Cet article date de plus de deux ans.

FC Barcelone : une "situation désastreuse", "une dette de 1,3 milliard d'euros"… Ce qu'il faut retenir des résultats de l'audit sur les finances du club

La nouvelle direction du FC Barcelone a présenté mardi les premières conclusions de son enquête interne sur la situation économique du club. "La réalité a surpassé tout ce que nous imaginions", a affirmé Joan Laporta.

Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Joan Laporta, le président du FC Barcelone, lors d'une conférence de presse présentant l'audit sur les finances du club catalan, le 1er février 2022 (LLUIS GENE / AFP)

Une foule de chiffres invraisemblables et des attaques juridiques graves. Le FC Barcelone a choisi de laver son linge sale en public et de frotter fort. La nouvelle direction, autour de Joan Laporta, a présenté mardi 1er février son enquête sur la situation du club à l'issue du mandat de Josep Bartomeu, qui a démissionné le 27 octobre 2020.

Cet "exercice de responsabilité", comme l'a qualifié Laporta, intervient quatre jours après l'ouverture d'une enquête par la justice espagnole, et dépeint un club catalan en proie à une situation particulièrement grave. "La réalité a surpassé tout ce que nous imaginions, la situation était désastreuse" a-t-il assuré.

Des chiffres alarmants confirmés

Le vice-président économique, Eduard Romeu, a livré davantage de détails sur la situation financière. "Nous avons une dette de 1,3 milliard d'euros", a-t-il débuté avant d'énumérer les différentes causes de cette dette, entre salaires encore à verser (389 millions d'euros) ou encore 80 millions d'euros de litiges que le Barça ne voit pas tourner en sa faveur.

"Ces deux dernières saisons nous avons perdu 600 millions et seulement 135 correspondent aux conséquences du Covid-19", a poursuivi Eduard Romeu. Le dirigeant a pointé deux dossiers "brûlants" : "Les dettes à court terme, c'est un premier incendie, ensuite, nous avons un autre problème, il n'y a plus de liquidités." Après trois premiers mois sans devoir payer cette dette, la nouvelle direction du club a expliqué avoir dû contracter un nouveau prêt pour rembourser les ardoises trouvées à leur arrivée.

Le Barça a surpayé ses joueurs... et leurs agents

Grâce aux efforts de plusieurs cadres du vestiaire (Piqué, Busquets ou Alba notamment) mais aussi au départ de Lionel Messi vers le PSG, le club a pu économiser 159 millions d'euros sur sa masse salariale en dix mois. Pour le président Joan Laporta, le Barça vivait très largement au-dessus du marché. "La masse salariale du club était supérieure de 40% à la moyenne de nos concurrents", a-t-il lâché. "Nous avons surpayé les salaires d'une manière qui n'est pas durable. Ce qui est difficile, c'est que nous avons dû renégocier avec les joueurs."

Corolaire à ces rémunérations XXL, le club catalan peinait ensuite à se séparer de ses joueurs sur le départ, les clubs acheteurs étant incapable de s'aligner sur ces salaires. Par ailleurs, Jaume Campaner, avocat en charge de l'audit, a dénoncé les commissions offertes aux intermédiaires lors des transferts. Si elles "sont habituellement proches de 5%", "des commissions de 33% ont été détectées". "Une entreprise est notamment née uniquement pour facturer le FC Barcelone. Dix millions de commissions ont été versées après la clôture de la signature d'un joueur", a raconté Jaume Campaner.

Paiements "injustifiés", "détournement", "falsification"

Joan Laporta et Jaume Campaner ont exposé la liste des irrégularités découvertes lors de cette enquête interne, requise par la nouvelle équipe dirigeante, et qui pourrait donner lieu au prochain grand feuilleton judiciaire du monde du football. Outre les salaires et les commissions, certains paiements ont été qualifiés "d'injustifiés" par l'avocat du dossier, qui a parlé d'"administration déloyale" et de "détournement".

Jaume Campaner a évoqué une transaction qui avait déjà fait réagir à son officialisation : le montage financier autour de l'échange entre Miralem Pjanic et Arthur, avec la Juventus Turin en 2020. Alors qu'une enquête a déjà été ouverte en Italie, Jaume Campaner parle d'une "entorse délibérée" concernant la valeur réelle des deux joueurs. "Il en résulte des avantages comptables artificiels. C’est un délit de falsification comptable."

Arthur (à gauche) et Miralem Pjanić (à droite) (MAXPPP)

L'avocat a également avancé des faits de détournements de fonds, dont une somme de 15 millions d'euros versée à un club pour "simuler un droit de préemption qui n'a rien à voir avec la réalité". Joan Laporta a surenchéri, assurant que des dépenses ont été cachées aux organes de contrôle interne du club. "Ce que nous avons dénoncé, ce sont des faits incontestables, des opérations de paiement sans objet, disproportionnées". Désormais, "le bureau du procureur doit déterminer : savoir si ces comportements sont un crime." Le FC Barcelone a assuré que l'intégralité des documents, une pile épaisse présentée sur une table lors de la conférence de presse, a été transmise à la justice.

"Des comportements grotesques", les anciens patrons du Barça attaqués de toute part

Si l'avocat Jaume Campaner a expliqué que l'audit et sa présentation n'avaient pas pour but de "qualifier de meilleure ou de pire la gestion de la direction antérieure", le spectre des années Bartomeu a flotté durant l'heure et demie de la conférence. "Ce fardeau qu’ils nous ont laissé est très lourd et quelqu’un doit prendre ses responsabilités, mais il ne sera résolu par personne d’autre que nous-mêmes, a lâché le président Joan Laporta. Nous n’avons aucun rapport avec ces événements et ne voulons pas en être tenus responsables. Je n’ai aucun intérêt à ce que quelqu’un soit blessé, mais ils devront répondre de leurs actes s’ils ont commis des délits."

"Nous avons fait cette enquête parce que les membres du club ont le droit de connaître les actions qui l'ont conduit à la ruine, et parce que nous ne voulons pas être complices de ces actions" a-t-il conclu. Laporta.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.