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Football : la lente descente aux enfers du RC Lens

Plombé par les soucis de son actionnaire azerbaïdjanais, le club artésien est au bord du gouffre.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les joueurs du RC Lens se plaignent auprès de l'arbitre après le carton rouge donné à Jean-Philippe Gbamin, le 17 octobre 2014 au Stade de France (Seine-Saint-Denis), lors du match Lens-PSG. (MARTIN BUREAU / AFP)

Sur l'affiche en noir et blanc, Hafiz Mammadov sourit, le pouce levé, un maillot du Racing Club de Lens à la main. Mais le visage de l'actionnaire majoritaire du club artésien est barré d'une cible rouge. "Un club centenaire détruit par un milliardaire", peut-on lire en guise de commentaire sur ce visuel des Red Tigers, un groupe de supporters très remonté contre l'homme d'affaires azerbaïdjanais.

Leur colère est compréhensible. Depuis l'été, le club, bon dernier de Ligue 1 au moment de recevoir Metz samedi 29 novembre, lutte pour sa survie. Sa montée en Ligue 1, acquise sur le plan sportif, lui a d'abord été refusé par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme financier du football français, faute de garanties financières suffisantes sur son budget. C'est finalement l'arbitrage du Comité national olympique sportif français qui a permis à Lens de démarrer la saison dans l'élite, avec tout de même une interdiction de recrutement. Un handicap supplémentaire alors que le club doit jouer à Amiens (Somme) cette saison, à cause des travaux du stade Bollaert.

"Mammadov ne peut plus soutenir le club"

Mais il manque toujours 4 millions d'euros au club pour boucler son budget. Hafiz Mammadov n'a versé que 1,5 million d'euros pour le moment. Malgré l'optimisme à toute épreuve du président Gervais Martel, les derniers développements de ce feuilleton ne sont guère rassurants. En visite en France, le ministre des Sports azerbaïdjanais a confirmé officiellement, mercredi 26 novembre sur RMC, que Mammadov ne pouvait "plus soutenir le club". "J'ai entendu qu'il avait fait banqueroute mais je ne suis pas impliqué, vous savez", a-t-il ajouté.

Jeudi, le club devait être auditionné une nouvelle fois par la DNCG, pour présenter les preuves du virement de 4 millions d'euros afin d'obtenir la levée de l'interdiction de recrutement prononcée début août. Mais le club a demandé, et obtenu, un report de quinze jours. Officiellement, ce sont les déclarations du ministre azerbaïdjanais qui ont provoqué ce report, assure Gervais Martel sur le site du club. Or, une source à la DNCG a indiqué mercredi à l'AFP que cette demande avait été faite "il y a quelques jours", avant les déclarations du ministre.

"J'en veux plus à Martel qu'à Mammadov"

Dans tous les cas, ce report indique surtout que le RC Lens n'a toujours pas reçu les 2,5 millions d'euros manquants, que Gervais Martel avait annoncés pour le 20 novembre. Une énième promesse en l'air qui commence à agacer les supporters, comme le montre ce post Facebook qui recense les déclarations du président. "J'en veux plus à Martel qu'à Mammadov, explique à francetv info Cédric Pharisien, ancien leader du groupe de supporters North Devils et auteur du post. Cela fait un an que l'on sait qu'il a des difficultés financières. Martel a budgétisé 48 millions d'euros en début d'année alors qu'il savait très bien qu'il ne les aurait pas."

Le président du RC Lens, Gervais Martel (à gauche), et l'actionnaire principal du club, Hafiz Mammadov, le 26 mars 2014 à Monaco. (  MAXPPP)

En difficulté, le président historique du club a réuni jeudi soir les représentants des supporters au centre d'entraînement de la Gaillette pour une réunion de crise. L'hypothèse d'un dépôt de bilan a été évoquée. "J'irai jusqu'au bout et si le club coule, je coule avec", a lâché Gervais Martel selon L'Equipe.

"On est dans le dur partout"

L'Etat azerbaïdjanais semble être le dernier espoir du club et de son président. "On est dans le dur partout, aussi bien sur le plan sportif que financier. Mais on n'est pas largués, il reste de l'espoir. On va trouver une solution dans les jours qui viennent et l'Etat azerbaïdjanais assurera le relais", a déclaré Gervais Martel vendredi. La semaine prochaine, il doit se rendre à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, pour trouver une solution.

Un optimisme que tout le monde ne partage pas. "Depuis le mois de juin, on nous dit tous les quinze jours que l'argent va arriver, se désole Cédric Pharisien. Cela confirme les propos de Richard Olivier, le président de la DNCG." "Lens ira-t-il au bout de la saison ? s'interrogeait ce dernier dans les colonnes de L'Equipe. Je ne le crois pas, malheureusement. Les faits nous ont toujours donné raison."

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