère lui allume une petite bougie à chaque fois qu'il joue). Quand on lui demande quelle est sa chanson préférée, il évoque invariablement Stern des Südens, l'hymne du Bayern. Le maillot qu'il garde précieusement dans sa collection ? Celui de Giovane Elber, attaquant... du Bayern au début des années 2000, quand le jeune Müller n'était qu'un simple ramasseur de balles. Et quand il part en vacances, Thomas Müller ne part pas à Ibiza ou à Miami comme le footballeur moyen, mais dans les montagnes de l'Autriche ou du nord de l'Italie, "comme ça on peut emmener nos deux chiens avec nous". Regardez cette photo de couverture d'un magazine japonais, tout est dit :
S'il était une activité de plein air
On a affaire à un expert ès barbecues, qui a donné une interview à Original (en allemand), le magazine du fabricant de grills Weber, après que les responsables de la marque se sont rendu compte que le joueur avait suivi des cours dans leur Grill Académie. "Avant, je n'aurais jamais pensé à déplacer les braises d'un côté à l'autre du barbecue. Mais ça change tout. Avec un peu de temps en cuisson indirecte, la viande est vraiment plus tendre", explique Thomas Müller. Il dispose de plusieurs modèles, un au gaz, un au charbon, mais sachez que le second a sa préférence : "Quand je reçois, j’essaie naturellement de faire du mieux possible. Pour qu’on vienne ensuite me taper sur l’épaule de contentement."
S'il était un verbe
Ce serait forcément "müllern". Un mot-valise inventé pour résumer la façon de jouer de Thomas Müller qui marque des buts du tibia dans des angles improbables. "Je comprends que beaucoup aient du mal à me définir comme joueur, reconnaît l'intéressé dans le Guardian (en anglais). Ils disent : 'Impossible, comment a-t-il fait ?'" Thomas Müller affiche un étonnant second degré sur son image. Son site officiel s'appelle "Es müllert wieder", que l'on peut traduire par "ça müllère encore".
S'il était un chiffre
Il serait le 13, le numéro qu'il porte en club comme en sélection. Un numéro porte-bonheur que détenait avant lui un autre Müller, Gerd, le renard des surfaces de la sélection allemande et du Bayern, surnommé "Der Bomber" dans les années 1970. Les deux joueurs ont partagé l'affiche d'un spot publicitaire assez drôle pour la société Müllermilch, littéralement, "le lait des Müller".
Autre chiffre : Thomas Müller porte en effet le prénom ET le nom les plus répandus en Allemagne, où on compte 50 000 Thomas Müller. Et s'est prêté de bonne grâce au jeu dans un documentaire intitulé Wer ist Thomas Müller ? (en allemand), radioscopie de l'Allemagne basée sur les interviews de dizaines de personnes portant ce nom.
S'il était une boisson
Furchtbar ! Ce ne serait pas une bonne Pils, la bière bavaroise, mais un verre de vin. Ce qu'il apprécie particulièrement après un match, avec des pâtes aux truffes cuisinées par son épouse. "Je ne m'impose pas de plan nutritionnel très strict, explique-t-il dans Stern (en allemand). Mis à part les semaines avec trois rencontres, je peux m'accorder deux verres de vin après un match, sans problème. Mais si j'ai pris un coup sur la cheville, pas d'alcool. Cela ralentit la récupération."
S'il était un personnage de cirque
Le clown, assurément. Quand Angela Merkel pose dans le vestiaire avec la Mannschaft, tous les joueurs prennent une attitude à peu près digne, sauf... Thomas Müller évidemment. Le joueur a déjà fêté un but à l'entraînement avec un mégaphone, ou dansé (comme une chaussette) en culotte de peau bavaroise après un titre. Et s'il avait été acteur, il aurait adoré jouer dans Mr Bean. Tout pour le show, tant qu'il est au boulot. Car après... "Quand j'enlève le maillot du Bayern, je bascule dans la sphère privée."
S'il était une voiture
Oubliez son Audi de fonction, la voiture la plus spectaculaire chez les Müller, c'est le camion de 15 tonnes dont se sert Mme Müller, Lisa, pour transporter les chevaux qu'elle élève. Chez les Müller, Madame n'est pas une Wag (Europe 1 vous explique le concept ici) attendant son mari à la maison entre une séance de shopping et une soirée en boîte –"trop bruyant, les cocktails sont nazes et on étouffe, ça ne me dit vraiment rien", explique-t-elle à la Süddeutsche Zeitung (en allemand). Au contraire, Lisa est tellement prise par ses poulains qu'elle ne se déplace que rarement pour les grandes compétitions internationales de son mari. Notez qu'elle possède le permis camion, contrairement à Thomas.
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